Super Mommy

Après avoir mis le feu au pensionnat dans lequel il étudiait, Steve (Antoine-Olivier Pilon), un jeune délinquant, retourne au foyer vivre avec sa mère Diane (Anne Dorval). Leur relation, intense et extrêmement éprouvante, sera grandement influencée par la venue dans leur quotidien d’une voisine en année sabbatique (Suzanne Clément) qui a énormément de difficulté à s’exprimer. «Il n’y a pas d’œuvre, il n’y a que des auteurs», disait François Truffaut. La signature de Xavier Dolan crève les yeux dans ses films.

L’enchaînement des séquences peut paraître à certains moments forcé, comme si tout avait été ultimement orchestré pour servir l’injustice vécue par un personnage, au détriment de la plausibilité. Par exemple, on sent bien qu’il dessine volontairement des personnages pathétiques avec mépris, en leur accordant des traits grossièrement caricaturaux. Ce n’est pas juste pour les antagonistes! D’autant plus qu’on a de la difficulté à concevoir l’intérêt du personnage de Suzanne Clément dans son intrusion au sein de la famille dysfonctionnelle, parce qu’il nous manque des détails sur sa propre intimité.

Xavier Dolan étant ce qu’il est, les spectateurs seront continuellement déstabilisés par l’arrogante audace du cinéaste qui ne manque jamais de surprendre grâce à la spontanéité de ses personnages. Anne Dorval, Suzanne Clément et Antoine-Olivier Pilon crèvent l’écran, en offrant tous des compositions inoubliables dans des rôles très exigeants. La chimie entre les trois acteurs est fascinante.L’intransigeance du style de Dolan peut paraître insultante pour plusieurs spectateurs.Ses films ne sont pas des propositions, mais plutôt des impositionsféroces de sa mentalité.

La grande ambition du cinéaste se mesure aux thématiques très difficiles et délicates qu’il aborde avec un grand manque de subtilité. Mais il s’investit à fond, il affiche une audace renversante et son résultat est d’une foudroyante efficacité. Essentiellement, Mommy c’est une mise en scène au service d’acteurs chevronnés. C’est le fruit d’un jeune cinéaste qui, malgré un admirable travail d’écriture, puise sa principale force dans sa relation avec ses acteurs. Malgré son très jeune âge, le fait qu’il réussisse à pousser ses comédiens aussi intensément dans leur rôle est absolument fascinant. On peut l’accuser d’être ésotérique ou même arrogant. N’empêche que Mommy est l’un des meilleurs films québécois de l’année et que Dolan n’a pas fini de se faire tarir d’éloges.

4/5

Mommy, Xavier Dolan, Québec (Canada), 139 minutes, en salles depuis le 19 septembre

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