Faire rire autrement | La transformation de l’humour au Québec

Les galas Juste pour rire ont longtemps été la seule manière pour les Québécois de découvrir les nouveaux humoristes, jusqu’à ce que la relève en décide autrement.

La nouvelle génération d’humoristes au Québec jouit d’une vitrine manifestement plus importante qu’auparavant, notamment grâce aux soirées d’humour laboratoires qui se multiplient dans la région de Montréal et les événements tels que le festival Zoofest, qui attirent des foules importantes. Ce phénomène récent dans le milieu traduit le désir de la relève de faire les choses différemment.

La diversité des événements offre un tremplin. C’est le cas pour Jérémy Du Temple-Quirion, qui anime depuis deux ans les Lundis de l’humour au bar Le Jockey. «Le festival Zoofest et les émissions d’humour comme En route vers mon premier gala Juste pour Rire ont donné beaucoup de visibilité à la relève», observe celui qui a également présenté sa première heure de matériel solo lors du dernier festival Zoofest.

Pour l’humoriste, il est sans équivoque que les générations antérieures n’ont pas eu droit à la même visibilité. «C’est fou ce qui se passe actuellement au Québec, admet-il. Particulièrement à Montréal: un humoriste peut se produire sur scène plus de dix fois par semaine s’il le souhaite». Exclusivement sur l’île, on dénombre à ce jour plus de vingt comedy clubs.

«C’est ce qui fait que les humoristes de la relève sont si bons», se réjouit-il. Les soirées mettant en vedette ces nouveaux venus sont d’ailleurs très populaires. «Chaque semaine, je suis surpris de voir autant de monde au Jockey. Mais ce n’est pas de la chance. Les humoristes travaillent fort», remarque-t-il.

Une démarche artistique

Julien Lacroix, qui anime depuis plus de deux ans les Mardis du rire au Barachico à Longueuil, est d’avis que l’humour stand-up des années 90 au Québec ne rejoint plus les jeunes comme avant. «Nous faisons les choses différemment. Nous ne sommes plus à l’époque des carrières comme Louis-José Houde ou Martin Matte, explique-t-il. Aujourd’hui, on ne fait pas un gala Juste pour rire, ensuite un one-man-show pour finalement être invité à Piment fort.» Par des capsules vidéo diffusées sur sa page Facebook, il tente de se faire inviter à l’émission depuis quelques semaines.

Julien Lacroix croit que la relève de l’humour adopte de nos jours une démarche plus «artistique». «Les humoristes créent leur succès de la façon qu’ils le veulent, avec la démarche qui leur convient le mieux», illustre-t-il.

«Lorsque j’ai commencé à faire du stand-up, les trois quarts des gens ne me comprenaient pas. Maintenant, mon humour décalé un peu anti-gags est ma marque de commerce», mentionne-t-il. Il croit également que le style de l’humour en lui-même a évolué au cours des dernières années. Selon Julien Lacroix, les jeunes d’aujourd’hui ont, tout comme les humoristes, cette envie de renouveau.

Loin d’être populaire

La relève humoristique québécoise reste une scène culturelle émergente, selon le chroniqueur des Lundis du rire au Baron Samedi, Antoni Rémillard. Les soirées d’humour permettent plutôt de se mettre en forme, d’après lui. «Les bars ne sont pas nécessairement gage de popularité. C’est plutôt de l’entraînement. C’est comme aller au gym», explique-t-il.

Il est néanmoins reconnaissant de la visibilité octroyée par les émissions d’humour et le festival montréalais de l’humour émergent. «Avant, la seule visibilité que la relève avait, c’était la révélation de l’année à Juste pour rire et aux Oliviers», conclut-il.

Pour les trois humoristes, il ne fait aucun doute que le milieu de l’humour se transforme et se rajeunit au Québec. Selon eux, l’omniprésence du web continuera à influencer les pratiques et à démocratiser la profession.

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