Vingt ans à la défense du vert

Architecte de plusieurs projets environnementaux mis en place à l’UQAM au fil de ses 20 ans d’existence, le Groupe de recherche d‘intérêt public (GRIP-UQAM) a eu un rôle de premier plan dans le développement d’une conscience sociale et écologique à l’Université.

Les stations de recyclages pullulent aujourd’hui dans les couloirs, la vaisselle réutilisable se retrouve dans la majorité des cafés et des jardins poussent sur les toits de plusieurs pavillons du campus. Ces initiatives sont le résultat du militantisme du GRIP-UQAM depuis sa naissance en 1994, une époque où l’UQAM était loin d’avoir le pouce vert.

«C’est simple, la conscience environnementale des instances de l’UQAM était nulle, zéro, se souvient Daniel Clapin-Pépin, représentant du corps professoral au comité environnemental de l’UQAM. Grâce au GRIP à titre de rassembleur, plusieurs causes environnementales ont pu être revendiquées auprès des instances universitaires.» Selon lui, malgré l’initiative de plusieurs groupes étudiants de l’époque, la présence d’une vision commune était manquante. Mis en place au milieu des années 90, le GRIP-UQAM subventionne des dizaines de comités qui oeuvrent dans le domaine social et environnemental (voir encadré).

Assis confortablement dans le local du Cercle des premières nations de l’UQAM (CPN), Gustavo Zamora Jimerez se remémore ses années de militantisme au GRIP-UQAM. Malgré ses quelques rides au front, le coordonnateur du CPN se souvient très bien de l’organisation des kiosques et la distribution de tracts qu’il effectuait parfois déguisé en grenouille pour attirer l’attention sur ses causes. Dédié surtout au soutien de comités et de causes militantes au sein de l’UQAM, le GRIP participait davantage à des campagnes aux enjeux plus larges, se souvient le coordonnateur. «Nous étions beaucoup en contact avec le réseau des groupes écologistes du Québec et impliqués au sein de campagnes au niveau national comme celle portant sur le recyclage.»

Bien que les débats environnementaux aient toujours eu leur place à l’Université du peuple, les enjeux ont changé depuis les débuts du GRIP, croit Gustavo Zamora Jimerez. «Avant, on ne parlait pas de la question des changements climatiques, ça n’existait pas encore», dénote-t-il. Selon lui, le recyclage, autrefois un enjeu de taille pour les groupes environnementaux, est maintenant une norme sur le campus. Grâce au GRIP, l’adoption d’une politique environnementale en 2004 par l’UQAM a été un point tournant alors que l’Université se donnait quatre ans pour recycler 65% de ses matières résiduelles. Le groupe avait contribué à l’avancement du projet en organisant notamment des consultations sous le nom d’UQAM Verte. «Une politique environnementale, c’est plus que la récupération du papier, ça touche à la gestion du verre, des plastiques, de l’aluminium, des déchets dangereux, à l’économie d’énergie, à la qualité de l’air qui circule dans l’Université. Ça nécessite des équipements», déclarait la coordonnatrice du GRIP-UQAM de l’époque, Sylvie Gougeon, au journal UQAM branché en 2004.

Même si l’UQAM a fait du chemin, les instances universitaires continuent de percevoir les problèmes environnementaux dans une perspective trop individuelle, pense la coordonnatrice des activités du GRIP, Catherine Sylvestre. «Sauver l’environnement, c’est global. C’est changer un système au complet et malheureusement l’UQAM ne se positionne pas en fonction de cela, déplore-t-elle. Elle n’est pas capable d’aller à la base des problèmes environnementaux». La militante reconnait toutefois que les subventions en provenance du Fonds vert, créé par l’UQAM en 2011, sont bénéfiques pour certains comités du GRIP. Deux d’entre eux ont notamment obtenu des bourses pour l’année 2013: le Collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable et le comité Aliments d’ici. Le Fonds vert serait doté d’un montant de 100 000$ versé par l’Université en 2011, selon le site Internet de l’UQAM. Dans les faits, une somme bien moindre aurait été accordée, soutient le professeur Daniel Clapin-Pépin. Il croit que l’UQAM est toujours à la traîne en ce qui concerne l’environnement comparativement aux autres établissements d’enseignements supérieurs. «Imaginez, l’Université de Sherbrooke a un vice-recteur responsable du développement durable, on est encore bien loin de ça à l’UQAM», s’indigne-t-il.

Même après 20 ans, le GRIP continue à encourager le développement d’une conscience environnementale et sociale sur le campus, croit la coordonnatrice des activités du GRIP, Catherine Sylvestre. «La force du GRIP, c’est vraiment d’amener une perspective environnementale aux problèmes sociaux.»

 

Historique des mesures environnementales mises en place à l’UQAM

1975: L’UQAM lance un programme de gestion de ses matières dangereuses.

1989: Implantation du programme de récupération du papier dans l’ensemble des pavillons de l’UQAM.

1993-1994: Naissance du GRIP-UQAM.

2004: Adoption de la Politique environnementale à l’UQAM.

2004: Début de la récupération multimatière (produits en verre, en plastique et en métal) dans les aires de restauration de l’UQAM.

2005-2006: Arrivée du compostage au pavillon des sciences.

2007-2008: Création d’un jardin alimentaire sur le toit du pavillon Design au 6e étage.

2009: Création d’un Fonds vert.

 

À la racine du GRIP…

Né des fonds recueillis à la suite d’un recours collectif intenté contre les compagnies automobiles aux États-Unis dans les années 70, le mouvement des GRIP a ensuite gagné l’ensemble de l’Amérique du Nord, selon le coordonnateur administratif du GRIP-UQAM, Michael Brophy. Le réseau des GRIP, traduction des Public Interest Research Group, compte plusieurs dizaines de groupes membres en Amérique du Nord, dont trois au Québec. Ils emploient plus de 400 personnes aux États-Unis seulement. Le groupe uqamien est, pour le moment, le seul représentant francophone.

 

Photo: À l’initiative du GRIP, les toits de certains pavillons de l’UQAM accueillent des jardins urbains.

Crédit : Vincent Larin

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