L’UQAR reconnaît la grève étudiante

L’Université du Québec à Rimouski (UQAR) a conclu une entente sur la reconnaissance de la grève étudiante avec l’Association générale des étudiants du Campus de Rimouski (AGECAR), le 28 février dernier. La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) appuie cette initiative qui apporte un vent de fraîcheur par rapport à ses homologues montréalais.

À la suite de l’entente conclue entre l’AGECAR et l’UQAR, l’administration procèdera à la levée des cours jusqu’à la prochaine assemblée générale. Les militants auront droit à une ligne de piquetage en permanence, mais on accepté de laisser passer certaines personnes, ce qui permettra de ne pas perturber la totalité des activités de l’Université. Il s’agit de la première université de la province à reconnaître la grève, selon la FEUQ. «Même si publiquement on sait très bien que les universités sont pour la hausse des frais, a affirmé la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, on souligne cet événement et on espère ainsi que cela serve d’exemple aux autres institutions universitaires.»

Les autres universités du Québec, quant à eux, tardent à reconnaître la légitimité de la grève étudiante. L’Université de Montréal, l’UQAM et l’Université McGill ont envoyé des courriels de toutes sortes, qui somment les étudiants d’ignorer les levées de cours malgré un vote de grève positif dans leur faculté. L’administration de l’Université de Montréal, par exemple, invite les étudiants qui le désirent à se rendre à leurs cours. La responsable des relations de presse de l’Université de Montréal, Flavie Côté, indique que l’institution laisse le choix à ses étudiants. «Ceux qui ont voté contre la grève ont le droit de suivre leurs cours. Ce qu’on ne voit pas dans les médias, ce sont les étudiants et les parents de ces étudiants qui sont inquiets pour leur session.»

La réaction de l’Université de Montréal se distingue des autres par sa volonté d’empêcher la grève étudiante, selon le porte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois. Le porte-parole parle même d’un déni de la démocratie étudiante. «Les administrations doivent impérativement reconnaître le choix des étudiants.»

De son côté, l’Université du peuple a indiqué que la situation n’était pas la même qu’à l’UQAR. «À la différence de l’UQAR ou des Cégeps, nous avons sept associations regroupant 40 000 étudiants, qui ont tous le droit de s’exprimer, a expliqué par courriel la directrice par intérim des relations de presse, Jenny Desrochers. L’UQAM et ses étudiants respectent les choix démocratiquement exprimés par les étudiants au sein de leurs associations respectives.» Mais l’UQAM fait preuve, selon le porte-parole de la CLASSE, d’un peu plus d’ouverture que l’Université de Montréal. «L’UQAM ne reconnaît pas comme telle la grève étudiante, mais ils respectent les conditions minimales d’enseignement.»

Des vires-capot
La situation est aux antipodes de la grève générale illimitée de 2005, alors que plusieurs universités avaient publiquement appuyé les étudiants. «Aujourd’hui les recteurs se disent ouvertement en faveur de la hausse, déplore Martine Desjardins. Pour nous, cela signifie que les administrations reconnaissent la grève seulement quand cela fait leur bonheur.»

En attendant, la présidente de la FEUQ ne se fait pas trop d’illusions sur d’éventuelles reconnaissances. «Comme dans tous les conflits, on aurait aimé avoir plus de collaboration de la part des universités, mais va falloir travailler autrement. Les étudiants vont devoir se battre pour défendre leurs droits dans cette campagne.»

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