ce qui du monde se prélève permet à l’oeil de s’ouvrir : une expo sur la réalité, virtuelle

Du 20 au 26 avril, le site web de la Galerie de l’UQAM accueille ce qui du monde se prélève permet à l’oeil de s’ouvrir, une exposition virtuelle organisée par le Collectif 20, un regroupement de 19 étudiants et étudiantes en histoire de l’art et en muséologie à l’UQAM.

C’est dans le cadre du cours Organisation d’une exposition et sous la supervision de Véronique Leblanc, commissaire et chargée de cours à l’UQAM, que le groupe s’est adonné à l’élaboration d’une exposition ayant pour thème les liens entre le vivant et le non-vivant.

« C’est une préoccupation collective qui a fait en sorte qu’on a décidé de se pencher sur la question des relations entre les vivants, entre les règnes, mais aussi [sur] toute la précarité, la vulnérabilité et également la fragilité du monde sensible et à notre rapport à lui », énumère Galadriel Avon, étudiante membre du Collectif 20.

Le travail de recherche effectué par le groupe l’a mené à sélectionner des oeuvres de quatre artistes du Québec ; Amélie Proulx, Maude Arès, Giorgia Volpe et Shabnam Zeraati.

La connivence des démarches des artistes, qui consistent à « porter à l’attention des objets qu’on côtoie, mais qui sont finalement portés à l’oubli, puis de les élever au statut d’oeuvre d’art », a motivé le choix du Collectif 20, explique Galadriel Avon.

La quête de l’imperceptible 

Le travail de Maude Arès, diplômée de l’UQAM en design graphique et en arts visuels et médiatiques, se caractérise par un « prélèvement à même le monde sensible » qui lui permet de créer des univers matériels miniatures construits à partir d’objets trouvés, décrit l’étudiante en histoire de l’art. 

Elle ajoute que la méthode de perception du corps de Giorgia Volpe a également interpellé les membres du Collectif 20. « Elle considère le corps comme un atout personnel, mais aussi comme un atout collectif et même un atout territorial », détaille-t-elle. 

Quant à Shabnam Zeraati, son « caractère politique complètement revendiqué » et sa manière de remettre en question « les interrelations entre le monde humain et le règne animal » ont poussé le collectif à ajouter les oeuvres de l’artiste d’origine iranienne au corpus de son exposition, raconte Galadriel Avon. Parmi celles-ci se retrouve Side Effects, une installation qui juxtapose des gravures de loups et une main de jeune enfant syrienne moulée en sculpture. 

Amélie Proulx aborde des thématiques similaires aux autres artistes exposées, mais admet avoir un intérêt particulier pour « l’incidence de la nature sur nos modes de vie ». Pour elle, cette influence se manifeste notamment par le biais du biomimétisme, une discipline au coeur du travail de Mme Proulx qui consiste à s’inspirer d’un phénomène naturel pour le développement de nouvelles techniques et technologies.

« Une chose qui peut se transformer en une autre, cette espèce de fluidité de sens à travers toutes ces perceptions et ces phénomènes naturels qu’on observe » est également une source d’inspiration pour l’artiste de Lévis.

Avec l’exposition, Galadriel Avon et son équipe cherchent à « mettre en dialogue ces quatre démarches » de façon à réfléchir sur la « matérialité sensible », « la précarité de cette matérialité » et « toutes les interrelations qui en découlent ».

Ctrl+C, Ctrl+V

Le contexte actuel présente cependant un défi supplémentaire pour le Collectif 20. Les mesures de distanciation sociale prises par le gouvernement rendent impossible la tenue d’une exposition physique. La Galerie de l’UQAM accueille donc ce qui du monde se prélève permet à l’oeil de s’ouvrir exclusivement sur son site web. 

Le responsable de la médiation de la Galerie de l’UQAM Philippe Dumaine Allard rappelle que ce n’est pas la première fois que l’institution offre une exposition virtuelle à ses usagers et usagères. Une visite sur le site web de la galerie permet de constater qu’elle héberge des expositions en ligne depuis 2007. Le développement de la plateforme muséale numérique de la galerie se fait dans le cadre du programme Musée virtuel du Canada, « un programme de financement national qui permet aux institutions de déposer des projets d’expositions qui se déploient entièrement virtuellement  », spécifie M. Dumaine Allard.

Le titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art à l’UQAM estime que transposer une exposition physique vers une version numérique est plus complexe qu’un simple « copier-coller » de la galerie vers le web, car cette plateforme possède ses spécificités. 

Selon lui, l’exposition virtuelle permet un contact direct avec le public via les réseaux sociaux et met à sa disposition du contenu vidéo inédit, comme une modélisation tridimensionnelle de l’exposition, une capsule explicative et des séances de question-réponse avec les artistes. 

« Ce qui est intéressant avec ce type de diffusion, c’est que ça va aller toucher à des gens qui n’habitent pas à Montréal ou qui ne seraient pas allés voir l’exposition autrement », soulève l’artiste Amélie Proulx.

Selon Galadriel Avon, les membres du Collectif 20 ont bien accueilli le défi que représente l’exposition virtuelle : « Grosso modo, on s’est dit qu’on allait faire une démarche davantage conceptuelle. »

L’étudiante observe que ce qui de monde se prélève permet à l’oeil de s’ouvrir s’inscrit dans une « tangente » en pleine éclosion dans le milieu culturel québécois, alors que les expositions virtuelles « prennent d’assaut » les galeries et les musées. « De façon plus globale, c’est certain que ça va réinventer notre rapport à l’exposition et à l’accessibilité de l’art », estime-t-elle.

« Dans le contexte actuel, je trouve ça vraiment intéressant que plutôt que de simplement annuler, les commissaires et les gens du milieu culturel essaient de penser à des stratégies pour permettre au travail d’être vu, de rayonner d’une autre façon », relève Amélie Proulx.

Photo fournie par la Galerie de l’UQAM

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