L’ombudsman de l’UQAM demande dans son rapport annuel que la chance soit donnée à des étudiants aux prises avec des troubles de santé mentale d’accéder aux cycles supérieurs.
Selon l’ombudsman, Murielle Binette, plusieurs étudiants atteints de problèmes de santé mentale tels que la dépression, la bipolarité ou même un TDAH, devraient avoir la possibilité de voir leur candidature envisagée pour les cycles supérieurs. Ils devraient toutefois respecter certaines conditions spécifiques déterminées par chacune des instances académiques des facultés de l’UQAM. «Il arrive souvent qu’entre 20 et 30 ans, certains problèmes de santé soient diagnostiqués, tels que la bipolarité. Si les comités observent la capacité de réussir, ils auront leur chance», évoque Murielle Binette, qui fait cette recommandation dans son bilan annuel, remis au conseil d’administration en février.
Si une maladie mentale lui était diagnostiquée au courant de son programme de baccalauréat, l’étudiant pourrait déposer un dossier de candidature exceptionnelle. Le comité de sélection devrait toutefois juger et observer une amélioration et la capacité de poursuivre ses études aux cycles supérieurs pour tous les cas. «Il est certain qu’un étudiant qui connaissait des difficultés académiques liées à un problème de santé mentale au début de son baccalauréat peut voir sa moyenne être insuffisante, mais avec cette recommandation, cela laisse plus de latitude pour des cas exceptionnels», affirme l’ombudsman.
Malgré les conditions d’admissibilité évoquées par certains programmes, il arrive déjà que les candidats puissent entrer à la maîtrise sans avoir atteint la moyenne cumulative demandée. Les dossiers sont analysés par le comité de sélection du programme en question et font l’objet d’une évaluation approfondie. «Dans mon cas, mon dossier a été analysé sans que j’aie la moyenne cumulée, puis j’ai été acceptée après avoir reçu un cours d’appoint», affirme une étudiante à la maîtrise en gestion qui a voulue conserver son anonymat.
Subjectivité compromettante
D’autres étudiants se disent craintifs de cette soi-disant procédure exceptionnelle. Les comités de sélection des programmes de deuxième et troisième cycles se donnent déjà une certaine latitude pour certains étudiants qui ne respectent pas tous les critères. «La direction de certains programmes en gestion au deuxième cycle permet à des étudiants qui ne répondent pas à la cote minimale établie d’entrer au programme selon l’analyse du comité de sélection», explique le vice-président aux affaires académiques de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AEESG), Guillaume Girard.
La cote minimale demandée pour chaque programme a pour but de faciliter les démarches de selection académique des étudiants. Sans cette balise, le comité de programme ou même le directeur dans certains cas, pourrait être confronté à choisir des candidats selon sa perception subjective reliée au choix du sujet de mémoire ou de la motivation de l’étudiant qui applique au sein d’un programme de cycle supérieur, croit-il. «S’il n’y a pas de balises déterminantes pour accepter ou refuser un candidat, cela devient de la pure subjectivité», affirme une étudiante à la maîtrise en gestion qui n’a pas voulu qu’on dévoile son nom.
Cette façon de faire est loin de faire l’unanimité au sein de l’UQAM. Plusieurs étudiants désapprouvent une telle recommandation. «Je pourrais comprendre pour un examen à reprendre, mais pas de là à accéder au deuxième cycle sans avoir les résultats escomptés», affirme un étudiant au DESS en comptabilité, Kevin Lessard. Le domaine de la comptabilité est compétitif en soit, puisque la cote minimale est un enjeu essentiel pour accéder au deuxième cycle pour obtenir son titre de comptable professionnel agréé.
La direction de l’UQAM analyse la situation déposée par Murielle Binette et se penchera sur cette question dans les prochains mois. «Pour l’instant, il est trop tôt pour savoir quelles seront les suites données à cette recommandation», affirme la directrice des relations avec la presse, Jennifer Desrochers.
Si la date butoir de certains programmes aux cycles supérieurs est déjà chose du passé, il serait possible que la mise en application de cette pratique soit en vigueur dès le semestre d’hiver 2016. Alors que certaines dates limites restent à venir au mois de mars et avril, les étudiants pourraient attendre jusqu’au début de septembre avant d’avoir le feu vert pour poursuivre leurs études supérieures. «Certains étudiants dans ma classe au DESS avaient eu leur lettre quelques jours avant la rentrée», explique Sébastien Lamarche-Lauzon. Il s’agit d’une situation temporaire selon les instances de l’UQAM.
Lorsque qu’elle a reçue sa première réponse dans un courriel en provenance de l’administration de son programme à l’UQAM, Camille* a eu plusieurs questionnements quant à sa date d’entrée dans le programme. «Selon la moyenne réglementaire de 3,2 sur 4,3 votre admission devrait être finalisée en septembre et puisque la direction du programme ne spécifiait pas une moyenne cible, votre moyenne actuelle pourrait être suffisante», indique le courriel. Après un premier semestre, l’étudiante affirme suivre le rythme demandant d’une maîtrise. D’ailleurs, Guillaume Girard explique les procédures mises en place à l’École des sciences de la gestion où il siège sur différentes instances académiques de par le rôle qu’il occupe à l’AEESG. «Tout dépend des sujets de recherche auxquels les professeurs s’intéressent, ainsi que la motivation de certains étudiants. Dans certains programmes, le nombre d’étudiants acceptés est minime et c’est habituellement le directeur de programme, seul, qui prend les décisions».
Toujours à l’ordre du jour des différentes instances académiques des facultés de l’UQAM, la proposition de l’ombudsman sera considérée et pourrait permettre à plusieurs étudiants qui ont connu des années difficiles au baccalauréat de trouver un moyen de viser plus haut.
*Le nom de famille de l’étudiante a été retiré pour préserver son anonymat.
Crédit photo: Pascale Armellin-Ducharme
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