La CLASSE rejetée d’une éventuelle table de négociations

À l’amorce d’une dixième semaine de grève contre la hausse des frais de scolarité, la ministre de l’Éducation Line Beauchamp a annoncé hier qu’elle était fin prête à s’asseoir avec la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) pour discuter de la mise en place d’un comité indépendant et permanent surveillant la gestion des universités québécoises. Le  scénario ressemble vaguement à la grève générale illimitée de 2005, alors que l’ancêtre de la CLASSE n’avait pas été invitée.

En conférence de presse ce matin, la Coalition a demandé à la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et à son homologue universitaire de respecter leur engagement de ne pas négocier en son absence. «Le conflit ne se règlera pas si la CLASSE n’est pas assise à la table des négociations, a déclaré Jeanne Reynolds, une porte-parole. La ministre essaie de nous diviser pour mieux régner, mais nous devons être ensemble pour que notre lutte avance.» Selon la CLASSE, ses membres représentent 47% des grévistes et le mutisme forcé de Line Beauchamp ne ferait qu’augmenter la tension au sein du mouvement.

La ministre de l’Éducation a reproché à la CLASSE de ne pas condamner les actes illégaux commis par ses membres dans les derniers jours, brèche qui justifie l’exclusion de l’association nationale à la table des négociations. «Chaque fois qu’il y a des débordements, on pointe la CLASSE du doigt et, comme en 2005, le gouvernement nous exclut», explique l’autre porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois. Selon lui, ce sont les étudiants qui choisissent de poser ces gestes et il n’est donc pas de son ressort de les condamner. «Les étudiants verront en assemblée générale s’ils cessent ce type d’actions ou non», explique-t-il.

La CLASSE réitère que l’enjeu actuel reste la hausse des frais de scolarité. «Nous sommes prêts à faire notre part pour contribuer à diminuer les tensions, mais il est inévitable que la question des frais de scolarité fasse partie du débat», réitère Gabriel Nadeau-Dubois. Ferme, le gouvernement refuse toujours d’aborder ce sujet. Mais selon la Coalition, si la ministre accepte de discuter de la mauvaise gestion des universités, elle admet que les pratiques des gestionnaires sont problématiques. «Si les chiffres justifiant le sous-financement des universités sont jugés impertinents, la hausse des frais de scolarité le sera de même», croit Gabriel Nadeau-Dubois.

Grâce à d’éventuelles discussions, la CLASSE espère définir où aller chercher l’argent en-dehors des poches des étudiants afin de mettre moins de pression sur la classe moyenne.. «Même dans le contexte actuel, la hausse peut être évitée», soutient Gabriel Nadeau-Dubois. Celui-ci souhaiterait par ailleurs revoir avec la ministre les dépenses en publicité des universités, les dépenses immobilières, le nombre et la rémunération des cadres, les bonis offerts aux recteurs, la fiscalité des grandes entreprises, le financement des universités et la répartition des fonds entre les recherches à visées commerciales et l’enseignement.

Depuis 16h30 hier soir, l’exécutif de la FEUQ et les représentants des associations membres se sont réunis trois fois en comité, lequel aboutit toujours à la même conclusion. «Nous avons un mandat très clair de ne pas entamer de négociations sans la CLASSE et mes associations membres sont unanimes sur le sujet», affirme Martine Desjardins. Si la ministre refuse toujours de négocier avec la Coalition,  la FEUQ retournerait consulter ses membres pour prendre une décision finale quant à la participation de cette dernière.

Actuellement, six associations étudiantes de l’UQAM sont en grève – sans vote de reconduction – jusqu’à ce qu’ait lieu des négociations entre le gouvernement et les trois associations étudiantes principales.

Photo: Archives Montréal Campus

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Extrait d’une entrevue avec Éric Martin, à la sortie de la conférence de presse donnée par la CLASSE aujourd’hui. Éric Martin est un ancien chargé de cours de l’UQAM, professeur de philosophie au Cégep Édouard-Montpetit et co-auteur de l’ouvrage Université Inc. Il parle de la solidarité des professeurs au mouvement étudiant et des mesures à leur appui.
https://montrealcampus.ca/wp-content/uploads/2012/04/Entrevue_ÉricMartin.mp3

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