Reprendre son souffle

Diane Demers, vice-rectrice au Soutien académique et à la vie étudiante

Respiration haletante, les Services à la vie étudiante ont pu prendre une bouffée d’air avec l’augmentation des cotisations étudiantes l’automne dernier. Ils devront cependant trouver des solutions pour garder la tête hors de l’eau.

Le tumulte financier qui secoue depuis quelques années les Services à la vie étudiante (SVE), mécène des projets étudiants, semble s’être résorbé en partie. L’augmentation de la cotisation étudiante à 0,78 $ par crédit universitaire, acceptée avec résignation par les associations étudiantes, à l’automne 2011, aura permis de contenir l’hémorragie. Mais la marche sera longue pour qu’elle se refasse une santé financière. «La hausse de cotisation proposée laisse les SVE dans une situation financière précaire même si elle permet l’équilibre budgétaire en 2011-2012, affirme Diane Demers, vice-rectrice au Soutien académique et à la vie étudiante citant un rapport du Comité de la vie étudiante (CVE). Elle pourrait même donner l’illusion que la situation budgétaire problématique est réglée alors qu’il n’en est rien.»

Les SVE garnissent leur cagnotte grâce à une «bourse dédiée du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport» et aux cotisations étudiantes. Celles-ci n’avaient pas augmenté depuis 2005-2006 de sorte que le déficit anticipé pour 2011-2012 s’élevait à 666 156 $.

Pour l’heure, la situation financière essoufflée des SVE ne transparait pas outre mesure sur les services offerts aux étudiants selon le président de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AEESG), Andrew Lockhead. «La cotisation a permis de stabiliser les choses pour l’instant», explique-t-il. Les groupes étudiants ont tous subi une diminution de leurs subventions, même si l’enveloppe budgétaire est la même, en raison d’une augmentation du nombre de demandes. Le conseiller à la vie étudiante de l’UQAM, Yannick Richer, ne peut chiffrer l’augmentation des demandes. Il avance tout de même que cinq ou six groupes de plus que l’an dernier ont fait une demande de subvention.

De son côté, le coordonnateur général de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED), Samuel Ragot, explique que les SVE survivent en faisant ce qu’il nomme du « développement par attrition », une réorganisation des emplois au sein de leurs troupes. La directrice des Services à la vie étudiante, Manon Vaillancourt, corrobore les dires du coordonnateur de l’AFESPED. «Dans la situation actuelle des SVE, seul le développement par substitution peut être envisagé, croit-elle. Nous avons fait des réaménagements de postes sans augmenter la masse salariale.»

Changer d’air
Samuel Ragot, qui copréside le Comité de révision des SVE, mis en place l’an dernier, s’attend à ce que l’UQAM fasse sa part. «Si les associations étudiantes ont permis aux SVE de survivre sans couper l’an dernier avec l’augmentation de la cotisation étudiante, ce n’était clairement pas un chèque en blanc.» Pour lui, il existe deux solutions majeures à l’étouffement financier des SVE.

La pression politique est la planche de salut pour la situation financière des SVE selon l’étudiant à la maîtrise. «La direction des SVE se réfugie souvent derrière ce qu’ils appellent le privilège de gestion, s’indigne ce dernier. Ça contrevient à l’idée de collégialité de l’UQAM.» L’étudiant soutient que les uqamiens ont le droit de gérer leur argent comme ils le souhaitent. Il souhaite que l’UQAM reprenne certains services présentement financés par les SVE. «Pourquoi, par exemple, est-ce que l’UQAM ne paie pas pour les services offerts aux personnes souffrant d’un handicap? Pourquoi est-ce que c’est les SVE qui paient pour ça?» Il croit que l’argent ne manque pas à l’Université du peuple présentement. Il allègue que l’UQAM trouve de l’argent lorsqu’il s’agit de faire des salles de classe ou pour donner une augmentation salariale aux recteurs. «Ce n’est pas beaucoup des fois, mais 50 000 $ dans les budgets des SVE, c’est énorme.»

Samuel Ragot croit aussi qu’il faut mettre de la pression sur le Ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport, qui finance les SVE à la hauteur de 35%. Le Ministère octroie un financement supérieur aux SVE pour les étudiants à temps plein, au détriment de ceux qui étudient à temps partiel. Cette situation est totalement désavantageuse pour l’Université du peuple selon les dires de Samuel Ragot. «À l’UQAM, on a plus d’étudiants à temps partiel que les autres universités, rappelle-t-il. Ces gens-là utilisent au moins autant les SVE que les étudiants à temps plein et on est moins financé pour eux.» Le représentant de l’AFEPED souhaite que le montant de la subvention soit le même pour les étudiants à temps plein et à temps partiel.

Si le président de l’AEESG, Andrew Lockhead est certain de voir les discussions en cours oxygéner les finances du SVE, Samuel Ragot demeure prudent. «Il y a des pistes de solution, mais je ne crois pas en la pensée magique», lance ce dernier. Il voit une ouverture certaine de la part de l’institution pour reprendre certains services, mais il est d’avis que le combat pour lutter contre l’asphyxie des SVE ne fait que commencer. Le rapport final du Comité de révision doit être rendu public en mai prochain. Les forces devront ainsi se concerter rapidement pour réussir à faire reprendre haleine aux services étudiants.

Crédit photo: Marie-Dominique Asselin

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