L’hiver de force

À contre-sens d’une industrie pratiquement montréalaise, Sébastien Pilote prouve qu’il est toujours possible de s’établir en région pour faire du cinéma. Ancien programmateur au festival Regard sur le court métrage au Saguenay et résident de Chicoutimi, le cinéaste croit en des films locaux et rassembleurs. Son premier long métrage, Le Vendeur, exprime une crainte connexe: la triste réalité de l’exil des travailleurs vers les villes sous un capitalisme oppressant, situation ouvrière transposable à l’industrie cinématographique.

Sorte de variation sur les thèmes de son court métrage primé Dust Bowl Ha! Ha!, le film de Sébastien Pilote suit un habile vendeur d’automobiles accumulant depuis des années les titres de vendeur du mois au concessionnaire en face de chez lui. Entouré de sa fille, de son petit-fils et de ses collègues, Marcel trouve le bonheur au milieu d’une petite ville mono-industrielle en déclin. Mais quand le malheur commence à se propager autour de lui, il ne peut que prendre conscience de ses réelles responsabilités.

Alors qu’une «nouvelle vague» de cinéastes québécois s’applique à cerner le réel avec une mise en scène âcre et radicale, Pilote adopte un style bien différent. Alliant un découpage classique et une caméra-épaule au cœur des sentiments, le cinéaste offre une réalisation remarquable, portée par des gros plans très maîtrisés et touchants. Mais surtout, le film dresse une ambiance chaleureuse où la solidarité communautaire est omniprésente. Évitant tous les pièges du «film de région», Le Vendeur est écrit et réalisé par un homme de terrain sensible, qui connaît bien les gens qu’il nous montre et qui fait la différence entre préjugés et vérité. Un film très humain construit de petits moments émouvants et fort de performances d’acteurs authentiques.

Le vendeur, de Sébastien Pilote, Québec/Canada, 105 min.
En salles le 11 novembre.

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