À qui l’UQAM

Le dernier représentant des étudiants au conseil d’administration (CA) de l’UQAM, Simon Tremblay-Pepin, claque la porte de l’instance suprême de l’Université. Après un peu moins de deux ans de services, il part pour des raisons politiques – les décisions du CA ne représentent plus ses convictions sociales – et personnelles – il va terminer son doctorat en science politique à la York University, à Toronto. Fidèle au poste, il restera en fonction jusqu’à ce qu’un successeur soit élu.

Sa démission, combinée à celle, en mai, de l’autre représentant des étudiants, Patrick Véronneau, met fin à une ère de transparence. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces deux administrateurs se faisaient un devoir de véhiculer les opinions des associations facultaires et, par extension – en théorie –, de leurs électeurs, les étudiants de l’UQAM.

En octobre, des élections devraient avoir lieu par Omnivox pour choisir deux remplaçants. D’ici là, les associations étudiantes feront des pieds et des mains pour conserver leur voix et leurs oreilles au CA. Déjà, elles se préparent à revendiquer une réforme du scrutin qui leur permettraient de choisir elles-mêmes les représentants des étudiants. Elles justifient leur demande avec l’argument suivant: les exécutants, élus par les uqamiens, sont les porte-paroles de leurs membres et devraient, par conséquent, occuper les deux sièges étudiants du CA.

Advenant le cas, hélas peu probable, où les sept associations facultaires de l’UQAM parviendraient à s’entendre, la direction de l’Université balaierait vraisemblablement leur revendication du revers de la main. Patrick Véronneau et Simon Tremblay-Pepin ont déjà causé assez de maux de tête en étant soupçonnés de partager de l’information «secrète» avec les étudiants, tel le rapport préliminaire de la firme comptable PricewaterhouseCoopers sur le plan de redressement de l’UQAM. Non, mieux vaut un carriériste qui veut sa place au CA afin d’ajouter une expérience supplémentaire à son curriculum vitæ.

Pour posséder un droit de regard sur les décisions en haut lieu, les associations étudiantes devront faire la même chose qu’à la dernière élection: offrir une tribune aux candidats qu’elles appuient.

À quoi bon?

Même si les associations facultaires réussissent à faire élire le duo de leur choix, elles ne seront pas au bout de leurs peines. Les représentants des étudiants pourront assister aux rencontres du CA, mais n’y possèderont ni le droit de proposition, ni le droit de vote, tant et aussi longtemps que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) n’aura pas entériné leur nomination. Un processus qui est très long. Dans le cas de Patrick Véronneau et de Simon Tremblay-Pepin, la ministre du MELS, Michelle Courchesne, a pris six mois avant de donner son aval.

La vitesse est toutefois quelque chose de relatif. Pour consacrer l’élection du recteur Claude Corbo, Michelle Courchesne n’a attendu qu’un mois. Même délai pour désigner, cet été, trois nouveaux administrateurs en provenance du milieu socioéconomique.

Une fois le droit de vote acquis, les représentants des étudiants tenteront de faire valoir leurs opinions aux 14 autres membres du CA: trois membres de la haute direction, dont le recteur, trois professeurs, un chargé de cours, un diplômé et six indépendants qui ne proviennent pas de l’Université. L’exercice se résumera sans doute à un dialogue de sourds. Les externes, qui omettent souvent de lire leurs dossiers – selon plusieurs sources, leurs enveloppes de documents demeurent fréquemment cachetées – alignent généralement leur position sur celle de la direction. Neuf voix sur 16, la majorité est obtenue.

«À qui l’UQAM?» criaient les militants lors des deux grèves de l’an dernier. Certainement pas aux étudiants, vu le poids ridicule qu’ont leurs représentants au CA.

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