Nouvelles menaces d’expulsions étudiantes à l’UQAM

Un peu plus d’un an après avoir menacé neuf étudiants d’expulsion pour des actions commises en 2013, l’UQAM entame de nouvelles procédures disciplinaires à l’endroit de deux étudiants ayant pris part à des initiatives militantes au printemps 2015.

En solidarité avec leurs camarades convoqués devant le nouveau comité disciplinaire de l’UQAM, une vingtaine d’étudiants se sont rassemblés mercredi pour établir un plan de mobilisation afin de protester contre l’administration uqamienne.

Très peu d’informations sont connues pour l’instant quant aux circonstances précises des récentes menaces d’expulsion. L’identité des deux étudiants visés demeure à ce jour confidentielle. Pour ce qui est des raisons exactes de leurs convocations, l’UQAM explique que celles-ci résultent «d’une infraction au Règlement 10 sur la protection des personnes et des biens», mais n’a pas communiqué plus de détails, en respect du principe de confidentialité des dossiers disciplinaires des étudiants concernés.

L’été dernier, huit des neuf étudiants risquant l’expulsion avaient finalement obtenu de l’Université qu’elle abandonne les procédures intentées contre eux. La déléguée étudiante sur le Conseil d’administration de l’UQAM, Justine Boulanger, avait pour sa part écopé d’un an de bannissement. En réponse aux sanctions de l’administration envers les neuf étudiants, plusieurs actions de contestation avaient eu lieu. D’après Samuel Cossette, représentant étudiant au sein du C.A. de l’UQAM, c’est pour avoir participé à ces actes de perturbation dans l’enceinte de l’institution universitaire l’année dernière que les deux étudiants sont aujourd’hui menacés d’être renvoyés.

Encore une fois, on vise les militants pour des actions politiques tout à fait banales, rien qui nécessite de telles actions de la direction.Samuel Cossette, représentant étudiant au CA de l’UQAM.

À la suite des évènements survenus l’an dernier, le Conseil d’administration de l’UQAM avait modifié la politique disciplinaire de l’établissement. «L’UQAM s’est doté, en décembre dernier, d’un Comité de discipline à la suite des préoccupations exprimées par les membres du C.A. et de certains groupes de la communauté […]. Ce Comité est composé de cinq membres qui assurent une représentativité de la communauté de l’UQAM», rappelle la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers, dans un courriel adressé au Montréal Campus.

Les cinq membres du Comité de discipline (un étudiant, un professeur, un chargé de cours, un employé de soutien et un doyen) sont nommés par le C.A. sur recommandation du vice-recteur responsable des services à la vie étudiante, appuyé par l’avis des doyens et doyennes.

Mobilisation estivale

Le fait que les convocations aient lieu pendant l’été nuit d’autant plus à la cause des étudiants menacés d’expulsion, selon Samuel Cossette. «C’est calculé, soutient le représentant étudiant. Ils se sont essayés la session dernière; neuf élèves d’un coup, en plein milieu de la session, au début d’une grève, c’était catastrophique. Ils ont appris de leurs erreurs». Il convient qu’il est plus difficile de rejoindre les gens pendant le creux estival, mais rappelle tout de même que «l’été n’est pas éternel» et que dans trois mois, les étudiants agiront pour signifier qu’ils n’ont pas oublié les actions du rectorat cet été.

La première action de perturbation prévue sera une conférence de presse tenue le lundi 13 juin prochain, organisée conjointement par les associations étudiantes qui dénoncent les nouvelles menaces d’expulsion. Puis, un rassemblement prendra place devant l’hôtel Gouverneur, où se tiendront, mercredi et jeudi prochain, les convocations du comité disciplinaire. Les associations étudiantes et le comité de mobilisation contacteront aussi l’administration de l’hôtel afin de demander de ne pas tenir l’évènement. «C’est quelque chose qui est politique, qui est interne à l’UQAM et le fait de faire ça à l’extérieur, c’est une des facettes de l’isolement qu’impose l’administration, qui tient à se tenir le plus loin possible de ses étudiants, sauf quand il s’agit de les expulser», avance Samuel Cossette. Celui qui risquait lui aussi l’expulsion définitive il y a un an estime que pour se sortir du cercle vicieux de répression et de révoltes à l’UQAM, il est impératif que le rectorat s’assoie enfin avec les instances étudiantes pour écouter ce qu’ils ont à dire et gérer les problèmes de façon commune.

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Photo: Alexis Boulianne

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