Où sont les ouatés?

Dans mon jeune temps, je rêvais du jour où j’entrerais à l’université. Assis sur le divan de la maison familiale pendant que j’apprenais mes tables de multiplication, ma sœur écoutait Dawson’s Creek à la télévision. Bien que l’émission ne m’intéressait pas du tout (l’excuse de la sœur, ça marche à tout coup), je me plaisais à m’imaginer être, tout comme les personnages de l’émission diffusée à Canal Famille, étudiant d’une prestigieuse université américaine.

Je vivrais dans une fraternité, j’aurais de la barbe, je boirais mon café dans une tasse à l’effigie de l’Université, écrirais avec un crayon sur lequel figure l’emblème de l’Université sur du papier à en-tête de l’institution et, évidemment, je porterais en permanence le coton ouaté officiel de l’Université. Le fameux ouaté. Peu m’importait le domaine d’études dans lequel j’allais me retrouver ou le nom de l’institution, l’important était que je puisse y porter le pull officiel.

Les années ont passé et mes critères de sélection ont changé. Je me suis inscrit en communication profil journalisme à l’UQAM. Quel ne fut pas mon désarroi, la première journée de mon bac, lorsque que j’ai remarqué la quasi-absence de ouaté institutionnel. En attente de clients, la vendeuse de la boutique UQAM, royaume du produit dérivé universitaire, enchaîne les Sudokus à une vitesse qui confond l’entendement.

Si le ouaté n’a pas la cote à l’UQAM, c’est dû au faible sentiment d’appartenance des étudiants envers leur université. Sur le Mont Royal, on porte fièrement le M de McGill ou le bleu de l’Université de Montréal. À l’Université du peuple, la seule couleur en vogue est le brun des murs.

En se comparant aux autres universités, on se rend compte qu’à l’instar de Montréal et des Canadiens, l’identité universitaire se bâtit autour des équipes sportives. On n’a qu’à penser à l’équipe de football de l’Université Laval, le Rouge et Or, véritable train à bord duquel toute la communauté universitaire grimpe. Ou encore à leurs éternels rivaux de l’Université de Montréal, les Carabins, derrière qui se range tout le campus le jour d’un match. À l’UQTR, l’équipe de hockey des Patriotes, dynastie du hockey universitaire, alimente également une certaine ferveur dans la ville des pâtes et papiers.

À l’UQAM, la fièvre citadine est à 0 Kelvin, le zéro absolu. Les ouatés aux couleurs de l’équipe sont rarissimes et aucune équipe ne suscite l’excitation générale. Les équipes de basketball ont leur lot de supporters, certes, mais rien pour écrire à sa mère. Dépourvues de stade, les équipes de soccer doivent s’exiler au Collège Bois-de-Boulogne pour jouer leur match à domicile (voir Prendre les moyens du bord). Pour inciter les partisans à aller voir les matchs, on a vu mieux.

La direction du Centre sportif de l’UQAM et du sport d’excellence font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Des projets, ils en ont plein la tête. La cagnotte, elle, est vide. L’expansion du Centre sportif, prévue depuis son ouverture en 1997, n’aboutira probablement pas avant la fin de mon postdoctorat. L’obtention d’un stade… Je n’ose même pas y penser.

À l’inverse de la tendance, l’UQAM ne semble pas avoir saisi les bienfaits d’une culture sportive vivante dans son institution… À moins que ce ne soit le trou de 20 millions de dollars dans son budget?

D’ici là, j’attends toujours mon ouaté.

Étienne Dupuis

Chef de pupitre UQAM

uqam.campus@uqam.ca

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