Zhang Yimou et l’Hollywood chinois

Il fut un temps où le cinéma de Zhang Yimou était synonyme de contestation politique, de critique subtile mais audacieuse dans le contexte de la Chine d’il y a 20 ans. Après avoir été ennuyé par la censure de l’État jusqu’au milieu des années 90, il avait alors pris la décision de se ranger dans les rangs de la bonne conduite culturelle telle que dictée par le gouvernement. Même s’il parvint ainsi à atteindre un plus grand succès commercial et une vaste notoriété internationale, ses films, aux budgets toujours plus importants, n’ont jamais retrouvé la valeur contestataire qui les caractérisait autrefois. The Flowers of War, ne fait pas exception à cette tendance bien établie.

Le dernier film du cinéaste a pour trame de fond l’occupation de la ville de Nankin durant la guerre sino-japonaise de la fin des années 30. Pris au cœur des bombardements, un embaumeur américain doit se rendre dans un couvent pour procéder aux funérailles du prêtre en charge. Bien malgré lui, il héritera de la responsabilité du couvent, seul endroit sécuritaire de la ville, où sont réfugiées des écolières et plus tard un groupe de filles de joie. Dans un dernier élan de cruauté, les officiers japonais finiront par ordonner qu’on leur livre ces innocentes écolières qui seront sauvées de justesse par cet étranger devenu héros.

Loin d’être objectif dans son approche, The Flowers of War apparait d’abord comme une apologie grandiose du patriotisme chinois. L’atrocité des évènements historiques sur laquelle repose le film n’est, bien entendue, pas à remettre en question. Toute fois, Zhang Yimou s’efforce sans retenue d’exploiter l’idée du japonais barbare et sanguinaire et du courageux martyr chinois. Le personnage du soldat solitaire, dont les prouesses constituent à elles seules une trame secondaire du film, et les scènes de viols totalement immondes renforcent cette impression. En ayant recours à une esthétique chevaleresque qui rappel ses films d’arts martiaux tels que Hero (2002) ou House of Flying Daggers (2004), le réalisateur traite l’histoire avec un éclat parfois excessif. Lorsqu’un traitement visuel plus naturaliste aurait semblé de mise, Zhang insiste avec des décors extérieurs presque surnaturels, de nombreux plans débullés et des éclairages dramatiques. Malgré une durée particulièrement longue, le film finit par suivre un schéma hollywoodien plutôt classique, confirmé par la présence de Christian Bale dans le rôle de l’américain rédempteur.

The Flowers of War, de Zhang Yimou, Chine, 145 min.
À l’affiche depuis le 24 février.

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