Entrepreneuriat : des expériences mi-figue mi-raisin

Travailler des heures de fou, vivre dans l’insécurité, investir sa vie et son argent dans un projet. Puis plus rien. C’est ce qu’a vécu Alexis Chénard, un jeune entrepreneur diplômé de l’UQAM. Malgré ce revers, le jeune homme chérit toujours l’entrepreneuriat.

« Dans le futur, je ne vois pas d’autre avenue que de [rebâtir] ma propre entreprise », assure le cofondateur de la défunte entreprise Rodeo Financials.

Après avoir décroché en 2018 une maîtrise en économique à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM, Alexis Chénard est entré sur le marché du travail comme conseiller financier à la Banque Nationale.

« Je détestais ça », déclare-t-il. C’est en constatant que son emploi ne convergeait pas avec ses aspirations de carrière qu’il a décidé de démissionner pour réaliser son rêve : se lancer en affaires.

Un début prometteur

En octobre 2019, Alexis Chénard et son ami d’adolescence Giancarlo Avolio créent un site et une application nommés Rodeo Financials. Il s’agit d’une simulation de marché boursier. En 2020, grâce à Rodeo Financials, ils remportent la deuxième place du concours Mon Entreprise, organisé par le Centre d’entrepreneuriat de l’ESG UQAM.

Leur projet entrepreneurial l’occupe à temps plein. « C’est comme avoir un enfant dont il faut prendre soin. Ça occupe 100 % de ta tête. Quand tu t’endors, tu y penses, quand tu te réveilles, tu y penses, quand tu prends ta douche, tu y penses, c’est vraiment enivrant et vraiment agréable », explique Alexis Chénard.

Trois ans après le lancement de son entreprise, des problèmes financiers ont pris le dessus. « Nos fonds étaient en train de s’épuiser trop rapidement, puis garder notre site [web] actif était aussi plus cher qu’on le croyait ». Alexis Chénard a dû fermer son entreprise.

Les difficultés du milieu

En 2016, dans le cadre de son baccalauréat en administration des affaires à HEC Montréal, Jeanne Bugnon et sa collègue de classe Audrey-Laure St-Louis, créent Brewski Box, une entreprise vendant des boîtes pour brasser sa bière à domicile.

En concevant celle-ci, Jeanne Bugnon réalise qu’elle ne doit « pas hésiter à parler du projet », car cela l’amène vers différents partenaires potentiels qui la réfèrent à d’autres.

Un an après sa création, elle se heurte aux coûts inhérents à la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec (RACJ), qui les oblige à avoir un local commercial. Cet important engagement financier et le départ de sa partenaire d’affaires mettent fin à son entreprise.

« Pour moi, l’entrepreneuriat, c’est un projet qui est d’autant plus le fun quand tu as un partenaire avec qui le bâtir. C’était très difficile d’entrevoir un projet seule », dit-elle.

Se lancer en affaires à l’UQAM

Pour devenir entrepreneur ou entrepreneuse comme Alexis Chénard et Jeanne Bugnon, les étudiants et les étudiantes de l’UQAM et les diplômé(e)s depuis moins de cinq ans peuvent demander de l’aide gratuite au Centre d’entrepreneuriat ESG UQAM.

Depuis 20 ans, cet organisme à but non lucratif permet d’accompagner les entrepreneurs et les entrepreneuses dans l’idéation, le réseautage, le financement et la visibilité de leur entreprise, explique Livia Gabou, conseillère au Centre.

« Quand on est étudiant c’est vraiment le meilleur moment pour [se lancer en affaires], parce qu’on a le temps de commencer à apprendre les premiers automatismes de la planification », dit-elle.

Le chemin de la rédemption

Quant à Jeanne Bugnon, elle s’épanouit aujourd’hui comme analyste financière en économie sociale. Tout comme l’entrepreneuriat, cet emploi nécessite d’être « pluridisciplinaire » et cela la passionne. Son conjoint et elle sont en train de créer une agence d’importation privée de sakés japonais au Québec.

Aujourd’hui, Alexis Chénard est reconnaissant de tout ce que l’expérience avec Rodeo Financials lui a apporté. Dorénavant, il se forme les fins de semaine en cybersécurité et souhaite fonder une nouvelle entreprise au moment opportun.

En parallèle, il occupe un emploi à temps plein en programmation, un domaine dans lequel il s’est spécialisé grâce à la création de Rodeo Financials. Un horaire bien chargé pour celui qui « recommanderait le même parcours à n’importe qui ».

Mention illustration : Chloé Rondeau

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