Un choc anticipé

Des étudiants français de l’UQAM ont constaté sans surprise la performance du Front National (FN) lors du premier tour des élections régionales en France et anticipent les résultats du deuxième tour, tenu aujourd’hui. Un vote de contestation politique symptomatique du cynisme expliquerait les résultats plutôt qu’une réelle montée de l’extrême droite.

Un étudiant au baccalauréat en communication, Clément Bargain, s’attendait à ce bilan au premier tour. «C’est plus un vote contestataire, je ne pense pas qu’ils feront aussi bien au second tour», affirme-t-il.

L’étudiant en administration marketing Guillaume Valladon analyse aussi ce scrutin comme un signe de mécontentement. Une part de l’électorat vote nécessairement pour les valeurs du parti, mais certains votent pour envoyer comme message la volonté d’un changement radical. Il s’agit d’un autre moyen de réclamer cette transformation que l’abstention, qui engendre le statu quo selon lui.

Le chargé de cours en science politique à l’UQAM André Lamoureux énonce plusieurs facteurs à l’origine des résultats du 6 décembre, comme le chômage endémique, le rejet de la mollesse du président socialiste François Hollande et la tangente sécuritaire suite aux attentats. Il confirme cependant que le Front National «devient une façon pour une partie des Français d’exprimer leur ras-le-bol des deux grandes formations en place.»

«Je suis étonné de voir à quel point ça progresse à chaque nouvelle élection, mais je n’ai pas été surpris que le FN gagne énormément de votes», admet Guillaume Valladon. D’après lui, les attentats de Paris et la crise syrienne ont fait pencher la balance en faveur du parti en appuyant leur virage sécuritaire et en démontrant l’inutilité de l’espace Schengen en Europe, puisque les pays se sont mis à refermer les frontières. 

André Lamoureux observe que le Front National tire parti d’un électorat contre l’intégrisme islamique, bien que le parti n’est pas réellement pour la laïcité mais plutôt un retour aux valeurs chrétiennes.

Les jeunes désabusés

Chez les 18-24 ans, il y a 65 % d’abstentionnistes ,«donc quasiment personne n’a voté et ceux qui l’ont fait ont voté en grande partie pour le Front National», remarque Clément Bargain, originaire de Paris. Celui-ci attribue une grande portion de ces votes à des électeurs qui ne partagent pas les idéologies du parti. «Voter Front National c’est vraiment dire que ça ne va pas et crier son désespoir», estime-t-il.

«Autant on n’a pas connu les partis extrémistes, donc on n’a pas peur des extrêmes, autant on ne peut plus avoir confiance dans les partis modérés», c’est ce qui expliquerait l’attirance de certains jeunes envers le parti, selon Guillaume Valladon.

«La jeunesse a été la première couche sociale frappée par les attentats du 13 novembre», rappelle André Lamoureux.

Chaude lutte au second tour

Au premier tour, le parti dirigé par Marine Le Pen est arrivé en tête avec une récolte de 30 % des voix, devançant les Républicains à 27 % ainsi que le Parti Socialiste et ses alliés à 22 %. Le parti d’extrême droite se retrouve ainsi en avance dans six des treize régions métropolitaines.

Les alliances entre les partis modérés de droite et de gauche font toutefois en sorte que la victoire du Front National est incertaine, même dans les régions où les résultats étaient marquants. André Lamoureux s’attend plutôt à des surprises dans les régions où trois candidats demeurent toujours dans la course.

Le deuxième tour aura lieu ce dimanche le 13 décembre et les premiers résultats atteindront Montréal en fin d’après-midi.

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