La secrétaire m’accueille, sourire aux lèvres. On échange quelques paroles. Elle me dirige vers la personne avec qui je souhaite discuter pour un reportage. L’experte du dossier n’est pas présente. Tout va bien, je pourrais l’appeler demain, suffit de bien préciser le temps de l’entrevue en laissant le message sur sa boîte vocale. Quelle est ma surprise lorsque la réponse me vient du Service des communications de l’UQAM, qui m’assure que la personne spécialiste du dossier n’est pas celle que je cherche. On me demande mon délai et on me reviendra avec une réponse.
Chaque fois que ça m’arrive, la frustration et l’incompréhension chamboulent de mes réflexions. Cette fois, ça été l’intervention de trop qui a fait dérailler mes synapses. On dirait que la plupart des employés de l’UQAM sont des chiens de Pavlov qui ont bien appris à ne pas répondre aux questions des journalistes. Il faut les rediriger vers le Service des communications, même si la croquette pour les nourrir n’est plus là.
J’ai l’impression de faire ça tout le temps. Tout le monde est Charlie, mais personne ne sait en quoi consiste réellement la liberté de presse. Je peux déjà commencer en vous écrivant que ce n’est pas des relations publiques. Un bémol s’impose. Les faiseurs d’image sont probablement les personnes les plus sympathiques que je connaisse, mais si tu fouilles trop fort, ils ne vont pas s’empêcher de te mettre des bâtons dans les roues. La réponse sera agrémentée de quelques bons commentaires sur le travail des journalistes. La pilule passe mieux comme ça. Modifier la confidentialité d’un document pour le rendre inaccessible, pas de problème. Éviter de répondre aux questions, ce n’est pas si grave. Vider les discours de tout élément concret, c’est imaginatif. Ils nomment ça du damage control.
Je m’adresse ici à l’ensemble des employés dans l’établissement qui ne peuvent plus parler parce que le Service des communications croit qu’il n’en est pas de leur responsabilité. Votre parole, votre expertise et votre opinion sont nécessaires à une information de qualité. Si vous nous redirigiez vers les experts du maniement des renseignements, vous contribuez à l’ignorance des étudiants sur les enjeux qui se passent à l’UQAM. Les spécialistes de l’image transmettent, sans cesse et très souvent, de l’information parcellaire, altérée ou hors sujet. Si on ne parle pas des réussites de l’UQAM, ils ne prendront pas la peine d’envoyer plus de deux lignes pour répondre aux questions.
À force de se faire dire qu’il n’y a pas de problème à l’UQAM, ce sera peut-être plus facile d’oublier la dégradation des bâtiments, les augmentations de salaire de la direction qui frisent le ridicule devant les coupes exigées aux employés, et la grève qui se dessine. De toute façon, à part les risques de compressions dans le service d’aide aux personnes handicapées, tout roule à l’UQAM.
Frédéric Comeau
Chef de pupitre UQAM
Twitter : @ComeauFred
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