Jean Leloup s’offre les étoiles

Après 30 ans d’une carrière qui n’a rien d’orthodoxe, Jean Leloup remonte sur scène avec un album portant fièrement sa poésie forte et touchante. Le 2 février dernier, à l’occasion de cette renaissance, le grand Jean a invité une poignée d’âmes à s’asseoir avec lui sous la voûte étoilée du Planétarium Rio Tinto Alcan, pour une écoute contemplative de son nouvel opus, À Paradis City.

Assis à la chaleur d’un bon feu, qu’il a fait installer à l’extérieur du Planétarium, Jean Leloup se remémore des bribes de ses voyages:  un chien, qui avait perdu une patte. C’était au Costa Rica. «Ce chien là représente pour moi un humain qui a rêvé, qui a pris des risques, qui a fait le cave et qui a perdu une jambe. Il est rendu tranquille mais il continue à rocker

C’est un moment d’une grande intensité, lorsqu’il déballe ces mots: «tu vas mourir un jour». La mort est omniprésente dans son œuvre. C’est une présence aussi inévitable que la tour du Stade Olympique qui se penche au-dessus de Leloup, alors qu’il prononce cette phrase. On ne peut peut-être pas y échapper, mais on peut faire quelque chose en attendant. «C’est sur que tu vas tomber des fois. Oui, tu vas pleurer parce que tu vas avoir fait des erreurs. Mais au moins tu vas l’avoir fait. Alors, tu y vas, ou tu n’y vas pas», raconte le chanteur.

Un album conçu comme une aventure

Cet album, c’est une histoire qui met en scène plusieurs protagonistes, dix, pour être précis. Des héros, aussi amochés que notre homme, qui racontent leurs erreurs. Des chiens à trois pattes qui ont peut-être cherché, trop loin, un idéal qui n’existe pas.

Dans ses voyages, l’architecte du Dôme et de La Vallée des Réputations ne semble pas s’être assagi. «Je suis très tranquille, pis pas du tout en même temps, parce qu’un humain c’est ça, ça se promène.» Jean Leloup se promène dans le monde, mais aussi entre les émotions. Une éternelle dualité qui l’accompagne dans toutes les chansons de À Paradis City. Que ce soit un papillon «s’élançant vers la mort, poignard à la main» dans la pièce Petit Papillon, ou cet homme qui pleure, alors qu’il est pourtant arrivé à Paradis City, sur le morceau éponyme, ils ne regardent plus vers le ciel, pour ne pas voir les oiseaux s’élancer vers l’hiver dans Les bateaux. Les personnages de son récit musical passent de la sérénité à la colère; ils pleurent et rient en même temps.

Alors, peut-être pour se redonner le moral, Jean Leloup s’est offert le Planétarium. «Je me disais, écouter un album dans un bar, c’est plate. Je voulais des étoiles, parce que c’est un bon album pour rêver» explique-t-il, un grand sourire sur le visage. Et le public a rêvé, si on se fie aux regards émerveillés des gens qui sont sortis du grand dôme de projection du Planétarium. Parce que quoi de mieux qu’un voyage aux confins de la Voie lactée pour écouter une musique qui vient nous chercher aux plus profond des tripes?

C’est un Jean Leloup bien «pucké» qui nous revient: un Leloup à qui il manque peut-être une patte ou deux, mais qui continue d’avancer, pour notre plus grand plaisir.

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