Sur les traces de Réjean Ducharme

L’Hiver de force à pas perdus, relecture originale de L’Hiver de force de Réjean Ducharme, a attiré les visiteurs présents pour le lancement au salon b, le 18 septembre dernier. L’évènement lançait aussi le vernissage de l’exposition de Sylvie Readman, professeure à l’école des arts visuels et médiatiques de l’UQAM, dont les photographies constituent une bonne partie de la publication.

Les visiteurs se sont réunis coin Saint-Laurent et Rachel pour découvrir l’œuvre de trois professeurs : Sylvie Readman, Gilles Lapointe et Élisabeth Nardout-Lafarge. Par un alliage d’images et d’écrits, ils posent un regard neuf sur le roman de Ducharme. Professeure au département des littératures de langue française à l’Université de Montréal, Élisabeth Nardout-Lafarge s’est penchée sur le texte de la publication collective. Elle fait état d’une collaboration à la fois enrichissante et sans anicroche. «C’était formidable, lance-t-elle d’emblée. Grâce à notre travail, on a pu obtenir des couches de lecture différentes de l’œuvre de Ducharme.»

Leur travail collectif juxtapose extraits choisis et photographies imprégnées de l’univers de Ducharme, un monde à la fois urbain et multiculturel, gravitant autour de la rue Saint-Laurent. Les images se divisent en deux volets : on retrouve les archives visuelles produites en 1979 par Gilles Lapointe ainsi que les photographies plus subjectives réalisées en 2012 et 2013 par Sylvie Readman.

Maintenant professeur au département d’histoire de l’UQAM, Gilles Lapointe a récolté ses images d’archive en 1979 avec son collègue Daniel Nault alors qu’il était étudiant libre à l’Université de Montréal. Il décrit comme une enquête policière sa démarche pour retracer le Montréal de Ducharme dépeint dans L’Hiver de force. «Ducharme était très secret, il ne voulait pas se montrer», raconte Gilles Lapointe, qui a retrouvé l’auteur grâce à une information parue dans Le Nouvelliste de Trois-Rivières, selon laquelle il logeait avenue de l’Esplanade. «À partir de petits repères visuels, j’ai pu retrouver l’édifice mentionné dans le roman, et ensuite retracer les autres lieux racontés par Ducharme», explique-t-il. L’œuvre collective présente une sélection des 161 photographies prises à la fin des années 1970.

Gilles Lapointe a réuni des collaborateurs à l’occasion du 40e anniversaire de parution de L’Hiver de force, paru en 1973. Il a invité l’artiste Sylvie Readman à prendre part au projet en créant un contrepoint actuel à ses images d’annales. «J’apporte une dimension plus subjective», explique-t-elle. De ses images se dégage un univers quasi chimérique. «J’ai utilisé de longs temps d’exposition, par exemple, pour offrir une dimension perceptuelle du Montréal décrit par Ducharme», illustre-t-elle.

L’exposition de Sylvie Readman sera tenue au salon b jusqu’au 3 octobre 2014. Une causerie avec les trois créateurs aura lieu le 2 octobre prochain à la librairie Gallimard.

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