L’UQAM saignée à blanc

Prise à la gorge, l’UQAM doit composer avec de nouvelles coupures. Si leurs conséquences restent incertaines, l’atteinte de l’équilibre budgétaire est déjà reportée de deux ans.

Les finances de l’UQAM se font faméliques depuis les plus récentes compressions exigées par le gouvernement du Québec. Après maintes années déficitaires, l’Université doit couper dans son budget une tranche de 6 millions de dollars cette année et de 22 millions pour l’année à venir. Ces coupures s’ajoutent aux compressions de plusieurs millions de dollars annoncées à la fin de l’année dernière. Si les répercussions de ces pertes sont encore inconnues, l’UQAM admet être forcée de reporter de deux ans l’atteinte de l’équilibre budgétaire. Charcuté de tous les côtés, le budget uqamien subit les aléas des orientations austères de Québec.

Le report de l’atteinte de l’équilibre budgétaire était considéré par le Conseil d’administration à la fin de la dernière année. Vu l’état présent des finances de l’UQAM, l’exercice est officiellement allongé jusqu’en 2018 au lieu de 2016. L’Université veut présenter des budgets équilibrés pour les quatre années à venir à l’exclusion de celle en cours.. «La Direction s’est engagée auprès du Conseil d’administration de l’UQAM à élaborer un Plan d’atteinte à l’équilibre budgétaire 2015-2018», confirme la directrice des relations avec la presse et évènements spéciaux de l’UQAM, Jenny Desrochers. Le plan devrait être déposé le 31 octobre prochain, lors de la présentation du budget révisé 2014-2015.

L’exercice financier à venir comporte de nombreux défis. La direction de l’Université a créé un Groupe de travail qui a pour mandat de fournir des pistes de solutions pour poursuivre l’atteinte de l’équilibre budgétaire. À l’heure actuelle, l’UQAM est dans l’incapacité de mesurer les conséquences qu’aura l’état des finances sur les activités universitaires. «Il est encore trop tôt pour déterminer les pistes que les membres du groupe envisageront pour poursuivre l’atteinte de l’équilibre budgétaire et les impacts engendrés sur le fonctionnement administratif et les activités académiques de l’Université», soutient Jenny Desrochers. Elle demande de laisser le temps nécessaire au Groupe de travail pour mener à bout son mandat.

Représentant étudiant au Conseil d’administration de l’UQAM, René Delvaux craint le gouffre financier qui attend l’Université. «Si l’UQAM choisit de faire des compressions dans les services aux étudiants, ou encore dans le milieu académique, ça ne passera pas. Ma collègue Justine Boulanger et moi, nous irons nous positionner contre, et on espère que les professeurs feront la même chose», lance-t-il. Lors de la présentation du budget, l’UQAM a annoncé de rudes prochaines années. «Cette année, il n’y a pas de réinvestissement et les compressions récurrentes s’accumulent», raconte l’étudiant à la maîtrise en science politique. Pendant ce temps, les charges financières vont continuer à s’alourdir. «Actuellement tous les syndicats de l’UQAM sont en train de renégocier leur convention collective pour obtenir des meilleures conditions de travail, ce qui pourrait augmenter les dépenses de l’UQAM en terme de masse salariale», avertit René Delvaux.

Une réduction de l’effectif étudiant est également à prévoir dans les prochaines années, d’après les estimations du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). La politique actuelle de financement des universités est basée sur le nombre d’étudiant en équivalence temps plein (EETP), soit la quantité d’étudiants cumulant 30 crédits par an. Avec une baisse du nombre d’EETP, l’UQAM souffre d’une diminution inévitable des investissements gouvernementaux. D’après les plus récentes prévisions, la population d’EETP passera de 28 528 à 26 336 étudiants d’ici 10 ans.

 

Il pleut des compressions

Outre les nouvelles compressions budgétaires, l’UQAM doit absorber les réductions précédentes demandées par le gouvernement. L’Université est privée d’un demi-million de dollars en vertu de la compression relative à la loi 100, qui la force à réduire ses dépenses de fonctionnement. Le gouvernement Couillard a rejeté la compensation pour l’annulation de la hausse des frais de scolarité de 11,7 millions de dollars prévue par celui de Pauline Marois. Même si l’UQAM n’avait pas tenu compte de ce fond de réinvestissement dans son budget, il s’agit d’un trou de plus dans ses finances. Une compression de 12,4 millions de dollars, annoncée pour les années 2012 à 2014, est désormais récurrente. Elle sera donc maintenue pour les années à venir.

Le gouvernement a obligé l’UQAM à résorber les effets des dernières compressions de 12,4 millions dans les six prochaines années au printemps dernier. Un déficit peut donc être enregistré relativement à cette compression, mais ce montant doit s’amoindrir à chaque année. Afin d’en résorber les effets d’ici 2021, Québec a demandé à l’Université, au semestre dernier, de laisser apparaître seule la moitié de cette compression au manque à gagner de cette année. L’UQAM peut toutefois enregistrer une seconde portion de déficit, conformément au Plan de retour à l’équilibre budgétaire 2009-2016. Un double déficit est donc permis, c’est-à-dire celui enregistré dans le cadre de la compression gouvernementale et du Plan de retour à l’équilibre budgétaire 2009-2016. Ils totalisent un montant déficitaire de 10,1 millions de dollars pour l’année en cours. Devant l’une de ses plus graves crises financières, l’UQAM est dans l’attente du Groupe de travail qui examine toutes les solutions pour atteindre l’équilibre budgétaire.

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