Comme toute bonne finissante du domaine des sciences de nuage, j’adore mon programme, mais voilà qu’avec la neige qui fond, je développe une légère angoisse. Et si j’avais tout fait ça pour rien? Bien sûr, toutes études, qu’elles mènent ou non au domaine de l’emploi sont utiles, ne serait-ce que pour la culture générale, si souvent pleine de lacunes de notre génération hashtag. Le point a déjà été fait sur la question dans notre édition précédente. Mais n’empêche, tout finissant de tout baccalauréat espère travailler dans un domaine qu’il aime et, si possible, le faire pour un peu plus que le salaire d’un commis dans un magasin grande surface. Alors que les questionnements s’accumulent, voilà que Statistique Canada arrive avec des réponses toutes faites sur un plateau d’argent. Sur une période de 20 ans, une diplômée universitaire gagnera 448 000 $ de plus en moyenne qu’une diplômée du secondaire. Pour les hommes, c’est 732 000 $ de plus pour un bachelier. Un beau nanane finalement. De gros montants, qui font foi de l’importance pour le compte en banque d’études universitaires. Mais aussi, qui témoignent de l’absurdité de l’envie des recteurs, du nôtre en l’occurrence, de vouloir adapter les cycles supérieurs sur la réalité du marché.
Arrêtez tout, vos chers diplômés font déjà la palette, sans avoir besoin de s’inventer un intérêt pour les moteurs de Bombardier ou les comptes en banque des clients de chez Desjardins. Ces chiffres posent aussi un autre problème, celui de la précarité dans laquelle vit la population qui n’a qu’un diplôme de secondaire 5. Pour une femme de 35 ans diplômée du secondaire, ce sont seulement 20000$ qui s’accumulent dans son compte chaque année. Pour être considéré comme une personne à faible revenu, un individu devait faire moins de 22000$ par année en 2011. Une addition simple permet de déduire que les études supérieures sont encore trop inaccessibles pour beaucoup de gens. Et c’est là que je mesure ma chance, d’avoir mon presque baccalauréat en poche. Un bac, ça change pas le monde sauf que…
Sandrine Champigny
Rédactrice en chef
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