La fin du café des langues et communication

Des dettes faramineuses et un manque de revenus en raison de la pandémie forcent le Café Tasse-toi, situé au deuxième étage du pavillon J.-A.-DeSève, à fermer ses portes. L’Association facultaire étudiante des langues et communication (AFELC) a accepté d’offrir son aide au café, indépendant depuis janvier 2017.

Depuis quelques années, le Café Tasse-toi a des problèmes de gestion et de finance. Sa gestionnaire, Sophie Girard, rapporte que son équipe, qui a pris le relais  à l’automne 2019, a remarqué « un ou deux mois plus tard » que l’entreprise avait plusieurs dettes. Le montant à rembourser est environ de 15 000 $. 

Elle précise que les membres de l’ancienne équipe « n’étaient pas au courant de l’ampleur de la dette, puisque que c’était en lien avec un rapport d’impôt qui n’avait pas été produit à ce moment. » Selon le procès-verbal de l’assemblée générale de l’AFELC du 2 février, « une grande partie de ces dettes sont avec Revenu Québec et l’Agence du revenu du Canada. »

Le directeur parlementaire du budget à Ottawa, Yves Giroux, explique qu’il existe deux grands types de dettes qu’une entreprise comme le Café Tasse-toi pourraient avoir auprès des autorités fiscales : les « taxes de vente que le café perçoit sur ses ventes » et les « revenus à la source sur les paies des employés », comme les cotisations sociales. 

La coordonnatrice de l’AFELC Amanda Masson spécifie que les autres dettes concernent quelques fournisseurs, leurs assurances et les Services à la vie étudiante de l’UQAM.

Mme Girard indique que l’entreprise, qui est enregistrée dans le Registre des entreprises du Québec comme une organisation à but non lucratif (OBNL), avait entamé ses remboursements jusqu’au moment où la pandémie a forcé sa fermeture en mars 2020. Elle explique que le manque de revenus a empêché le café de rembourser ses dettes qui se sont accumulées. Plusieurs aliments ont également été perdus lors de la fermeture. 

Par ailleurs, Mme Girard signale que les employé(e)s sont des étudiants et étudiantes qui sont présentement à leur dernière session à l’UQAM ou qui ont déjà quitté l’université, ce qui « empêche d’assurer la relève. » 

Dépourvu de moyens pour payer ses dettes, le Café Tasse-toi a demandé de l’aide à l’AFELC. Le conseil exécutif de l’association a exigé la fermeture du café le 7 décembre 2020 avant d’offrir son soutien pour éviter des problèmes légaux pouvant empêcher l’ouverture d’un autre café au cours des prochaines années. La possibilité de transférer l’entreprise à d’autres personnes n’a pas été envisagée en raison des nombreuses dettes.

Selon le procès-verbal de l’assemblée générale de l’AFELC du 2 février, l’association va faire « un don pour payer les dettes du Café Tasse-toi jusqu’à concurrence de quinze mille dollars (15 000 $) » et « le conseil exécutif a déjà accordé un prêt sans intérêt de 700$ au Café Tasse-toi ».

Le café avait déjà été associé à l’AFELC dans le passé, mais il était indépendant depuis quelques années. Cette décision avait été prise à la suite d’une proposition adoptée en 2015 dans une assemblée générale de l’AFELC qui avait proposé de répartir le café par son autogestion. 

La majorité des employé(e)s actuel(le)s du café sont des membres de l’AFELC, ce qui a motivé l’association à offrir son aide. 

La coordonnatrice de l’AFELC Amanda Masson ajoute que les Services à la vie étudiante de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui avaient déjà offert des subventions au café, étaient également au courant de la situation. 

Une recherche de financement difficile

Pour avoir l’appui de l’AFELC dans le processus de fermeture du café, les membres de l’association ont été soumis à un vote adopté à l’unanimité lors de l’assemblée générale du 2 février dernier. 

Dans le cas contraire, Sophie Girard explique que deux options s’offraient à son équipe : soit les membres allaient « rembourser les dettes par leurs propres moyens » ou soit ils allaient « déclarer faillite et avoir un dossier de faillite à leur nom personnel. » La deuxième alternative était la plus menaçante, car elle pouvait également empêcher les deux employé(e)s français(es) d’avoir un permis de travail au Canada dans le futur. 

Selon plusieurs expert(e)s contacté(e)s par le Montréal Campus, les propriétaires d’une entreprise sont normalement les seules personnes solvables et non tous les employés. La gestion du café n’a pas été en mesure d’expliquer clairement pourquoi ses employés étaient solvables. 

La coordonnatrice de l’AFELC Amanda Masson précise que les impacts d’une faillite pour le café ont également motivé l’association à offrir son soutien. 

Le café n’a pas été en mesure d’adhérer aux différents programmes d’aide pour les entreprises mis en place par les gouvernements. Selon Sophie Girard, l’entreprise ne pouvait pas « se qualifier pour certaines subventions », car elle ne payait pas de loyer. 

La gestionnaire du café n’a pas été en mesure d’expliquer les causes qui l’excluaient des subventions salariales. Cependant, Mme Girard a spécifié que les employé(e)s, sauf leurs collègues français, ont reçu la Prestation canadienne d’urgence (PCU) pendant quelques mois. 

M.Giroux précise que plusieurs facteurs peuvent motiver les entreprises à fermer malgré les programmes d’aide et les subventions offerts par les gouvernements en raison de la pandémie : « les difficultés qui étaient présentes au sein de l’entreprise avant la crise », « la difficulté de garder la main-d’oeuvre » et « les difficultés d’approvisionnement par les fournisseurs. » 

Pour ces entreprises, M. Giroux indique que la pandémie est un « coup de trop » et que lorsque la situation va revenir à la normale, « elles vont être plus endommagées et plus en mauvaise posture. » Ainsi, il révèle que « cela ne vaut plus la peine d’essayer » de trouver des moyens pour continuer de faire fonctionner ces entreprises. 

Les prochaines étapes 

À la suite du vote adopté le 2 février dernier, une rencontre a eu lieu entre les membres du conseil d’administration du café pour discuter des propositions. Un procès-verbal a ensuite été transmis à l’AFELC pour commencer le processus de fermeture. 

Mme Masson précise que par la suite, l’association pourra prendre les moyens nécessaires afin de rembourser les dettes. En effet, selon le procès-verbal de l’assemblée générale de l’AFELC du 2 février, « les Services à la vie étudiante informeront et dirigeront les différents créanciers vers l’association étudiante. » 

Elle signale que la corporation du café devra également être fermée dans le Registre des entreprises du Québec.

L’avenir de l’emplacement et de l’équipement

L’espace du café Tasse-toi, qui devait déménager dans le pavillon V de l’UQAM et son matériel, comme les réfrigérateurs et les machines à café, vont être repris par l’AFELC selon les propositions qui ont été adoptées lors de l’assemblée. 

Amanda Masson précise que les étudiants et les étudiantes auront accès à cet espace pour faire des travaux d’équipe ou pour relaxer. Elle ajoute que des activités non commerciales pourront aussi être organisées et que l’association pourrait ajouter temporairement des divans et une machine pour faire son propre café. 

Dans un plan à long terme, Mme Masson estime qu’il y a toujours la possibilité d’ouvrir un autre café, car l’AFELC va avoir le matériel et l’espace pour le faire. Elle croit que cela pourrait « faire vivre ce pavillon » qui ne possède actuellement aucun café étudiant. « Il va juste manquer des nouvelles personnes motivées pour s’occuper du nouveau café », conclut-elle.

Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *