Elle a fait ses premiers pas dans l’industrie cinématographique il y a un peu plus de cinq ans. Maria Gracia Turgeon, deux fois nominée aux Oscars pour ses courts métrages, connaît déjà une fulgurante carrière en tant que productrice. Portrait d’une féministe de 29 ans qui espère accroître la place des femmes dans le cinéma, un film à la fois.
Diplômée de l’UQAM en communication (stratégies de production culturelle et médiatique) en 2013, Maria Gracia Turgeon trouve l’idée de devenir productrice à l’université, alors que différentes rencontres avec des acteurs de l’industrie du cinéma la motivent à s’y plonger. Ayant toujours aimé l’art de raconter des histoires, elle choisit d’en faire son métier. Quelques années après l’obtention de son diplôme, elle cofonde Midi la Nuit, sa maison de production.
« Je ne suis pas une cinéphile finie, admet-elle. Je ne connais pas tous les réalisateurs et réalisatrices de ce monde, mais j’aime énormément le cinéma et l’impact qu’il peut avoir sur une personne. » Elle considère d’ailleurs que cette passion pour le septième art constitue l’une de ses plus grandes forces, avec sa créativité.
Son amour du cinéma se traduit principalement par la scénarisation, son étape favorite de la production. Recevoir un scénario, le lire et échanger avec ses collègues afin d’amener le projet le plus loin possible, c’est ce qui l’anime. « Je ne suis pas une grande trippeuse de plateau. J’aime vraiment l’écriture sous toutes ses formes, autant le développement que la postproduction. J’aime voir le film prendre vie », détaille-t-elle de façon pétillante.
Le féminisme et le cinéma
Lorsqu’on est une femme dans le monde du cinéma, être féministe est un incontournable, selon Mme Gracia Turgeon. Le milieu cinématographique ayant longtemps été majoritairement masculin, elle estime « qu’il était temps de faire de la place aux femmes », une place qui n’est pas encore entièrement acquise.
« Je trouve un peu rude de me dire que quand on cherche à nommer cinq réalisateurs, […] on a de la difficulté à nommer des femmes, » se désole-t-elle. Ce constat est le résultat du manque de figures féminines dans l’industrie. S’encadrer de consœurs lors de ses projets est important pour elle, cela lui vient naturellement. Elle a d’ailleurs récemment travaillé avec des équipes composées majoritairement de femmes. Selon elle, travailler le plus possible avec un groupe féminin, tout en mettant en lumière leur travail, peut être un bon pas afin d’accroître la place des femmes dans l’industrie.
« Je crois que c’est autant à l’écran que derrière l’écran qu’on doit chercher à changer l’image de la femme au cinéma, […] notamment en mettant en valeur des personnages féminins forts », explique-t-elle. La productrice désire voir encore davantage de rôles féminins ayant d’autres quêtes que celle de tomber amoureuse du protagoniste masculin. Plus elle constate l’ampleur du débat, plus elle essaie d’y prendre part de façon quotidienne.
Une fierté au-delà du succès
Les plus grandes fiertés professionnelles de Maria Gracia Turgeon sont les films qu’elle produit et ses collaborations, et non le parcours du film dans les festivals. Bien qu’elle reconnaisse l’envie de voir ses œuvres se démarquer, c’est ce qu’elle a réussi à créer avec son équipe qui lui importe davantage. Elle accorde également une grande importance à l’impact qu’un film peut avoir sur son public.
La productrice accorde que les nominations aux Oscars et au festival du film de Sundance ont été de superbes expériences. Toutefois, elle ne considère pas que ses accomplissements sont la raison d’être de sa carrière : « le but de ma carrière n’est pas de me dire “mon film s’est rendu là”, mais plutôt de me dire “j’aime mon film, je crois que le public l’a apprécié et que j’ai réussi à avoir un impact grâce à celui-ci.” »
Dans le cadre du festival Plein(s) Écran(s), Maria Gracia Turgeon offre une classe de maître, animée par Paul Landriau. La classe se déroulera en direct sur Facebook, le 23 janvier à 16h.
Mention photo Vincent Gonneville
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