À la défense des droits étudiants depuis 50 ans

La communauté étudiante de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) est reconnue pour son militantisme et son implication. Que ce soit pour les frais de scolarité ou l’accès à l’éducation, ou plus récemment pour la cause  environnementale et la rémunération des stages, les associations étudiantes ont un impact concret sur la vie universitaire depuis 1975.

Auparavant, les premières revendications des associations étudiantes concernaient l’accès à l’éducation, le Programme de prêts et bourses, le paiement des frais de scolarité et la justice sociale. Cependant, de nouvelles luttes sont apparues au cours des dernières années. « Les revendications des associations étudiantes s’inscrivent dans des contextes qui sont perpétuellement changeants », spécifie le professeur de sociologie au Collège Laflèche Charles Carrier-Plante.

En effet, la coordonnatrice de l’Association Facultaire Étudiante Étudiante de Langues et Communication (AFELC), Amanda Masson, rapporte que les associations étudiantes ne militent plus nécessairement pour les mêmes raisons, car les défis changent. « Mais il y a certains enjeux qui restent, comme l’environnement qui est un sujet de débat depuis longtemps », ajoute-t-elle.

Certaines revendications sont aussi revenues, comme la rémunération des stages, qui est un enjeu historique pour l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE). Toutefois, le responsable aux communications et à la mobilisation de l’ADEESE, Simon-Pierre Mercille, insiste sur le fait que son organisation ne revendique pas la rémunération des stages pour le milieu de l’enseignement uniquement : elle la réclame dans l’ensemble des programmes offerts à l’UQAM. « C’est le coeur de nos revendications en ce moment », affirme-t-il.

Dernièrement, plusieurs causes actuelles, comme les luttes pour les droits autochtones et les luttes antiracistes, sont devenues des revendications importantes pour certaines organisations étudiantes.

La pandémie de la COVID-19 a aussi accentué des enjeux importants : la flexibilité de l’université en temps de pandémie quant à la situation des parents étudiants et des étudiant(e)s internationaux et internationales. 

Des fonctions fondamentales conservées

La principale mission des associations étudiantes de l’UQAM n’a pas changé au fil des années : défendre et représenter leurs membres, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’université. Ces organisations soutiennent leurs intérêts sur les plans académique et professionnel, mais aussi politique et social.

Plusieurs services sont offerts par les associations, comme des services de soutien, des services de vente de livres usagés, des subventions, des bourses et des assurances collectives. Elles organisent également des activités et des événements pour rassembler leurs membres.

La présidente de l’Association des étudiants et étudiantes en droit de l’UQAM (AEDUQAM), Dalia Mihai, mentionne que son organisation, composée d’une dizaine de comités formés par ses membres, incite sa communauté à créer des initiatives, une nouveauté depuis quelques années. 

Les organisations étudiantes ont conservé leurs principales fonctions au fil des années, mais la présidente de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AéESG), Thalie Monette, signale que les membres des conseils exécutifs changent. « Les croyances, les objectifs et les désirs des exécutants ne sont pas tous les mêmes chaque année », explique-t-elle.

Histoire des associations

À l’heure actuelle, l’UQAM est l’une des seules universités à ne pas avoir d’association générale étudiante : elle compte sept associations facultaires et 82 associations modulaires. Selon M. Carrier-Plante, ses organisations emblématiques reflètent la singularité de la dynamique de l’UQAM. 

Après plusieurs tentatives de création d’une organisation globale pour la communauté étudiante de l’université, l’Association générale des étudiants de l’UQAM (AGEUQAM) est fondée en 1974. Au milieu des années 1990, elle change son nom pour devenir l’Association générale étudiante des secteurs sciences humaines, arts, lettres et communications de l’UQAM (AGEsshalcUQAM).

Une divergence d’idées et d’intérêts entraîne la désaffiliation de certaines facultés avec l’AGEUQAM en 1986. Trois nouvelles associations facultaires sont créées : l’Association des étudiants du secteur de la Formation des Maîtres (ADESFM) qui deviendra l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE) en 1991, l’Association étudiante du secteur des sciences (AESS) et l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AéESG).

En 2002, un référendum a lieu pour savoir si les membres de l’AGEsshalcUQAM croient que l’association étudiante les représente convenablement. La majorité vote non.

La fin de la AGEsshalcUQAM amène la création de quatre autres associations facultaires : l’Association facultaire étudiante des arts (AFEA), l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) et l’Association facultaire étudiante de lettres, langues et communication (AFELLC). Lors du départ de la faculté de littérature du département de communication, l’AFELLC change son nom pour l’Association Facultaire Étudiante de Langues et Communication (AFELC).

Un retour impossible

La déléguée étudiante au conseil d’administration de l’UQAM, Stéphanie Thibodeau, ne croit pas que la communauté étudiante désire une nouvelle association générale dans les prochaines années. Selon elle, les étudiants et les étudiantes préfèrent avoir plusieurs représentants et plusieurs représentantes plutôt qu’une seule personne mandatée de défendre leurs intérêts.

Carrier-Plante est convaincu qu’il n’y a aucune chance pour le retour d’une association générale à l’UQAM. « Les divisions sont trop grandes entre les populations étudiantes qui ne voient pas la vie associative de la même manière », ajoute-t-il.

À travers les années, la population étudiante de l’UQAM demeure profondément engagée dans diverses causes. « La base de défense reste des enjeux sociaux, de vouloir traiter de ce qui se passe. Cela reste et cela n’a pas tant bougé », conclut Amanda Masson.    

Cet article est paru dans l’édition papier du 1er décembre 2020.

Mention photos : Lila Maitre | Montréal Campus

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