Aux racines du GHB

Black-out ou soirée inoubliable ? La ligne peut être mince entre sentiment d’euphorie et conséquences irréversibles lors d’une ingestion de GHB, aussi connu sous le nom de « drogue du viol ». Explications.

De son nom complet gamma-hydroxybutyrate, le GHB est un dépresseur, qui, consommé à petite dose, cause une désinhibition. « C’est très semblable aux effets de l’alcool, mais avec une toxicité moindre et moins de mal de tête le lendemain », soulève le professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal Jean-Sébastien Fallu. Les effets se font sentir très rapidement, habituellement 20 minutes après l’ingestion de la substance.

Selon Santé Canada, le GHB, présenté sous forme de liquide inodore, peut également causer de la somnolence, de l’euphorie et des étourdissements.

Il est possible qu’une perte de mémoire rétrograde survienne, soit le fait qu’« une personne va perdre la mémoire des événements depuis le début de l’action du GHB jusqu’à ce que le GHB soit complètement éliminé et qu’elle revienne consciente », explique le pharmacien toxicologue à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) Pierre-André Dubé.

Lorsqu’une personne consomme une forte dose de GHB, elle peut « convulser, tomber dans le coma et en décéder », analyse M. Dubé, soutenant que la substance peut alors devenir un anesthésique.  

Environ 75 % des personnes consommant du GHB le font en tandem avec une autre drogue, que ce soit l’alcool, le cannabis ou encore l’ecstasy, selon l’INSPQ. Dans ces cas, les effets sont décuplés, ce qui diminue fortement les quantités nécessaires pour que la substance devienne létale. « Ça peut être divisé par deux ou encore moins dépendamment de la personne », soutient Pierre-André Dubé.

Détection difficile

Déjà présent de façon naturelle dans le corps humain, le GHB « agit à titre de dépresseur, ralentissant l’activité du système nerveux », indique Santé Canada sur son site Web.

Lorsque consommé, il se dissout entre 12 et 24 heures après l’ingestion. Le processus de détection doit donc avoir lieu rapidement pour en trouver des traces dans le système. Dans le cas d’une agression sexuelle, par exemple, les délais de traitement avant d’utiliser une trousse médico-légale dans un établissement de santé font en sorte que la substance est déjà éliminée avant de pouvoir interpréter les résultats, souligne M. Dubé.

Véritable « drogue du viol » ?

Alors que Santé Canada appose l’étiquette de « drogue du viol » au GHB, en raison de « ses effets sédatifs [qui] empêchent les victimes de résister à une agression sexuelle », plusieurs experts remettent en question cette dénomination. « Le GHB, à la base, est une substance qui est consommée de façon totalement volontaire », affirme Jean-Sébastien Fallu.

Pierre-André Dubé, pour sa part, considère que la véritable « drogue du viol » serait l’alcool. Selon ses discussions avec le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec, « dans les cas de soumission chimique, l’alcool est la principale [drogue] ».

Selon les données d’Éduc’alcool, cette substance serait en cause dans 75 % des cas d’agression sexuelle dans la province.

infographie: LUDOVIC THÉBERGE MONTRÉAL CAMPUS

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