Stagiaires en colère

Plus de 19 000 étudiants à travers le Québec sont en grève le 16 février pour réclamer la rémunération des stages. Une manifestation aura lieu à Québec en marge du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre, car plusieurs craignent que les décisions prises lors de ce sommet ne soient pas à l’avantage des étudiants et étudiantes.

« J’ai 31 ans et je suis retournée aux études en éducation, en adaptation scolaire et sociale au secondaire », témoigne l’une des membres au Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE UQAM), Valérie Simard. « Je suis en troisième année, donc j’ai déjà réalisé trois stages qui totalisent presque 30 semaines à temps complet de stage non rémunéré. En quatrième année, je devrai réaliser un stage de trois mois à temps complet non rémunéré. »

Mme Simard se considère « chanceuse » de ne pas avoir à subvenir aux besoins d’une famille, mais elle explique que c’est le cas de plusieurs étudiants dans son domaine. « Nous sommes majoritairement des femmes et sommes contraintes à travailler à temps plein sans être payées en plus de devoir travailler pour payer nos études et tout ce qui a trait à la vie courante », déplore-t-elle.

Pour Valérie Simard et Annabelle Berthiaume, toutes les deux impliquées au sein du CUTE UQAM, il est indéniable que ce manque de rémunération surgit principalement dans des domaines d’étude à majorité féminine. « Il y a une dévalorisation du travail des femmes qui est le fondement de l’exploitation », estime Annabelle Berthiaume.

Plusieurs étudiants touchés

« L’ADESSE a comme revendication depuis longtemps la rémunération des stages en enseignement », explique le responsable des affaires externes de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM (ADEESE), Antoine Pigeon.

Le 13 janvier dernier, les membres de l’ADEESE ont ouvert le bal de la grève à l’UQAM en votant pour la tenue d’une grève le 16 février afin de participer à la manifestation de Québec et revendiquer « la rémunération de tous les stages de toutes disciplines, et ordre d’enseignement confondu », indique Antoine Pigeon. Dans les semaines qui ont suivi, l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), l’Association facultaire étudiante de langues et communication (AFELC) et l’Association facultaire étudiante des arts (AFEA) de l’UQAM ont emboîté le pas.

Selon les informations du CUTE, plusieurs associations étudiantes de partout au Québec sont mobilisées pour l’occasion (voir tableau). Sur les différents événements Facebook de la Campagne unitaire sur le travail étudiant et du Front national de l’ASSE à Québec (FRAQ), il est indiqué que des bus partiront en matinée de Montréal, St-Jérôme, Gatineau et Sherbrooke pour converger vers la même manifestation.

« Le but, c’est qu’on se joigne à la manifestation qui est organisée là-bas par le FRAQ, le front régional de l’ASSE à Québec, un rassemblement d’associations étudiantes. Il y a aussi le CUTE qui va être un peu partout », indique le secrétaire à la mobilisation de l’AFESH, Billy Savoie.

Comme l’explique le jeune militant, l’Association facultaire étudiante des sciences humaines de l’UQAM revendique également une hausse du salaire minimum à 15 $ de l’heure. « C’est un des enjeux de notre campagne annuelle qui tourne autour de la précarité étudiante et du travail étudiant », déclare-t-il.

Le Rendez-vous national sur la main-d’œuvre est un rassemblement organisé par le gouvernement libéral provincial où sont notamment conviés les représentants patronaux et syndicaux pour discuter du développement économique du Québec et du marché du travail. Lors de ce sommet, l’un des trois principaux thèmes abordés sera « le développement des compétences et la formation continue », selon un communiqué publié le 11 novembre 2016 sur le site du gouvernement du Québec. Un enjeu qui touche beaucoup d’étudiants universitaires au premier cycle, particulièrement ceux en éducation.

Photo: LÉA MARTIN MONTRÉAL CAMPUS
Annabelle Berthiaume (à gauche) et Valérie Simard (à droite)

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