Les étudiants sans voix

Dans la foulée des menaces d’expulsion et de suspension à l’UQAM, un représentant étudiant sur le conseil d’administration s’est vu retirer son statut d’étudiant.

La direction de l’UQAM a fermé le dossier académique d’un des deux étudiants membres du conseil d’administration, René Delvaux, qui s’estime victime de répression politique. La direction invoque quant à elle un dépassement des délais dans sa demande de prolongation de maîtrise. L’étudiant en science politique est expulsé de son programme depuis le 20 mars.

Alors que quelques associations étudiantes de l’UQAM entament leur cinquième semaine de grève, la mobilisation vise maintenant davantage à soutenir les étudiants menacés d’expulsion qu’à s’opposer aux compressions dans le secteur public. Les associations revendiquent donc l’arrêt des procédures à l’endroit des neuf étudiants qui passeront devant une instance disciplinaire de l’UQAM.

René Delvaux n’est pourtant pas compté parmi les neuf étudiants dont il est question depuis quelques semaines. «S’ils ont quelque chose à me reprocher quant à mon comportement dans l’université, qu’ils suivent le même processus que les autres, même si ce processus-là est biaisé et injuste, se désole-t-il. Je ne sais pas ce que j’ai fait, j’aimerais bien le savoir et ils refusent de me le dire. Je ne comprends absolument pas la situation actuelle.»

René Delvaux a accepté de rencontrer le Montréal Campus pour parler de sa situation. «Le 20 mars dernier, […] mon dossier étudiant était fermé sous prétexte de refus par le bureau de Diane Demers d’accepter ma demande de prolongation», raconte René Delvaux en faisant référence à la possibilité qu’ont les étudiants à la maîtrise de prolonger leurs études universitaires. Selon lui, cette prolongation doit être approuvée par le vice-rectorat aux Études et à la Vie étudiante, le bureau de Diane Demers. «Elle dit que j’ai dépassé les délais, ce qui est faux en terme de pratique, puisqu’on a compilé des exemples, dans tous les départements, où des délais pires que les miens ont été acceptés», ajoute-t-il.

Toujours selon René Delvaux, qui tente de regagner son statut d’étudiant, plusieurs membres du programme de science politique avaient appuyé sa demande de prolongation. «Le directeur de mémoire, le directeur de programme, le vice-doyen, me connaissent tous les trois et ont approuvé mon dossier académique.» Le directeur des études de deuxième cycle en science politique, Dan O’Meara, a refusé de commenter la situation, de même que Diane Demers, qui n’a pas répondu aux demandes d’entrevues du Montréal Campus.

La vice-rectrice Diane Demers aurait fait fi des intervenants du programme qui appuient la prolongation de René Delvaux. «L’assemblée départementale des professeurs de sciences politique a aussi adopté une résolution à l’unanimité visant à l’acceptation de ma prolongation. Diane Demers a refusé cette proposition. Le doyen l’a lui-même interpellée pour lui faire entendre raison, mais elle demeure catégorique», explique-t-il, visiblement atterré par la situation.

Le conseil d’administration, un champ de bataille

Selon René Delvaux, le conseil d’administration, formé entre autres de trois membres de la direction, dont le recteur Robert Proulx, de trois professeurs, de deux étudiants et d’un chargé de cours, mettra bien du temps à lui trouver un remplaçant. Les membres du conseil d’administration sont élus à la suite d’une campagne électorale et d’une période de vote électronique.

La directrice des communications de l’UQAM, Jennifer Desrochers, confirme qu’il y a un poste vacant sur le conseil d’administration, sans indiquer si le conseil a l’intention de le combler. Selon la Loi sur l’Université du Québec, le conseil d’administration de l’université est composé de 16 membres dont «six personnes nommées par le gouvernement, sur la recommandation du ministre […] dont deux étudiants de l’université constituante, nommés pour deux ans et désignés par les étudiants de cette université.»

L’ex-membre étudiant du conseil d’administration est catégorique. «[Cette situation] a toutes les apparences d’une instrumentalisation d’un dossier académique pour m’exclure de mon programme en évitant de me faire passer comme les autres devant un comité de discipline.»

Il dénonce aussi la guerre de tranchée qui fait rage à l’UQAM. «Il semble y avoir une intransigeance des deux côtés. Il n’y a plus d’endroit pour que les gens s’expriment de façon légitime, donc c’est normal que les gens manifestent, qu’ils soient fâchés et qu’ils s’expriment autrement. C’est pas comme ça qu’on règle des conflits.».

Les étudiants menacés d’expulsion ou de suspension seront convoqués devant le comité disciplinaire après le 24 avril. Le comité n’a pas précisé davantage le moment de leur comparution.

 

Crédit photo: Alexis Boulianne

Sur la photo: le pavillon Athanase-David, où logent les bureaux de la direction de l’UQAM, recouvert de peinture à la suite d’une manifestation le 20 avril

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