Sous le toit du monde

La journaliste indépendante Anne Pélouas signe avec son premier livre Les Inuits résistants! une ode à la beauté des territoires et des peuples autochtones nordiques.

Anne Pélouas se décrit comme une spécialiste du plein air. Le terme journaliste d’expédition pourrait aussi décrire cette québécoise d’origine française qui s’est rendue dans le grand nord canadien douze fois en quinze ans. À travers ses voyages arides sur le passage du Nord-Ouest ou encore sur l’île d’Ellesmere, la plus au nord de l’Archipel arctique canadien qu’on qualifie parfois de toit du monde, c’est le peuple Inuit qui l’a le plus frappée. «C’est une communauté emblématique pour le Canada, croit-elle. Et leur culture est loin d’être éteinte!».

Ce projet de livre, qui sera disponible au Québec le 28 avril, prend donc la forme d’un immense reportage sur le sujet. À travers les récits de voyages, entrevues et statistiques, c’est le côté humain du peuple Inuit qui est sous la loupe de la journaliste. «Il suffit de s’ancrer un peu dans leur communauté pour être frappé par leur valeur de partage», croit la correspondante au Canada du quotidien français Le Monde. Le livre, explique-t-elle, se veut un regard d’une grande sensibilité sur une communauté trop souvent stigmatisée. «On connait les problèmes de suicide des Inuits, mais peu de gens peuvent décrire l’immense évolution de l’art visuel au Nunavut du dernier siècle qui a produit des talents immenses tel Kenojuak Ashevak», souligne-t-elle. Un des témoignages les plus touchants pour l’exploratrice est très certainement celui d’Adam Tanuyak, connu sous le nom de rappeur Hyper T. «Je suis très fière de cette rencontre et de son œuvre», raconte-t-elle. Adam est porte-parole aux premières loges pour dénoncer les ravages des problèmes sociaux et de santé que vivent les Inuits du Nord canadien.

Futur compromis

La plongée dans le territoire québécois a aussi permis à Anne Pélouas de constater l’ampleur des changements climatiques. Si celle-ci croit que le futur accord du passage du Nord-Ouest ne sera pas nécessairement en faveur du Canada, elle ne s’inquiète pas pour l’avenir des peuples nordiques. «Les Inuits ont une énorme capacité d’adaptation, énonce-t-elle. Il y a quelques générations déjà qu’on ne naît plus dans les igloos». Pour la collaboratrice du magazine Géo Plein Air, cette communauté a su concilier tradition et modernité. «De plus en plus de chasseurs portent un GPS, ont des Ipad tout en parlant leurs langues», soutient-elle. Sans vouloir trop s’avancer sur l’actualité, Anne déplore le peu de place accordé aux peuples autochtones dans le discours politique du Québec. «Le Plan Nord ignore les communautés autochtones touchées» croit-elle.

Au final un travail de lumière, selon elle, sur une communauté considérée trop souvent sous un angle négatif, Les Inuits résistants! n’est pas le dernier travail d’Anne Pélouas. «Je veux aller plus loin, plus longtemps!», exprime-t-elle fièrement.

Les Inuits résistants!, Anne Pélouas, Ateliers Henry Dougier (France), 2015.

Crédit photo: Bertrand Lemeunier

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