À l’ombre de la peur

Le Service de la prévention et de la sécurité (SPS) a sondé au cours des derniers mois les occupants de l’UQAM sur leur sentiment de sécurité. Après être allé de l’avant en 2012 avec l’installation de caméras, un projet généralement réprouvé par la communauté, le directeur du SPS Alain Gingras fait un pas dans la bonne direction en sollicitant et récoltant des avis. La manœuvre mérite d’être saluée: il semble se passer quelque chose pour améliorer la vie sur le campus.

Toutefois, aucun sondage n’était nécessaire pour constater que bien peu d’étudiants sont prêts à faire face à une situation de danger. L’éducation est toujours un meilleur gage de sécurité qu’une caméra ou un gardien. Le laps de temps qui s’est écoulé entre l’alarme et l’évacuation de toute la communauté universitaire du pavillon Judith Jasmin la session dernière montre la difficulté de garantir la survie de tous en cas d’incendie. Qui peut par ailleurs se piquer d’être sensibilisé par la présence de nombreuses seringues que l’on retrouve dans les toilettes?

L’UQAM est-elle sécuritaire? La rue St-Denis est-elle sécuritaire? Avez-vous peur des personnes handicapées mentales qui traînent dans la rue? Tout le monde devrait avoir peur d’elles, puisqu’elles se piquent sûrement, non? On peut consacrer de longues études au «sentiment de sécurité» des occupants de l’UQAM. Mais cela ne balaiera pas le fait que les dangers résident souvent dans le préjugé et la peur de l’Autre. Ce dont il faut se préoccuper, c’est d’assurer la sécurité de tous concrètement, sans se soucier que monsieur untel ait davantage la trouille que son collègue lorsqu’il circule dans l’UQAM. Le Service de la prévention et de la sécurité compose avec un environnement davantage à risque que celui des autres universités. Le Centre-Ville est l’endroit parfait pour un attentat. Pourquoi ne pas préparer au pire les gens qui y gravitent?

Il faut récolter de vraies données: celles qui font état des incidents à l’intérieur et autour de l’UQAM, et pas répertorier les sentiments de tout un chacun. Il faut faire connaître aux étudiants et enseignants les risques auxquels ils se heurtent, pour les préparer adéquatement. Là où il faut mettre des efforts, c’est dans la prévention des incidents. Historiquement, dans les universités, il y a eu aussi peu de feux que de tueries, et pourtant on y pratique annuellement l’évacuation en cas d’incendie. Si un tireur en venait à entrer dans l’UQAM, comme le craint Alain Gingras, ce ne sont pas les caméras qui nous protégeraient, mais la réaction que nous aurions.

Catherine Paquette

Rédactrice en chef

 

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