Combien de gens téléchargent illégalement de la musique? Presque tout le monde n’est-ce pas? En raison de cette facilité que nous donne Internet d’avoir tout gratuitement et rapidement, l’industrie musicale est en crise. En cette troisième journée du festival Pop Montréal, Patrick Watson (artiste montréalais), Justin West (président de l’étiquette Secret City) et Susan Abramovitch (éminente figure du droit du divertissement canadien) se sont réunis pour réfléchir sur la situation et apporter des solutions.
Depuis les cinq dernières années, l’industrie de la musique a subi un changement drastique. Selon Justin West, le téléchargement représente désormais près de 30% des revenus de l’industrie. À cause de ce fléau, les compagnies d’Internet comme Bell et Vidéotron se font de l’argent en chargeant des sommes faramineuses pour des connexions haute vitesse. «C’est paradoxal parce que pendant ce temps là, les artistes ne font aucun argent, dénonce Patrick Watson. Ces compagnies sont littéralement en train de faire de l’argent sur notre dos!» L’effet pervers du téléchargement de musique est la montée des prix de billets de concert. Puisque l’artiste ne fait plus d’argent en vendant ses disques, il doit gonfler le prix de ses billets, afin de compenser pour l’argent qu’il n’a pas fait.
Selon Patrick Watson, si les artistes ne deviennent pas des hommes d’affaires, ils ne pourront jamais arriver à offir leur musique à un public élargi. C’est en grande partie parce qu’il y a tellement de musiciens qu’il est difficile de se frayer un chemin jusqu’au-dessus de la mêlée, croit-il. «Dans les années 60 et 70, il y avait les grandes maisons de disque qui recherchaient des gens étranges et intéressants comme Jimmy Hendrix. Dans l’ère actuelle, ces gens de la musique n’auraient jamais pu réussir aussi bien qu’ils l’ont fait», explique Watson. Selon Susan Abramovitch, il n’y a plus de gens qui tentent découvrir de nouvelles vedettes, parce que les compagnies de disque n’ont tout simplement plus les moyens. Cette situation est directement reliée au téléchargement illégal.
«Ce qui est pathétique, c’est que la meilleure manière de faire connaître sa chanson de nos jours, c’est à travers les publicités», dénonce Patrick Watson. Puisque tout le monde écoute la radio ou la télévision, c’est le meilleur moyen de se faire connaître et d’élargir son public. À ses yeux, il est regrettable qu’on en soit rendu là. Dans son monde idéal, l’iTunes que l’on connaît n’appartiendrait pas à Apple. Des artistes mettraient sur pied leur propre iTunes qu’ils géreraient ensemble. Selon Justin West, beaucoup de gens pensent à démarrer un concept de ce genre, mais le problème reste, encore et toujours, le manque d’argent.
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