CO-CO-CO collégialité

Tous les matins, c’est la même rengaine. Le vent humide et bactérien du métro me happe, j’entre, j’ai chaud. Arrivé à la station Berri-UQAM, je souffle en montant les escaliers. Hors d’haleine, l’air apathique, je peine à trouver mon chemin dans le brouhaha matinal que représente cette station de métro. À l’autre bout de la station, un chaleureux cri agit comme une boussole pour mon âme endormie: «L’Itinéraiiirre, c’est un excellent journal». C’est par là que je dois aller. Je me joins alors à la horde d’étudiants amorphes, qui, tel un cheptel, se dirige vers l’entrée du pavillon Judith-Jasmin. Avant de franchir les portes, je suis assailli par un camelot d’un journal alternatif qui souhaite aborder avec moi la succession de Castro à Cuba. À l’entrée du pavillon, deux étudiants distribuent des tracts d’informations sur les prochaines assemblées générales. Quelques pas plus loin, des jeunes gens du Groupe de recherche d’intérêt public (GRIP) sensibilisent les étudiants à une problématique écologique. L’agitation du campus a vite fait de me sortir de mon marasme matinal.

La vie à l’UQAM est stimulante. Peu d’universités peuvent se targuer d’avoir une vie communautaire aussi bouillonnante. Les hautes sphères de l’alma mater tirent d’ailleurs souvent gloire de leur collégialité, principe même de l’érection de l’institution.

Un très beau principe soit. Un principe qui me rend fier de mon université… sans rire.

Un principe, cependant, qui ne me semble brandi par les hautes sphères uqamiennes que lors de la foire d’informations universitaires du Cégep de Rimouski, par exemple, pour attirer les gens du bas du fleuve dans ses murs bruns. Cette ô-sacrée-sainte collégialité est souvent mise au rencart quand vient le temps d’appuyer des initiatives étudiantes.

Soulevée pour la première fois par l’Association étudiante du secteur des sciences de l’Université du Québec à Montréal, l’idée de faire un bilan a fait boule de neige. L’organisation des États généraux de l’UQAM s’est alors mise en branle. On souhaitait faire une réflexion sur l’évolution de l’Université, ses progrès et ses échecs par rapport à ses principes fondateurs.

Une réflexion saine pour toute organisation ou toute université dite transparente. L’état-major, étant dicté par son primat de collégialité, ne pouvait qu’être emballé par une telle initiative.

Il n’en fut rien. L’UQAM n’a pas manifesté son désaccord face à la tenue d’États généraux, elle a fait pire. Inconfortables à l’idée que cette organisation remette en question sa façon d’agir, certains membres de l’administration uqamienne ont plutôt subtilement mis des bâtons dans les roues de l’initiative étudiante.

Ce n’est pas très fin. Par chez nous, on appelle ça de la mauvaise foi.

Les organisateurs des États généraux ont eu toutes les difficultés du monde à louer des locaux, se butant à plusieurs reprises à des fins de non-recevoir obscures. On leur refusait l’accès à la Salle de reconnaissance, le D-R200, car ce local disait-on, ne pouvait servir qu’à accueillir des invités de marque ou à tenir un cocktail. Pas snob rien qu’un peu? Sommes-nous aux HEC ici? Pis un moment donné, ya ben des maudites limites à nous prendre pour des caves. C’est bien beau s’enfarger dans les fleurs du tapis, mais quand on le fait par exprès, ça a l’air moins vrai. Avec l’appui du Syndicat des professeurs de l’UQAM, l’organisation a finalement pu louer, de peine et de misère, les locaux nécessaires à la tenue de son évènement.

Les États généraux n’étaient pourtant pas un événement orienté contre l’administration de l’Université. Tout le monde qui le souhaitait pouvait se prononcer sur différents aspects de la vie uqamienne… Il faut croire que certains ont eu peur de ce que d’autres auraient pu dire. Je dis ça de même.

Étienne Dupuis

Chef de pupitre UQAM

uqam.campus@uqam.ca

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