Seize neuve

En mal de visibilité et de relève, la plateforme télévisuelle Web Seizeneuf prend une pause de sa programmation pour faire peau neuve.

Une visite sur le site Internet seizeneuf.tv suffit pour se rendre compte que plus aucun nouvel épisode n’est diffusé depuis décembre dernier. Aspirante à devenir un groupe agréé de l’Université et aux prises avec des difficultés administratives depuis sa création, l’organisme a décidé de suspendre la production pour quelques mois.

«Les groupes agréés ont plusieurs privilèges, explique Amélie Lefort, conseillère à la vie étudiante à l’UQAM. Ils ont droit à un local, à un téléphone et à une plus grande subvention.» La cagnotte attribuée par l’UQAM passe en effet de 850 $ à 1700 $ annuellement lorsqu’un groupe obtient ce nouveau statut. Il peut également demander des subventions pour certaines activités. La plateforme webtélé de l’UQAM a soumis sa demande et attend le verdict du comité d’agrément.

Une refonte de l’administration de Seizeneuf était devenue nécessaire, selon les aveux mêmes de la nouvelle coordonnatrice Marie-Pier Lebel. «On doit mieux encadrer les équipes et leur offrir de meilleurs outils financiers, matériels et de formation», avance l’étudiante en stratégies de production culturelle et médiatique. Marie-Pier Lebel ne croit pas que l’interruption de leur programmation nuira à leur demande d’agrément. «On a averti les Services à la vie étudiante qu’on prenait une pause pour revenir plus fort», explique-t-elle avec aplomb. Même son de cloche chez Amélie Lefort, conseillère à la vie étudiante, qui pense que la décision du groupe était responsable. «Dans un contexte de restructuration, une telle décision se justifie très bien auprès du comité d’agrément», énonce-t-elle.

L’ancienne directrice de la programmation, Mylène Corbeil, elle, espère que cette halte dans la programmation permettra au groupe de dénicher une relève de qualité. «Quand trois personnes maintiennent un projet à bout de bras, c’est difficile.» Martine Riendeau, une des fondatrices de Seizeneuf, croit que l’implication de gens de tous azimuts est une condition sine qua non à la pérennité de la station Web. «Ça prend un bon amalgame de gens de tous les programmes de communication», affirme-t-elle. Marie-Pierre Lebel, coordonnatrice, abonde dans le même sens. «Les étudiants qui ont démarré le projet ont bâti une excellente plateforme et ont fait un excellent travail au niveau télévisuel, concède-t-elle avec reconnaissance. Mais c’était moins des gens d’administration.» La fondatrice de Seizeneuf admet que la demande d’agrément n’était pas une priorité de l’organisation à ses balbutiements. «Notre priorité était de donner une vitrine pour les gens en communication pour qu’ils puissent faire de la télévision», soutient-elle.

En manque de visibilité
Si la plateforme Web permet aux étudiants de prendre de l’expérience en télévision, elle devra trouver le moyen d’appâter le public. «Nous avons eu un lancement plus petit à l’automne, se désole Marie-Pier Lebel. Moins il y a d’équipes, moins le cercle social est important et plus le nombre de visionnements est bas.»

Les webtélés étudiantes comme Seizeneuf et sa cousine de l’Université de Montréal, UniversiTV, demeurent méconnues de la population estudiantine. Coordonnateur d’UniverstiTV depuis peu, Thomas Mossino entrevoit l’avenir avec optimisme. «On a le soutien et le relais de l’Université, s’enthousiasme l’étudiant. La webtélé a un énorme potentiel.» L’organisation entend investir une bonne partie de son budget dans une campagne de communication. «Nous voulons faire de l’affichage, de l’animation sur le campus, organiser des conférences, s’enthousiasme l’étudiant. Nous voulons faire parler de nous.»

Les coffres d’UniversiTV sont cependant beaucoup mieux garnis que ceux de Seizeneuf. La plateforme de l’UdeM, mise en ligne la même année que Seizeneuf, jouit déjà d’une Cotisation annuelle non obligatoire (CANO) du Fond d’amélioration de la vie étudiante (FAVE). «La somme que l’on reçoit avoisine les 60 000 $ pour deux ans», précise Thomas Mossino

La somme accordée par les Services à la vie étudiante à Seizeneuf est bien chétive, en comparaison. Pour espérer bénéficier d’une CANO, la webtélé de l’UQAM doit devenir un groupe agréé pendant deux ans et faire la demande pour devenir un groupe d’envergure. Ce n’est qu’avec ce statut qu’elle peut faire la demande d’une CANO. D’ici là, les étudiants uqamiens maintiennent le cap. En attendant le verdict du comité d’agrément, plusieurs équipes de production sont sur le qui-vive, prêtes à bâtir une nouvelle programmation.

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Ramer pour la CANO
Pour devenir un groupe d’envergure, Seizeneuf devra avoir été agréée pendant deux ans, en plus d’obtenir l’appui de cinq des sept associations étudiantes facultaires, de cinq facultés et d’un syndicat. Elle pourra ensuite espérer bénéficier d’une Cotisation annuelle non obligatoire (CANO). Les Services à la vie étudiante détermineront la façon dont la CANO sera obtenue.

Crédit photo: Marion Bérubé

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