Un militantisme en quête d’identité

Il est légitime de croire que les sept associations facultaires de l’UQAM travaillent toutes à leur façon : chacune ses combats, chacune ses réalités, chacune ses positions politiques. Serait-il temps de les appeler à s’unir ?

Remontons jusqu’en 1975. Une tension pèse sur l’ensemble des pavillons de l’UQAM alors qu’une lutte contre les frais de scolarité et les pénalités financières imposées par l’administration est en cours. Le comité d’organisation provisoire des étudiants (COPE-UQAM) tente de calmer le jeu, mais les dissensions demeurent.

Naît ainsi l’Association générale des étudiants de l’UQAM (AGEUQAM), qui a pour mandat de rassembler tous les Uqamiens et toutes les Uqamiennes. Fermement reconnue par les syndicats de l’Université, l’AGEUQAM parvient à faire sa place et à se faire entendre par la direction.

Cette association parlait au nom de la communauté estudiantine et se battait pour assurer que ses intérêts pédagogiques soient respectés. L’AGEUQAM a été dissoute quelques années plus tard, après de multiples crises internes et le non-respect, semble-t-il, de la Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants. L’Association générale étudiante des secteurs sciences humaines, arts, lettres de l’UQAM (AGESHALCUQAM) prendra à la fin des années 80 le relais jusqu’au début des années 2000.

Revenons en 2018. Les groupes associatifs de l’UQAM ont à nouveau besoin de cette bougie d’allumage. Elle est l’une des rares universités au Québec à ne pas détenir d’association qui représente ses étudiants et étudiantes dans son ensemble, ce qui est la plus grande des ironies, considérant les nombreuses étiquettes qui y sont rattachées.

L’exception à la règle

Dans le cadre de la semaine de grève pour revendiquer la rémunération des stages, six des sept associations facultaires ont ensemble emboîté le pas pour passer un message clair : fini le cheap labor. L’AéESG a fait cavalière seule, étant très discrète sur la question, tandis que le mouvement prend continuellement de l’ampleur un peu partout au Québec. Aucune publication Facebook. Pas d’appui clair ni de désaveu. Rien.

Alors que plusieurs brandissent la menace d’une grève générale illimitée à l’hiver prochain, il est difficile de passer un vrai message sans que les associations facultaires s’unissent clairement.

Il n’en demeure pas moins qu’une AGEUQAM 2.0 s’inscrirait bien dans l’ADN de l’université. Cela dit, il ne faut rien enlever au travail que font les déléguées étudiantes désignées en suivant de près les faits et gestes du conseil d’administration.

Lorsqu’on aborde la possibilité d’instaurer une nouvelle association générale avec les déléguées étudiantes désignées, Stéphanie Thibodeau et Maxine Visotzky-Charlebois, la réticence plane. « Je pense qu’on a quand même une solidarité très présente [lors des rencontres interfacultaires], où on discute des dossiers. Après, tu as sept délégués, est-ce que les sept ont un droit de vote égal ? L’ESG, je ne pense pas qu’ils laisseraient ça passer », plaisantait Mme Thibodeau lors d’une entrevue avec le Montréal Campus au début du mois de novembre.

Pour les déléguées, il faut sourire à une nouvelle forme de militantisme qu’amènent des groupes comme les Comités unitaires pour le travail étudiant (CUTE), dont les tentacules offrent une touche plus communautaire en s’installant dans chacune des universités.

Cependant, prenons la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM), qui fait grand bruit en ce moment. Elle rassemble ses militants et ses militantes pour que l’administration rende ses comptes afin d’assurer l’encadrement de la prévention des violences sexuelles sur son campus. Cette voix porte une révolte, un ras-le-bol. Ce sont plus de 66 000 étudiants et étudiantes qui la portent, cette voix.

Certes, il est difficile d’établir l’impact qu’aurait une association générale des étudiants et étudiantes de l’UQAM sur le leadership de son militantisme, qui constitue sa marque de commerce. Mais elle ne pourrait pas nuire à la propulsion de mouvements qui cherchent à se faire entendre.

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