Projets d’envergure pour les « assos »

Outre le fait qu’elles financent les projets étudiants et débloquent des fonds pour la mobilisation, les associations facultaires prennent parfois des allures de groupes d’aide humanitaire internationale grâce à leurs dons votés en assemblée générale.

Gérant des budgets qui dépassent parfois le cap du demi-million de dollars, les associations facultaires de l’UQAM utilisent les cotisations étudiantes pour contribuer à certains projets uqamiens. Cette année, la grève étudiante du printemps 2015 est une de leurs principales préoccupations, parmi d’autres comme la défense d’organisations militantes et de prisonniers, l’atelier de vélo BQAM et les dons à des personnes ou organismes dont les noms ne sont pas révélés.

Les groupes étudiants ont ouvert des clauses budgétaires pour répondre aux besoins de la mobilisation de milliers d’étudiants en grève pour contrer les mesures d’austérité du gouvernement Couillard. L’AFESH* dépense 17 000$ pour la mobilisation interne et 3000$ pour les activités externes pour participer à la grève. Combiné à 10000$ pour des mandats de grève, cette association est l’une des plus généreuses. L’AFESH a également offert 6000 $ à La Déferle, un local anarchiste qui selon son procès-verbal du 5 février 2015 «demeure l’un des rares lieux auto-organisés à Montréal destinés essentiellement à accueillir des activités militantes comme celles qui sont à prévoir dans le cadre du mouvement politique qui se dessine pour le printemps». L’AFEA* s’est quant à elle dotée d’un budget de 3000 $ pour des luttes hors Montréal, qui selon la trésorière Alison McMullin, aide les organismes et établissements scolaires en région éloignée à se mobiliser. Elle poursuit en précisant qu’ils ont du mal à se trouver des subventions pour assurer une mobilisation efficace.

La plupart des associations offrent aussi à leurs exécutants des bourses d’implication, pour un total variant entre 12 000 $ et 35 000 $. Le responsable aux affaires universitaires à l’ADEESE*, Claude Rouleau Jolicoeur, affirme que son engagement l’empêche de travailler le nombre d’heures qu’il voudrait. La compensation financière équivaut à un autre emploi. «Ça encourage une bonne participation», ajoute-t-il.

Lorsqu’il est question de vie étudiante, les associations facultaires n’agissent pas comme première instance. Ces mandats sont plutôt ceux des associations modulaires, qui représentent des groupes de programmes au sein d’un même département. Les associations facultaires réservent toutefois une certaine partie de leur budget à des projets uqamiens. Mathieu B. Lafrenière, comptable agréé, perçoit, après analyse des budgets, que les associations facultaires tendent à regrouper plusieurs projets sous une même clause et ne détaillent pas leur financement. L’AESSUQAM*, par exemple, indique 24 000 $ pour des projets étudiants en science et l’AFESH offre 50000$ en dons sans préciser de quoi il s’agit.

Certaine associations facultaires interviennent également à l’international. L’AFEA a accordé 300 $ par mois pour la défense de deux militantes montréalaises détenues au Mexique depuis le 5 janvier 2014. Elles ont été reconnues coupables de délinquance organisée, de dommages à la propriété et de terrorisme. L’AFEA précise que l’argent est transmis à l’organisme Convergence des luttes anti- capitalistes Montréal qui s’assure d’acheminer l’argent aux détenues. L’AFESH a aussi fait un don de 7000$ à celles-ci. La trésorière de l’AFEA mentionne que le projet a été proposé par un membre et voté à majorité en assemblée générale.

Parallèlement, les deux associations étudiantes indiquent dans leur budget avoir fait don de 2000 $ à Simon Larochelle et Samuel Cossette pour payer les frais d’avocat après un procès intenté par l’UQAM à la suite d’une manifestation contre la vidéosurveillance à l’UQAM le 30 janvier 2013. Ils étaient poursuivis au criminel pour méfaits. L’association étudiante précise toutefois qu’elle assure un suivi et que si les frais d’avocat ne couvrent pas l’entièreté du don, le montant restant devra être retourné à l’association. Cette année, les associations facultaires ont acheté des cartes de membre BQAM pour soutenir l’atelier de vélo communautaire. La majorité d’entre elles ont également contribué au projet Ras-le-bol, collectif d’action alimentaire qui propose des repas gratuits aux uqamiens à plusieurs reprises au cours de la session. Outre ces deux grands programmes, les étudiants peuvent à tout moment déposer des idées de projets afin que leur association puisse les financer.

Le responsable aux affaires étudiantes de l’ADEESE explique que des «délégués de projets se présentent pendant les conseils exécutifs pour expliquer leur projet. Il y a des budgets qui sont ensuite alloués pour financer les projets qui sont en lien avec nos mandats.» Les cafés, les journaux et les magazines étudiants reçoivent également des bourses et des subventions. Seule l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion ne rend pas public son budget. Les chiffres des budgets 2014-2015 des autres associations ne sont encore basés que sur des prévisions. Ils seront réévalués à la fin de l’année scolaire.

 

*AFESH: Association facultaire étudiante des sciences humaines de l’UQAM

*AFEA: Association facultaire étudiante des arts de l’UQAM

*ADEESE: Association des étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM

*AESSUQAM: Association étudiante du Secteur des sciences de l’UQAM

Crédit photo : Pascale Amellin-Ducharme

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