Passerelle 840 : la vulnérabilité au cœur de la danse

L’audacieuse première représentation du festival d’automne de Passerelle 840 se déroulait le 4 novembre dernier devant un public à la fois ému et admiratif. La soirée artistique interprétée par le Collectif 841 mettait de l’avant cinq numéros consécutifs mis en scène par des étudiants et étudiantes de l’UQAM. 

Passerelle 840, un laboratoire-galerie autogéré par des étudiants et des étudiantes de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), a été créé en 1998 par le département de danse de l’UQAM. Il a pour but de soutenir la communauté étudiante ayant un intérêt pour l’expérimentation chorégraphique et voulant s’impliquer dans un projet artistique.

Le Collectif 841, un groupe d’artistes affilié à Passerelle 840, met de l’avant la collaboration, l’écoute et l’art.

Le collectif a déployé cinq prestations hautes en couleur dans le cadre de cette édition d’automne du festival : Apparence sous sa résonance, Enchevêtré-e-s, La sève au creux de mon ventre, Structure influencée et A dream of paradise with a little bit of hell.

Certaines de ces créations sont des improvisations, tandis que d’autres sont chorégraphiées par les artistes.

Le festival de Passerelle 840, qui a lieu trois fois par année, permet aux artistes émergents et émergentes de perfectionner leurs connaissances et leurs acquis avant d’affronter le monde compétitif des arts professionnels.

Le corps comme moyen d’expression

Alicia Najera-Huot, créatrice de l’œuvre Structure influencée, est d’avis que la collaboration a contribué à la réussite de son projet. « J’ai créé une partition chorégraphique basée sur des actions qu’on fait dans l’espace. Après cela, j’ai laissé libre [cours] aux interprètes de voir comment elles ressentaient cette partition », explique-t-elle.

La chorégraphe était présente pour ses interprètes lors de leur processus créatif. « Je venais les aider et les soutenir. Je les ramenais sur Terre et je les poussais plus loin des fois », rigole Alicia Najera-Huot.

Vêtues de chandails colorés, les interprètes ont exprimé cette liberté et l’ont laissée exister entre elles sous diverses mélodies.

La danse a permis à Alicia d’acquérir de nombreuses qualités. « La danse a eu un gros impact dans mon parcours, notamment en m’apprenant la confiance en soi et l’autonomie », explique Mme Najera-Huot.

Jeanne Tétreault, artiste derrière l’œuvre Enchevêtré-e-s, a priorisé une approche multidisciplinaire mêlant la danse et la vidéo. « J’ai plus d’aisance et je me sens moins vulnérable quand j’utilise la vidéo », précise Mme Tétreault. Son judicieux montage a capté l’attention du public, se retrouvant fasciné par la complexité de mouvements qu’offre le corps humain.

Les bienfaits de l’art

Catrine Rouleau, chorégraphe du numéro Apparence sous résonance, se questionne sur la relation entre le corps et le son. En collaboration avec son interprète, Maude Aubin, la chorégraphe a créé un univers dans lequel les bruits sont au premier plan. Branchée à un moniteur, l’interprète respire, rit, panique et se gargarise dans une saga d’une quinzaine de minutes.

« Pour l’éclairage, j’imaginais quelque chose de très intime parce que [l’interprète] est seule avec le son et la danse. Il n’y a rien qui la supporte. Vu qu’elle est très vulnérable, elle a le droit à cette intimité », explique Mme Rouleau.

Pour Sarah Germain, interprétant sa propre composition, La sève au creux de mon ventre, l’exploration artistique ne s’est pas faite auprès de sons, mais bien au sein de son corps.

Ses recherches sur le bassin, qu’elle qualifie de « lieu de voûte et d’architecture au centre de notre corps », lui ont permis d’expérimenter des mouvements dans lesquels elle se sent vulnérable. « À chaque performance, je cherche à voir les nouveaux chemins que je vais pouvoir emprunter et les nouvelles sensations qui vont être éveillées en moi. J’apprends à être bienveillante envers moi-même », raconte-t-elle.

Oksanna Caufriez et Ariane Levasseur, toutes les deux chorégraphes et interprètes de l’œuvre A dream of paradise with a little bit of hell, ont voulu démanteler les liaisons préconçues parfois associées aux duos. « Le duo est très suggestif. Il suggère des sœurs, des couples… Je pense que nous n’avions pas envie de mettre un mot sur cette relation parce que [l’important] n’est pas notre rapport face à cette relation, mais bien notre pratique [de la danse] », résume Oksanna Caufriez.

Dans une pièce décorée de lampes, d’un lit et de lettres, le duo a su créer une proximité avec les spectateurs et spectatrices qui semblaient ébahi(e)s par leurs mouvements.

« On navigue chacune dans notre propre univers, puis on finit par entrer en collision pour se rendre compte qu’on gravitait l’une avec l’autre », exprime Ariane Levasseur.

Le Collectif 842 a également proposé des représentations de cinq œuvres durant la fin de semaine du 11 au 13 novembre au Département de danse de l’UQAM : Voracitas, La gigue lave son linge sale, BOD [EE], Aux effluves de fluides et de cierges et Collage.

Mention photo : Jeanne Tétreault

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