L’art alerte

Certains croient que la culture est sans importance dans notre société et qu’il faudrait couper les subventions des organismes qui financent les arts. En 2014, plusieurs artistes ont démontré qu’ils ne faisaient pas simplement dans le divertissement. Laissez-moi vous rafraichir la mémoire avec quelques exemples.

Le prix de la critique musicale du Canada, le Polaris, a été remporté pour la première fois par une autochtone, l’Inuite Tanya Tagaq. Son prix en main, elle s’est empressée de défendre la chasse aux phoques. Le seul film canadien qui a été sélectionné dans la catégorie meilleur film étranger aux Oscars est une œuvre dans laquelle on retrouve un portrait du langage québécois actuel, à la manière des pièces de Michel Tremblay dans les années 60. Le réalisateur est un certain Xavier Dolan. Le prix littéraire du gouverneur général du Canada a été remis à son plus jeune lauréat de l’histoire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui a donné sa bourse à un groupe d’initiative citoyenne se défendant contre un projet d’Oléoduc très mitigé. Il a même profité des tribunes mises à sa disposition pour encourager la population à décupler le montant (GND n’est pas un artiste en soit, mais il a quand usé de fonds alloués à la culture pour s’impliquer dans un important enjeu environnemental). Deux acteurs hollywoodiens, Leonardo DiCaprio et Emma Watson sont passés par l’ONU, question de rappeler aux dirigeants mondiaux de faire attention à l’environnement et aux conditions des femmes partout dans le monde.

Dans un contexte où la ministre de la Culture,Hélène David,a failli fermer certains conservatoires au Québec à la demande du conseil d’administration de ceux-ci. Le principal média public francophone, Radio-Canada, est menacé d’extinction et dans lequel le gouvernement québécois s’acharne à faire des compressions budgétaires aveugles et trop rapides, il est encourageant de voir des artistes engagés.Dans une période d’austérité, permettez-moi d’utiliser ce terme très souvent galvaudé, de désinformation et de flou politique, la participation d’artistes aux débats publics est essentiel. Ceux-ci permettent parfois aux citoyens de s’ouvrir les yeux en attirant leur attention sur des enjeuxcapitaux. Les journalistes ne peuvent pas faire ce travail seuls. Nos artistes sont une des pierres angulaires de notre démocratie. Espérons que l’année 2015 sera aussi riche en engagements artistiques.

Allez, on se revoit en janvier. Joyeuses fêtes à tous!

 

Colin Côté-Paulette

Chef de pupitre section culture

culturemontrealcampus@gmail.com

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