Victime du retard dans les négociations de sa nouvelle entente de financement avec le Ministère de l’Éducation Supérieur, de la Recherche et de la Science (MESRS), LOJIQ a dû annuler l’ensemble des projets d’aide financière voyages pour les départs de cet automne. Ceux qui s’envolent malgré tout devront garder les deux pieds sur terre pour gérer leur budget.
Acceptée à l’Université de Montpellier pour l’année scolaire 2014-2015, Marie-Ève Camirand, étudiante en littérature à l’UQAM, a vu son projet de bourse des Offices jeunesses internationaux du Québec (LOJIQ) tomber à l’eau. Ces quelque 600 dollars lui étaient salutaires car ils représentaient près de 60 % de son billet d’avion vers la France. Loin d’être seule, les 300 autres participants du programme Études, stages et projets étudiants ont dû par- tir avec un revenu amputé. Par chance, la famille de Marie-Ève Camirand a pu lui avancer le montant nécessaire, mais elle reste sceptique quant à la suite des choses.
Bénéficiaire des prêts et bourses, l’étudiante s’est retrouvée dans une situation encore plus complexe. Comme les sommes de ses bourses ne lui ont été transférées qu’en date du 1er septembre, quelques jours après son départ, elle a dû rembourser ses dettes avec du retard. «Le coût du billet d’avion s’ajoutait à plusieurs autres dépenses qui doivent être assumées avant le départ, précise Marie-Ève Camirand. Je devais payer avant de recevoir l’aide financière aux études et la bourse à la mobilité.» Prévenue deux mois à l’avance de l’annulation de son projet, elle a aussi eu à réajuster son budget.
Les bourses LOJIQ permettent aux étudiants qui en bénéficient de se voir rembourser jusqu’à 65 % de leur billet d’avion. En fonction de leur destination, cette somme peut atteindre un maximum de 1 200 dollars, ce qui est le cas pour certains pays d’Asie. Selon la durée du séjour à l’étranger, LOJIQ offre également un soutien financier d’un maximum de 65 dollars permettant de couvrir en partie les frais d’assurances voyage et de soins médicaux d’urgence. Les étudiants en provenance de régions éloignées du Québec peuvent aussi recevoir un montant pour assumer les frais de déplacement jusqu’à l’aéroport de Montréal ou de Québec.
L’étudiant en communication à l’UQAM, Philippe Gagnon, a quant à lui opté pour une autre avenue. Vu les retards dans le processus de sélection des boursiers, il a préféré l’autofinancement. Selon lui, la formule «premier arrivé, premier servi» sur le site Internet de LOJIQ démontre leur manque de sérieux. Il a quand même complété les démarches et après un court échange de courriels avec l’organisme, il n’a finale- ment plus reçu de nouvelles. «J’étais trop occupé durant l’été pour m’en préoccuper. J’ai fait mon budget de voyage en fonction de mes gains au travail», raconte-t-il.
Retards fatals
Des retards sont survenus dans le renouvellement de l’entente de financement avec le MESRS, nécessaires à la remise des bourses du programme Études stage et projets internationaux de LOJIQ. Ces retard se sont soldés par l’annulation de l’en- semble des projets, se désole la directrice des communications et de l’information pour LOJIQ, Marilyne Poliquin. Dans l’espoir d’obtenir les fonds de Québec et de sauver quelques projets, l’organisme
les a annulés petit à petit selon leur date de départ. «On espérait vraiment avoir des explications rapidement», indique Marilyne Poliquin. En l’absence de réponse du Ministère, LOJIQ a dû abandonner toutes les bourses. Fondée en 2007 après la fusion de différents groupes, l’organisme permet à près de 3000 jeunes adultes de réaliser des projets à l’international chaque année.
Et pourtant, l’avenir de son programme Études, stages et projets internationaux semble incertain. L’organisme s’in- quiète des efforts de compressions budgétaires demandés par les libéraux. Un changement de gouvernement amène toujours une réévaluation des para- mètres budgétaires et LOJIQ pourrait en souffrir, admet Marilyn Poliquin. Comme le MESRS demeure sa seule source de financement, la survie de certains de ses programmes serait menacée.
Le gouvernement Couillard a aussi laissé entendre le 4 septembre dernier que le Ministère des Relations internationales et de la francophonie subirait les frais de la période budgétaire difficile. Au moment de mettre sous presse, le MESRS n’avait pas encore répondu aux demandes d’information du Montréal Campus. «Pour l’instant, on nous dit que le montant des bourses va être reconduit, mais on ne nous fournit aucune garantie», explique Marilyn Poliquin. En ce moment, LOJIQ ignore toujours si des bourses pourront être attribuées pour les pro- chains départs en décembre. L’organisme attendra d’en savoir davantage sur sa situation avant d’accepter de nouveaux projets. L’incertitude plane et le 7 octobre, date de dépôt des demandes, approche à grands pas. «Comme je reste ici pour un an, je me questionne à savoir si je pourrai poser une demande pour obtenir la bourse LOJIQ à la session d’hiver. Par contre, j’en doute grandement puisque les dates de dépôt sont établies en fonction de la date de départ du Québec», s’inquiète Marie-Eve Camirand.
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