C’est une carte de blanche qu’a offert le Coup de coeur francophone au conteur Fabien Cloutier lors d’une soirée de mots, précédant le spectacle du musicien Keith Kouna. Passé maître dans l’art de délivrer des textes, l’auteur a écorché notre société et n’a épargné personne.
«Il y a des choses, des valeurs, des réalités qui sont ancrées dans nous autres et qui ne doivent pas changer. Des choses simples: l’égalité homme-femme, céder sa place aux personnes âgées, rire des gays.» D’entrée de jeu, le ton était donné. Récipiendaire du Coup de cœur des festivaliers du volet Zoofest du Festival Juste Pour Rire en 2010, Fabien Cloutier arrive là où on ne l’attend pas. L’auteur réussi avec intelligence à pendre le public à ses lèvres pour déclencher des rires systématiques à chaque instant. D’une manière décapante, il lance une critique sociale des diverses absurdités de notre société.
Il est déconcertant et parfois difficile de saisir le deuxième degré lorsqu’on l’entend rire des personnes handicapées ou des obèses, mais rapidement, le rythme s’installe. Porteur d’une réelle et profonde réflexion, le tout est livré avec aplomb et réussit avec brio à passer de Canal Vie, vers la charte, jusqu’à Whitney Houston, puis aux pédophiles. Il dénonce notamment notre manque de confiance en tant que peuple et questionne les habiletés de quelqu’un qui réclame l’aide d’une émission de télé pour changer la couleur de sa cuisine à voter lors d’élections.
«Moi les gays j’ai toujours trouvé ça fin, je ne ris pas de ça. Au moins avec la charte à Bernard, c’est moins pire pour eux. Il y a tellement de monde occupé à haïr les Arabes qu’il reste moins de temps pour les traiter de tapettes.» Son monologue, livré d’un trait, constitue un tour de force: il réussit à se moquer habilement de toutes les couches de la société en n’épargnant aucune minorité.
Fabien Cloutier sera à La Licorne du 18 novembre au 13 décembre dans deux productions; Scotstown et Cranbourne.
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