Les spas offrent des soins qui sont un véritable retour aux sources. Luxe pour les uns, le spa s’avère une nécessité pour d’autres.
Atteints de cancers, sortis de chimiothérapie ou victimes de stress chroniques, la nouvelle clientèle des spas n’est pas en quête de manucures. Quand la médecine devient inutile, beaucoup de gens se tournent vers des méthodes alternatives. Les spas prennent ainsi la relève, en offrant des soins de plus en plus thérapeutiques pour des clients atteints de maladies. Principalement par le massage et le toucher curatif, on tente de soulager cette clientèle émergente.
«Le niveau de stress et de dépression est à la hausse et en 2020, ce sera le premier facteur d’absentéisme au travail, souligne, inquiète, la présidente directrice générale de l’Alliance des spas relais santé, Lucie Brosseau. En fréquentant un spa, on apprend à prendre soin de soi.» Mise sur pied en 1993, l’Alliance se veut une gardienne de la qualité et assure à la clientèle des soins de spas certifiés.
Pour certaines personnes, recevoir des soins thérapeutiques relève du besoin. C’est ce que soutient Lucie Godbout, une massothérapeute qui travaille à l’hôpital Mère-Enfant de Québec. Elle s’occupe principalement des jeunes atteints de cancers. «Les enfants malades qui ont beaucoup de problèmes développent une appréhension des gens. La massothérapie est une façon de redonner confiance à ces enfants», précise-t-elle.
«Les gens qui fréquentent les spas ont souvent une conscience élevée d’eux-mêmes et la relation de confiance qu’on entretient avec eux est très importante», soutient la propriétaire du spa Dr. Hauschka, Enaam Takla.Dans une optique où la quête de bien-être prend une place prédominante, le spa devient un essentiel. Le massage thérapeutique destiné aux malades ou encore aux gens victimes de stress chronique peut prendre une dimension plus profonde que celle du simple bien-être. «Le massage devient une façon de communiquer quand les gens sont trop malades. Souvent, ils s’endorment même pendant le massage», révèle Lucie Godbout. Ce niveau de sérénité n’est pas l’adage de tous et les gens qui fréquentent les spas sont souvent plus enclins à voir l’activité comme un loisir.
Ces derniers temps, on assiste à un retour aux sources. Les établissements reviennent au principe fondateur du bien-être. Les premiers spas étaient en fait des bains d’eau chaude utilisés pour leurs propriétés relaxantes en Rome et en Grèce antique. Le terme serait d’ailleurs l’acronyme de sanitas per aquam, la santé par l’eau, révèle Lucie Brosseau. Depuis, les choses ont bien changé et c’est vers la fin du 20e siècle que les spas tels qu’on les connait – des centres offrant plusieurs services de détente – sont nés.
Pour la proprétaire de Dr. Hauschka, situé sur la rue Sherbrooke à Montréal, le massage est une façon de traiter l’être dans sa totalité. «On traite les personnes dans le silence et les émotions viennent avec la détente, explique Enaam Takla. Le cerveau enregistre le bien-être et quand on vit un stress, le massage est un peu comme un moment de méditation.» Les spas ne seraient plus que de simples havres de détente, mais bien des endroits ou il est maintenant possible de suivre un traitement thérapeutique permettant au client de s’épanouir.
Miroir, miroir
«Notre corps est devenu un chantier de rénovation personnel», souligne Mariette Julien, sociologue et professeure à l’UQAM. Ce désir de bien paraître est cependant plus profond qu’un simple désir de séduction. «Dans une société individualiste, où l’on a perdu le contrôle de l’environnement et où les choses vont vite, les gens ont l’impression d’avoir perdu le contrôle de tout ce qui est à l’extérieur du corps. Donc fréquenter le spa, c’est avoir le contrôle sur soi et contrôler au moins un aspect de la vie», ajoute la sociologue.
Cette notion de contrôle est aussi présente, mais à l’inverse. Pour des femmes, les plus grandes utilisatrices de spa selon Mariette Julien, fréquenter ce genre d’établissement équivaut à un lâcher-prise. «C’est un moment où les autres s’occupent d’elle, où elle n’a qu’à penser à la détente», explique la professeure de l’UQAM. Très présent dans le massage, le réconfort est le but principal de Lucie Godbout. «Quand j’entre dans une chambre où il y a un enfant malade, on sent que la pression descend d’un coup, que j’apporte un apaisement à tout le monde, même aux parents, qui sont constamment inquiets», avoue-t-elle.
Même si l’aspect massage des spas prend souvent une tangente thérapeutique, la fréquentation des spas en hausse ne peut être que l’indicateur d’une société qui se tourne de plus en plus sur elle-même. «Beaucoup de jeunes des générations X et Y fréquentent les spas, dit Lucie Brosseau. Ça envoie le message que dès leur jeune âge, ils apprennent à prendre soin d’eux et quand ils seront gestionnaires ou leaders, ils auront intégré ça à leur mode de vie.» La société de demain ne sera donc peut-être pas celle de l’économie et des grands travaux, mais bien celle des loisirs.
Crédit photo: Dennis Wong, Flickr
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