Des punaises de lit ont élu domicile dans les résidences universitaires Saint-Urbain (RS) depuis le mois d’août. Faute de soutien du personnel responsable, les résidents et résidentes utilisent des solutions maison, au détriment de leur santé et de leur portefeuille.
« J’ai acheté un produit moi-même pour éradiquer la vermine, mais j’ai commencé à tousser de plus en plus », témoigne Albert*. Depuis la fin de l’été, l’étudiant au baccalauréat en histoire à l’UQAM cohabite avec les punaises de lit, qui se sont emparées de son appartement. Après l’avoir signalé aux étudiants et étudiantes responsables de l’accueil des résidences, une première ronde d’extermination a été effectuée par les responsables des résidences.
À la suite de plusieurs visites du personnel d’entretien, Albert reste toujours sous l’emprise des parasites. Même ses solutions maison, comme l’utilisation de pesticides dangereux, n’ont pas fonctionné. Sans solution au problème, il a décidé de dormir par terre pour éviter de se faire piquer : « Je dors sur le sol parce que je n’ai nulle part où aller si je quitte les résidences. »
Des comportements « risqués »
Rebecca* a elle aussi décidé de prendre la situation en main. Après avoir entendu des rumeurs sur une infestation de punaises de lits dans les résidences de l’UQAM où elle demeure, elle s’est acheté une housse de lit anti-punaises. « Je l’ai payée cher, environ 150 $, et je me suis assurée qu’elle était de qualité », raconte l’étudiante.
Pourtant, quelques semaines plus tard, lors de sa vérification hebdomadaire, l’étudiante s’est retrouvée devant un amas de punaises de lit. « L’exterminateur était sûr que c’en était », ajoute-t-elle. C’est Rebecca qui a déboursé de sa poche pour payer l’exterminateur.
Rebecca ne connaît pas les raisons pour lesquelles les punaises de lit se sont retrouvées dans ses affaires, mais elle constate certains comportements de d’autres résidents et résidentes qu’elle qualifie de « risqués ». Elle note la présence d’un matelas non identifié dans le couloir, qui y est resté pendant plusieurs semaines. Même après l’avoir indiqué au personnel responsable, qui affirme que ce ne serait pas la cause de l’infestation, les choses n’auraient pas changé. « Peut-être qu’ils ont raison, je ne veux blâmer personne. Je ne fais que le mentionner parce que j’ai quand même des doutes », confie-t-elle.
Albert et Rebecca n’ont pas les moyens de régler le problème, encore moins de payer les frais associés au déménagement si la situation persiste.
« Avec la crise du logement, j’ai peur d’être à la rue si je quitte les résidences » – Albert
Justin Leblanc, employé des résidences, affirme que ces situations sont isolées et exceptionnelles et que la réaction du personnel est toujours rapide. « On ne recommande pas aux étudiants d’utiliser leurs propres produits, ça doit être un gestionnaire des parasites qui fait ça », ajoute-t-il. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) décourage l’utilisation de ces produits par des personnes non qualifiées.
Jenny Desrochers, responsable des relations de presse de l’UQAM, explique que l’université se charge d’envoyer des compagnies d’extermination en cas de problèmes graves.
Des situations qui persistent
Depuis 2009, le Montréal Campus a rédigé des dizaines d’articles sur les différents problèmes de santé et sécurité au sein des résidences de l’UQAM. Le plus récent, paru en décembre dernier, « Une gestion toujours inadéquate dans les logements étudiants », met en lumière les raisons pour lesquelles cette situation perdure. Le délabrement des bâtiments et le manque de communication seraient les principaux facteurs aggravants.
Les responsables évoquent les mêmes raisons. « On ne peut pas blâmer une seule institution, parfois les étudiants ne signalent même pas les problèmes », justifie Justin Leblanc.
Pour Albert, les explications données ne sont pas satisfaisantes. « Peu importe les raisons, moi je continue de me faire piquer et de mal dormir », dénonce-t-il.
* Les noms de certaines personnes ont été modifiés, car elles craignaient des représailles.
Mention photo : Chloé Rondeau
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