La communauté souverainiste à l’UQAM refuse de mourir

La nouvelle génération se réapproprie le combat indépendantiste, toujours présent dans les couloirs de l’UQAM. « Il faut allier les idéaux d’un Québec indépendant à ceux d’un Québec vert, francophone et inclusif », croit fermement le Comité souverainiste de l’UQAM (CosUQAM). 

Le CosUQAM redéfinit le projet indépendantiste à son image. « L’autodétermination de toutes les nations est un point fondamental du mouvement indépendantiste actuel », soutient le président du CosUQAM, Julien Mei, par rapport à l’importance des enjeux autochtones.

Aussi président du groupe OUI Québec Lanaudière, il estime que la convergence des luttes s’impose, puisque les priorités canadiennes ne s’alignent pas sur celles des jeunes Québécois et Québécoises. Phoeby Laplante, vice-présidente du CosUQAM et ex-candidate pour le Parti québécois dans Sainte-MarieSaint-Jacques aux élections d’octobre 2022, est du même avis : « Les intérêts du Canada ne s’allient pas à ceux du Québec en matière d’environnement et d’enjeux autochtones.» Elle condamne notamment l’importance du pétrole dans l’économie canadienne et l’application de la Loi sur les Indiens

Phoeby Laplante, vice-présidente du CosUQAM (à gauche) et Julien Mei, président du CosUQAM (à droite) 

Le référendum à l’UQAM

Le matin du 30 octobre 1995, Jean-Éric Lacoste, étudiant à la maîtrise en chimie à l’UQAM, se réveille fébrile : « Je me disais, on a peut-être une chance d’y arriver ! » Celui qui s’autoproclame comme « un pur et dur » décrit une université timide à l’époque du deuxième référendum : « Certains [étudiants et étudiantes] avaient leurs petits macarons “Oui”, mais ça se limitait à ça. » 

À la Faculté des sciences, le projet souverainiste n’était pas sur toutes les lèvres. Selon Jean-Éric Lacoste, les scientifiques, étant plutôt pragmatiques, n’osaient pas en parler de par la nature réactionnaire du débat. « En 1995, c’est un sujet très émotif », raconte-t-il. 

Le lendemain du référendum, le camp du « Oui » est endeuillé. « J’ai braillé toute la nuit avec mon père », admet le diplômé de l’UQAM, une pointe de nostalgie dans la voix. Il raconte sa surprise quant au nombre de yeux bouffis dans la classe. Sans équivoque, sa peine était partagée par ses camarades.

Le français comme fierté

L’enjeu de la protection de la langue française au Québec rassemble les souverainistes d’aujourd’hui et d’hier. Gérald Larose, professeur associé à l’École de travail social de l’UQAM et président du Conseil de la souveraineté du Québec de 2002 à 2013, définit la question du français comme « le ciment du projet ». Selon lui, un Québec indépendant ferait mieux rayonner sa culture, « au lieu de se faire intégrer, amalgamer et réduire dans l’univers anglo-saxon ». 

Le sentiment d’urgence au niveau du déclin de la langue française se fait également sentir chez les jeunes souverainistes. Ils et elles s’inquiètent d’un Québec qui tend de plus en plus vers l’unilinguisme anglophone.

« L’indépendance, c’est avant tout la liberté d’être nous-mêmes ! » – Phoeby Laplante

La création du réseau des Universités du Québec (UQ), dont l’UQAM fait partie, est un produit de la Révolution tranquille. M. Larose explique qu’historiquement, l’instauration du réseau UQ est « une affirmation de la volonté collective de se doter d’instruments performants pour l’éducation de sa propre communauté ». Même si ce n’est pas un affichage partisan, la naissance même du réseau UQ vient d’une volonté d’autodétermination et a grandement contribué à l’émancipation de la société québécoise, résume M. Larose. 

Y croire malgré tout

Être associé au mouvement indépendantiste en 2023 est souvent synonyme d’avoir à composer avec son lot de critiques à l’UQAM, selon le Comité souverainiste. « Certains étudiants indépendantistes ont été victimes de violence ou d’intimidation. C’est inacceptable ! », s’indigne Julien Mei, président du CosUQAM. Voir des affiches arrachées, se faire traiter de « nazi » ou de « néo-colonialiste », le comité y est habitué. 

Le regard critique envers les indépendantistes ne date pas d’hier. Jean-Éric Lacoste raconte s’être fait regarder « un peu de travers » en affirmant ses convictions politiques après le deuxième référendum. Pour lui, les fameuses paroles de Jacques Parizeau, justifiant l’échec de 1995 par « l’argent et les votes ethniques », ont entaché la réputation du souverainisme. 

Pourtant, le déclin de l’option indépendantiste dans l’opinion publique ne semble pas refroidir les ardeurs de ces jeunes idéalistes. « Notre génération a le devoir de faire retomber notre société en amour avec ce projet », soutient Julien Mei. 

Mention photo : Chloé Rondeau et Jeanne Claveau-Laviolette

Commentaires

Une réponse à “La communauté souverainiste à l’UQAM refuse de mourir”

  1. Avatar de Vézina

    Ce projet est resté dans le coeur de plusieurs, j’ai jamais arrêté d’y croire, mais l’ambiance grise et comptable dans laquelle nous évoluons nous amène à une rationalisation qui nous fait valoriser le safe-space plutot que le brave-space! L’anglais est utilisé ici pour bien illustrer les efforts à faire pour demeurer conscient de notre entité et notre droit d’être!

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