Le calvaire des parents étudiants de l’UQAM

« Les parents étudiants sont toujours sur la corde raide […] Mais depuis la grève [du personnel enseignant], c’est la crise », déclare la coordonnatrice du Comité de soutien des parents étudiants de l’UQAM (CSPE-UQAM), Annie Noël de Tilly. 

« [La grève], c’est assurément un stress de plus », ajoute Jean-Sébastien Ritchie, étudiant au doctorat en psychologie à l’UQAM et père de trois enfants âgés de trois, six et onze ans. À l’instar de M. Ritchie, plusieurs milliers d’étudiants et d’étudiantes de l’UQAM doivent concilier études, travail et famille.

« On n’arrive pas à avoir accès aux vrais chiffres de combien nous sommes. Mais selon nos dernières estimations [les parents étudiants représentent] 20 % de la population universitaire », estime Donia Mansour, présidente du conseil d’administration de la CSPE-UQAM et étudiante au baccalauréat en science politique.

Répercussion sur les services 

Le CSPE-UQAM a mis sur pied le CPE Tortue têtue en 2016 ainsi qu’une halte-garderie en 2022. Cette dernière comporte 12 places et accueille principalement des poupons et des enfants d’âge préscolaire sur une base épisodique. Or, depuis le déclenchement de la grève dans les écoles publiques, les services de la halte-garderie sont sollicités plus que jamais. 

« Notre halte est pleine. Avec tous les grands du primaire qui n’ont plus d’école, on doit utiliser notre local facultaire pour répondre à la demande. […] Malgré ça, on a dû refuser des jeunes », affirme Mme Noël de Tilly. La coordonnatrice souligne au passage que le CPE et la halte-garderie manquent de personnel. « Ce n’est absolument pas ma job d’être éducatrice dans la vie. Mais j’ai passé la semaine à la halte à m’occuper des enfants », illustre-t-elle.

Donia Mansour souligne que la halte-garderie est tenue à bout de bras par une petite armée de bénévoles. « En plus, l’UQAM n’a pas voulu nous fournir de local. On doit donc payer un loyer à l’extérieur de l’UQAM et assurer son entretien. Ce sont des dépenses [de 30 000 $ par année] qu’on n’avait pas prévues et ça nous met dans le trou », affirme-t-elle.

Absence de planification de l’UQAM

« Dès la matinée de grève du 6 novembre dernier, on a contacté les Services à la vie étudiante [SVE] et le Vice-rectorat pour savoir c’était quoi leur plan pour soutenir le personnel et les parents étudiants pendant la grève », déclare Donia Mansour. Le comité étudiant a reçu une réponse à ses questionnements seulement la veille du déclenchement de la grève.

Dans un courriel acheminé à l’ensemble de la communauté étudiante, le vice-recteur à la Vie académique, Jean-Christian Pleau, argue que « toutes les personnes étudiantes qui feront face à des enjeux pendant cette période de grève au Québec sont invitées à communiquer […] avec la personne responsable de leur activité académique ou avec la direction de leur programme. »

« On est considéré comme un partenaire de l’UQAM et on ne répond même pas directement à nos courriels », affirme Mme Mansour, qui se dit déçue de la réponse « générique fournie par l’UQAM ». Elle ajoute que ce n’est pas la première fois que les différents services de l’université tardent à répondre au CSPE-UQAM.

Jointe par courriel, la directrice des relations de presse à l’UQAM Jenny Desrochers a déclaré au Montréal Campus que « les dirigeants du CSPE [ont] les numéros de téléphone cellulaire et les courriels des deux directeurs des Services à la vie étudiante. » « Il n’y a donc aucune raison qu’ils aient de la difficulté à les rejoindre en tout temps », ajoute-t-elle.

« Même si nous sommes en bon terme avec les SVE, les décisions se prennent surtout au niveau du Rectorat », rétorque Mme Noël de Tilly. Donia Mansour abonde dans le même sens : « Nous avons des alliés au sein de l’administration, mais au niveau du Rectorat et du Vice-rectorat, j’ignore s’ils savent qu’on existe. »

Les enjeux des parents étudiants

En tant que présidente du conseil d’administration du comité étudiant, Donia Mansour affirme avoir entendu de nombreux récits de parents réalisant l’impossible pour subvenir aux besoins de leur famille, tout en assurant leur succès scolaire. « Une mère a dû faire ses examens pendant que sa fille était à l’hôpital, sinon elle échouait son cours », confie Mme Mansour. 

De son côté, Jean-Sébastien Ritchie estime que les parents étudiants devraient avoir accès à davantage de soutien financier et que celui-ci ne devrait pas reposer uniquement sur la performance scolaire. « Avec les sacrifices que je fais, j’ai moins de temps pour les études et mes notes en pâtissent. […] Si j’avais une bourse, je pourrais lâcher mon emploi, mais tant que je travaille, je n’ai ni le temps de faire des demandes de bourse, ni de mettre l’énergie que je voudrais sur mes études, […] c’est un cercle vicieux », mentionne le père aux études.

Mme Mansour déplore que les parents étudiants doivent demander des ajustements à la pièce avec leurs professeur(e)s en cas d’imprévu. « On dépend toujours de l’énergie qu’on met à quémander et de la bonne volonté individuelle des profs. La plupart sont accommodants, mais certains et certaines le sont moins. C’est pourquoi l’UQAM doit nous appuyer formellement pour sensibiliser l’ensemble du personnel à nos enjeux », déclare-t-elle.

Mention photo : Chloé Rondeau

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