La grève d’Hollywood et ses impacts au Québec

La grève des scénaristes de la Writers Guild of America (WGA) a pris fin le 26 septembre à la suite d’une entente avec l’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP). Plusieurs travailleurs et travailleuses de l’industrie du cinéma québécois déplorent avoir perdu leur emploi dans le cadre des négociations.

L’industrie du cinéma a vécu de nombreux changements dans les dernières années, entre autres à cause de la pandémie. Le professeur en cinéma à l’Université Laval Jeremy Peter Allen a vu cette période pandémique de manière très positive pour l’avenir du cinéma. Il explique qu’avec la COVID-19, de nombreux postes se sont libérés puisque plusieurs personnes dans le monde du cinéma ont pris leur retraite ou ont fait un changement de carrière. Il a vu une bonne partie de ses élèves sortir du certificat en études cinématographiques avec un emploi dans le milieu, ce qui était auparavant beaucoup plus difficile. « Il y a du monde qui, en deux ans, ont fait des progrès qui prenaient dix ans avant », ajoute M. Peter Allen.

Or, avec l’arrêt des tournages qui a été déclenché par les syndicats de l’industrie, soit la Screen Actors Guild (SAG) et la Writers Guild of America, le Québec vit un changement dans l’accessibilité des emplois du milieu. Cette grève a débuté puisque les syndicats impliqués revendiquent de meilleures conditions de travail, des salaires plus équitables et une meilleure protection des droits des travailleurs et des travailleuses.

Ainsi, ceux et celles qui ont trouvé un emploi facilement après leurs études se retrouvent dorénavant sans travail, puisque la priorité va aux plus anciens et anciennes du milieu. L’une des raisons est que les techniciens et les techniciennes du milieu du cinéma québécois sont, selon M. Peter Allen, séparé(e)s en deux clans : ceux et celles qui travaillent au Québec et ceux et celles qui œuvrent aux États-Unis.

Une perte d’emplois importante

Le Québec est au cœur de plusieurs tournages américains tels que Les Pages de notre amour, Arrête-moi si tu peux et plusieurs titres de la saga X-Men. Lorsque ces tournages ont lieu, des Québécois et des Québécoises sont engagé(e)s pour y travailler. Avec la pause de ces tournages, plusieurs personnes de l’industrie se sont retrouvées sans emploi. Par conséquent, il ne reste que des postes à pourvoir sur les tournages québécois. « Tous les techniciens qui [travaillaient dans des productions américaines] sont revenus dans le milieu québécois, donc tout d’un coup il n’y avait plus de place pour les jeunes », précise Jeremy Peter Allen. 

L’enseignant a d’ailleurs vu plusieurs de ses élèves perdre leur travail dans les derniers mois. C’est le cas d’Audreyanne Fauchon et Marc-Olivier Huard, diplômé(e)s du certificat en études cinématographiques de l’Université Laval, qui ont remarqué une baisse importante des offres d’emplois. « Je me suis mis à recevoir des offres, mais c’était tout le temps juste des postes en télévision, jamais en cinéma. Il y a moins de productions américaines à Montréal, ça fait en sorte que les gens d’expérience ne sont pas [sur les productions d’Hollywood] », confie Marc-Olivier, qui avait l’habitude de travailler sur des tournages de cinéma en tant qu’assistant à la caméra. Puisqu’aucun tournage américain n’a eu lieu au Québec cet été, les travailleurs et les travailleuses plus expérimenté(e)s ont travaillé sur des productions québécoises. Les jeunes de l’industrie du cinéma n’étaient donc plus en mesure de se trouver des emplois sur des plateaux de tournage québécois. 

Un changement de carrière comme solution ?

L’actrice qui incarne le rôle principal dans le film québécois Les chambres rouges, Juliette Gariépy, a vu plusieurs de ses collègues du milieu se décourager du manque d’emplois et tenter de changer de carrière. « Quand quelqu’un qui est en cinéma [travaille] pendant un mois “ comme un chien ”, [il ou elle accumule un bon montant d’argent]. Les gens autour de moi qui remettent en question leur carrière […] pensent à des jobs en construction où c’est un peu le même concept », explique l’actrice. 

Ce ne sont par contre pas tous les travailleurs et travailleuses québécois(es) aux États-Unis qui ont le privilège de changer de territoire pour se remettre au boulot. C’est le cas de Sydney Ventura, coordinatrice de départements pour plusieurs séries, dont Stranger Things pour Netflix et The Last of Us pour HBO. « On comprend le but de la grève, on est solidaires avec eux [les travailleurs et les travailleuses du milieu du cinéma], mais en même temps, ça fait plus que sept mois que ça se passe », souligne Mme Ventura, découragée de ne pas avoir pu exercer son métier depuis mai dernier. 

Bien qu’elle se sente anxieuse face à cette situation, Juliette Gariépy demeure tout de même positive dans cette période incertaine. En effet, la sortie récente des Chambres rouges et le congé forcé par les productions américaines lui ont permis de faire de nouvelles rencontres dans l’industrie américaine. « J’ai l’impression que les Américains étaient peut-être plus prêts à rencontrer des acteurs canadiens qui peuvent travailler en ce moment », explique l’actrice.

Mention photo : Élizabeth Martineau

Commentaires

Une réponse à “La grève d’Hollywood et ses impacts au Québec”

  1. Avatar de Michel Ouellet
    Michel Ouellet

    Le dernier paragraphe donne un espoir pour certains. Ca fait du bien

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