Rosemont, terre d’accueil pour les Ukrainien(ne)s

En plein cœur de Rosemont existe une petite communauté ukrainienne dont le quartier est une porte d’entrée à sa culture. On y retrouve notamment le parc et la rue de l’Ukraine où se promènent les résidents et les résidentes, la Caisse populaire Desjardins ukrainienne de Montréal dans laquelle des réfugié(e)s attendent leur prochain rendez-vous ou encore les églises catholiques et orthodoxes où se rassemblent les fidèles. 

Le quartier de Rosemont a commencé à être peuplé par des Ukrainiens et des Ukrainiennes dans les années 1940, après la Deuxième Guerre mondiale, comme l’explique Kim Pawliw, doctorante en géographie à l’Université Laval, dont la thèse porte sur la partie ukrainienne de ce quartier. La majorité des institutions que l’on y retrouve aujourd’hui, comme la cathédrale orthodoxe ukrainienne Sainte-Sophie, datent également de cette époque.

Selon la doctorante, environ 1500 Ukrainiens et Ukrainiennes habitaient dans Rosemont—La Petite-Patrie avant l’invasion russe. Bien que ce nombre ait probablement augmenté, Mme Pawliw explique que « de nos jours, les Ukrainiens sont plus dispersés dans Montréal ». La plupart des Ukrainiens et des Ukrainiennes considèrent que Rosemont est encore le centre des activités de la communauté. Même s’ils et elles habitent de moins en moins dans Rosemont, ils et elles s’y rendent souvent pour « socialiser entre eux et assister à divers événements ukrainiens », d’après Mme Pawliw.

Selon Simon Kouklewsky, réalisateur à la radio Ukrainian Time de Montréal, ce quartier est toujours « le cœur de la communauté ukrainienne à Montréal. Historiquement, ça va toujours être un lieu de rassemblement important pour la communauté ukrainienne, et je ne crois pas que ça va changer ».

Les réfugié(e)s ukrainien(ne)s dans Rosemont

Selon Michael Shwec, président de la section québécoise du Congrès des Ukrainiens Canadiens, le nombre exact de réfugié(e)s ukrainiens et ukrainiennes qui ont décidé de s’installer dans Rosemont—La Petite-Patrie depuis le début de l’invasion russe n’est pas connu en raison de la confidentialité de ces informations.

Liudmyla Martin, résidente du quartier depuis 13 ans, est employée de la caisse populaire. Elle a récemment participé à une formation de nature financière de Desjardins destinée aux familles ukrainiennes, qui donne un indice quant au nombre de nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes dans le secteur au cours des derniers mois. « Pour cette rencontre, plus de 250 familles ukrainiennes [étaient attendues] », précise-t-elle.

D’après Simon Kouklewsky, ces réfugié(e)s sont majoritairement des femmes et des enfants, puisque les hommes sont nombreux à être restés en Ukraine pour participer à l’effort de guerre.

De nombreux défis pour les réfugié(e)s 

Liudmyla Martin a accueilli sa mère Anastasiia après que cette dernière ait fui la guerre. Entre le moment où elle a quitté l’Ukraine et où elle est arrivée au Canada, huit mois se sont écoulés. Retraitée et ne pouvant travailler pour des raisons de santé, la dame verra son visa pour habiter au Canada expirer dans trois ans, ce qui bouleverse sa fille. 

Celle-ci est d’avis que les demandes quant à la connaissance de la langue française sont exagérées lorsque l’on prend en compte la réalité des réfugié(e)s. « [Ces personnes] ont été obligées de quitter leur maison et leur vie. Et quand elles arrivent ici, psychologiquement, elles ne sont pas prêtes à étudier [la langue française] ou [apprendre] un nouveau métier », plaide-t-elle.

De plus, en Ukraine, « il y a de l’électricité seulement quelques heures par jour et il faut en profiter pour parler aux membres de sa famille. Et après [ces appels en plein milieu de la nuit], il faudrait aller travailler, ou étudier, et être bien concentré ? En sachant que ta ville natale a été bombardée cette nuit-là ? » relève Mme Martin, dont le fils est actuellement en Ukraine pour effectuer son service militaire.

Le coût de la garderie est également une problématique pour les nouvelles arrivantes, selon M. Shwec.« Il n’y a pas de subvention. Pour elles, c’est 50 $ par jour », mentionne-t-il. Ainsi, une femme dont le mari est toujours en Ukraine, qui a deux enfants et qui doit travailler ou prendre des cours de francisation, doit payer 100 $ par jour pour laisser ses enfants à la garderie.

 Des solutions pour la recherche de logement

Comme l’explique M. Kouklewsky, un programme a été mis en place par le gouvernement du Québec pour aider les familles ukrainiennes à se trouver un logement. « Il y a un kiosque à l’aéroport [Pierre-Elliot Trudeau], et quand elles arrivent, si elles n’ont pas de place où dormir, il y a un hôtel où elles peuvent rester un maximum de deux semaines en attendant de se chercher un loyer », explique l’employé de la radio Ukrainian Time.

M. Shwec confirme cette manière de fonctionner, et il précise que « le Congrès [des Ukrainiens Canadiens] a travaillé étroitement avec le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal pour mettre sur pied un système de logement temporaire. Les familles volontaires [pour accueillir les réfugié(e)s] remplissaient un formulaire en ligne ». Il affirme aussi que des groupes Facebook existent pour aider les réfugié(e)s à trouver un logement. 

Selon Mme Martin, qui a accueilli de nouveaux arrivants et de nouvelles arrivantes chez elle, « trouver un logement, ce n’est pas juste compliqué, c’est presque impossible, parce que [ces réfugié(e)s] ne peuvent pas montrer qu’ils ont une bonne cote de crédit et ils n’ont pas encore d’emploi, [donc ils ne peuvent pas prouver] qu’ils seront capables de payer pour leur logement ».

Mention photo : Camille Dehaene|Montréal Campus

Commentaires

Une réponse à “Rosemont, terre d’accueil pour les Ukrainien(ne)s”

  1. Bonjour,
    Je suis enseignante en français, d’origine ukrainienne. Présentement je travaille dans une école secondaire à Montréal et je suis disponible à donner des cours aux élèves nouvellement arrivés.

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