Une École supérieure de théâtre sous-estimée

Depuis 1985, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) abrite entre ses murs l’École supérieure de théâtre (ÉST). Bien qu’elle ait diplômé plus de 2000 artisans et artisanes de la scène, dont des figures connues du grand public telles que Réal Bossé (1991), Sylvie Moreau (1989) et Marie-Ève Morency (2010),  plusieurs croient que l’ÉST n’est pas reconnue à sa juste valeur au sein du milieu. 

À la fin de son parcours collégial en théâtre en 2018, Alexia Vinci souhaite poursuivre sa formation en jeu. Elle participe donc aux processus d’auditions de l’École nationale de théâtre (ÉNT) et du Conservatoire d’art dramatique de Montréal (CADM). À ce moment, la comédienne originaire de la Rive-Nord de Montréal n’était pas attirée par l’ÉST. « Je ne voulais pas faire d’études universitaires. Je voulais étudier dans une école spécialisée dans les arts et l’UQAM ne nous était pas présentée comme telle », explique l’artiste. 

Cette dernière ajoute qu’il existe une forme de snobisme au sein du corps enseignant des programmes de théâtre collégiaux vis-à-vis l’École supérieure de théâtre de l’UQAM : « Certains de mes enseignants et enseignantes portaient en eux un vieux préjugé comme quoi l’[ÉST] offre une formation inférieure à celles de l’École nationale de théâtre et du Conservatoire d’art dramatique de théâtre. Personnellement, j’étais sceptique face à la formation de l’UQAM, car je la croyais axée sur la théorie », résume la comédienne.

Malgré une préparation rigoureuse, Alexia Vinci ne sera pas sélectionnée par l’ÉNT et le CADM. Après un bref retour sur les bancs collégiaux, l’artiste tente sa chance à l’UQAM. Elle réussit avec brio le processus d’auditions et entame ses études universitaires au cours de la session d’automne 2021.

Les avantages de l’UQAM

« Si c’était à refaire, j’aurais postulé avant », affirme celle qui performe également dans le milieu de l’improvisation. La comédienne qui vient de conclure sa deuxième année à l’ÉST se dit plus que satisfaite de son expérience, pour le moment : « Je trouve que la force de l’UQAM, c’est qu’on ne cherche pas à se faire mettre dans un moule. Au contraire, on va partir de ce que tu es déjà puis on va l’accentuer, l’améliorer. Il y a beaucoup d’autonomie aussi. Ça m’a vraiment amenée à définir ma démarche artistique. »

L’ÉST ne manque pas de candidatures. Au contraire : pour le baccalauréat en art dramatique concentration jeu, l’ÉST a reçu 131 candidatures à l’automne 2022. De ce nombre, seulement trente et une ont été sélectionnées, ce qui représente un taux d’admission de 24 %.

Parallèlement à ses études, Alexia Vinci a collaboré au projet Manikanetish, présenté au théâtre Duceppe, du 8 mars au 8 avril derniers. Selon la comédienne issue de la nation mi’kmaq de Gespeg, seule l’UQAM pouvait lui offrir la possibilité de travailler sur une production d’envergure tout en poursuivant ses études.

Plus que du jeu

Le baccalauréat en art dramatique de l’UQAM propose quatre concentrations : jeu, scénographie, enseignement et études théâtrales. Claire Renaud a complété un baccalauréat en scénographie en 2014. Tout comme Alexia, la scénographe recommande chaleureusement la formation de l’ÉST : « Le programme est hyper complet. On nous forme à être autant des concepteurs que des architectes ou des techniciens. On est comme des couteaux suisses, en sortant de là », souligne Claire Renaud.

La scénographe d’origine française a choisi l’UQAM, car elle estimait que des études universitaires faciliteraient son intégration dans le milieu artistique québécois. Sans dénigrer les autres formations de scénographie qu’offrent certains cégeps et l’ÉNT, Claire Renaud juge que l’ÉST de l’UQAM offre un programme plus complet que les autres institutions. « L’École nationale [de théâtre] offre une bonne formation, dans le sens que les étudiants et étudiantes vont se spécialiser dans un poste de production. Les scénographes vont devenir très précis en conception, mais ils ne vont pas savoir construire, par exemple », ajoute celle qui est aussi productrice, autrice et metteuse en scène.  

Après ses études universitaires, Claire Renaud n’a pas eu de difficulté à intégrer le marché du travail. À la fin de son parcours universitaire, elle cofonde avec d’autres étudiants de sa cohorte la troupe Grande Surface, aujourd’hui dissoute. Cette dernière était composée de scénographes et d’interprètes diplômé(e)s de l’ÉST. Aujourd’hui, Claire Renaud s’implique encore au sein de son ancienne université en participant bénévolement à des productions étudiantes. 

Mode d’emploi pour intégrer l’ÉST

Les candidates et candidats souhaitant s’inscrire à la formation en scénographie doivent soumettre un portfolio de leurs œuvres. Par la suite, ils et elles sont convoqué(e)s à une entrevue et doivent se soumettre à des épreuves de dessin. Également, les candidats doivent prouver leurs connaissances, autant en théâtre qu’en culture générale.

Pour la formation en jeu, les comédiens et comédiennes doivent préparer quatre pièces à jouer en duo. D’abord une pièce en français international, et une autre en français québécois. Les candidats et candidates à l’ÉST doivent également prouver leur polyvalence en préparant une pièce dramatique et une comédie. Les personnes auditionnées devront jouer l’une de ces pièces, et parfois, une deuxième. Depuis la pandémie de COVID-19, l’UQAM demande aussi aux candidats et candidates de préparer une production vidéo d’une durée de trois minutes.

Le processus d’admission pour l’automne 2023, entamé le 1er mars dernier, s’est conclu le 29 avril dernier.

Mention photo : Camille Deheane|Montréal Campus

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