L’écrivain et membre de l’Académie française Dany Laferrière était de passage à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) le 12 avril dernier. L’homme de lettres a été nommé parrain des Journées d’étude virtuelles sur les jumelages interculturels et les tandems 2023 du Groupe de recherche sur les jumelages interculturels (GReJI) de l’UQAM.
En dépit de la faible médiatisation de l’événement, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées dans l’agora du pavillon Judith-Jasmin de l’UQAM pour rencontrer le célèbre écrivain. La plupart avaient à la main un ou plusieurs livres de M. Laferrière à faire dédicacer.
Pour l’occasion, la Coop UQAM a mis en vente plusieurs livres issus de l’œuvre de Dany Laferrière, dont ses dernières publications Petit traité du racisme en Amérique (2023) et le roman dessiné Dans la splendeur de la nuit (2022). La coopérative étudiante a donné 10 % des bénéfices issus de la vente des livres de M. Laferrière au GReJI.
Une allocution empreinte de sagesse
C’est la maître de langue et membre fondatrice du GReJI, Marie-Cécile Guillot, qui introduit l’écrivain à l’auditoire. Celle qui occupe le poste de vice-doyenne aux études de la Faculté de communication de l’UQAM ne cache pas son enthousiasme face à la nomination de Dany Laferrière comme parrain des journées d’étude.
Cet enthousiasme est multiplié lorsque Gilda Elmaleh, retraitée de l’UQAM et connaissance de M. Laferrière, prend la parole : « Quoi dire sur cet homme illustre ? », questionne-t-elle avant d’entamer une présentation enflammée de l’académicien. Mme Elmaleh vante l’auteur québécois qu’elle qualifie « d’unique, sage et souriant ». L’ex-responsable des relations avec les diplômé(e)s énumère plusieurs réalisations de Dany Laferrière, telles que son élection à l’Académie française, ses 36 livres publiés entre 1985 et 2022 et son doctorat honoris causa décerné par l’UQAM en 2013.
M. Laferrière, attendant patiemment son tour sur le derrière de la scène, peine à cacher ses émotions pendant la pluie d’hommages que madame Elmaleh lui offre. « Dany est mort », proclame l’écrivain au début de son allocution, causant ainsi un éclat de rire généralisé au sein de la foule. « Avec un tel hommage, je peux mourir demain. De plus, j’ai déjà dépassé l’espérance de vie haïtienne », ironise l’écrivain.
Par la suite, l’auteur de L’énigme du retour a livré un discours limpide abordant notre rapport au temps et à la vieillesse. M. Laferrière aborde l’obsession de la jeunesse en Occident, phénomène auquel il n’était pas habitué à son arrivée en sol québécois en 1976. Il qualifie Haïti d’un « endroit où ne peut exister la jeunesse » en raison de l’instabilité économique qui perdure dans la perle des Antilles. L’écrivain appelle la jeunesse québécoise à protéger les aîné(e)s, ce qui instaurerait « une nouvelle dynamique de société », croit-il.
L’académicien incite également l’auditoire à se surpasser. « Dès que ça va vous dépasser, ça va vous dépasser. […] Pour être humain, on doit surmonter des problèmes surhumains », clame-t-il devant un auditoire enchanté par ses propos.
À la suite de son allocution, l’écrivain participe à une séance de dédicaces. Elle durera près de deux heures, en raison de l’important achalandage et de la générosité de M. Laferrière, qui accompagne chacune de ses autographes d’un dessin. L’agente de Dany Laferrière, Camille Robitaille, confie au Montréal Campus qu’une séance de dédicace à Port-aux-Prince en Haïti aurait duré près de 12 heures, témoignant de la générosité de l’écrivain envers son public.
La mission du GReJI
Nicole Carignan, professeure associée au Département d’éducation et formation spécialisées, fait partie des initiateurs et initiatrices du GReJI. Ce dernier est le fruit d’un partenariat entre l’UQAM et le Collège Vanier à Montréal.
L’objectif de ce groupe de recherche est de jumeler un étudiant ou une étudiante d’origine québécoise avec un semblable d’origine étrangère. Les jumeaux et jumelles échangent alors sur leurs différences culturelles, permettant aux néo-Québécois et néo-Québécoises de mieux s’intégrer à leur nouvelle société d’accueil et aux étudiants et étudiantes d’ici de s’ouvrir à une nouvelle culture. « Beaucoup de participants et de participantes nous ont remerciés de les avoir encouragés à s’ouvrir sur les autres cultures. Certains ont affirmé qu’ils ne l’auraient probablement jamais fait sans cette initiative », affirme madame Carignan.
Au départ, la formation visait essentiellement les étudiants et étudiantes en enseignement afin de les sensibiliser aux différences culturelles. Aujourd’hui, les initiatives du GReJI sont ouvertes à tous et à toutes, et le groupe recense près de 15 000 jumelages culturels depuis le début des années 2000.
Les Journées d’étude virtuelles sur les jumelages interculturels et les tandems sont une initiative du GReJI. Au cours de celles-ci sont organisées des conférences et des activités sur les thèmes de l’ouverture d’esprit et des échanges culturels. Dany Laferrière est le parrain des Journées d’études 2023, qui se tiendront sur Zoom les 25 et 26 mai prochains. Une entrevue filmée de l’écrivain sera présentée le 25 mai afin d’ouvrir les activités.
Mention photo : Nathalie St-Pierre
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