Jongler entre études et engagement social

Ce texte est paru dans le cahier spécial Portraits de l’édition papier du 30 mars 2023

Pour Alexandrine Beauvais Lamoureux, rien ne semble hors limite. Depuis plusieurs années, l’étudiante au baccalauréat en relations internationales et droit international (BRIDI) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) allie, telle une équilibriste, ses implications sociales, ses occupations personnelles et ses études.

Actuellement à la dernière session de son baccalauréat, Alexandrine est en échange à l’Institut d’études politiques de Paris (IEP), communément appelé Sciences Po en France. Ce qui l’a d’abord amenée vers le BRIDI est la « multidisciplinarité » du programme, explique-t-elle en visioconférence avec le Montréal Campus.

« Pouvoir tout faire dans un contexte académique, ça m’intéressait plus que d’avoir à choisir juste une seule discipline », déclare-t-elle. L’année dernière, elle a fait partie de la délégation étudiante de la Faculté de science politique et de droit de l’UQAM, qui a remporté la médaille d’argent lors des Jeux de la Science Politique. Alexandrine a remporté la médaille d’or avec son collègue Félix Beauchemin dans l’épreuve de débat. « J’ai eu la chance de faire l’équipe l’année dernière, ce que j’ai beaucoup aimé, parce que je fais partie de l’ARGUQAM, le club de débat de l’université », ajoute-t-elle.

Combattre les violences sexuelles 

En plus d’étudier à temps plein, Alexandrine est cofondatrice et présidente-directrice générale de Scène et Sauve. Cet organisme à but non lucratif agit pour prévenir les violences à caractère sexuel dans les milieux festifs au Québec, en collaborant régulièrement avec des associations étudiantes universitaires. L’organisme est né en 2022 en partenariat avec SNDCHECK, une entreprise événementielle cofondée par Cédric Comte, étudiant au baccalauréat en administration des affaires à HEC Montréal. En 2022, Cédric a sondé anonymement plus de 350 personnes par le biais d’une étude de marché.

L’une des répondantes a suggéré à l’entreprise de prendre en considération la perspective féminine et d’assurer la sécurité des participantes lors de ses événements festifs.

« La personne suggérait de mettre des sentinelles de façon similaire aux mesures mises en place dans les ligues d’improvisation », explique-t-il. Cette proposition a particulièrement capté l’attention de Cédric. 

Par la suite, ce dernier est entré en contact avec Alexandrine, qu’il connaissait déjà, pour avoir davantage d’informations sur les groupes d’improvisation dont elle faisait partie. Il a alors découvert qu’Alexandrine était l’autrice du message, et il s’est allié avec elle pour fonder Scène et Sauve. Au sein de l’organisme, les sentinelles sont des bénévoles qui agissent en tant que personnes-ressources.

« Ils sont majoritairement étudiants dans des domaines connexes à l’intervention et à la prévention de violences sexuelles, que ce soit en sciences infirmières, en techniques d’intervention ou en psychologie », précise Alexandrine. « La stratégie de Scène et Sauve s’articule en trois temps : avant, pendant et après un événement », détaille la cofondatrice.

L’organisme établit un plan d’action avec les représentants et les représentantes de l’événement pour identifier les facteurs de risques. Par exemple, un couloir mal éclairé et isolé qui mène aux toilettes peut représenter un risque pour une personne intoxiquée.

Alexandrine Beauvais Lamoureux fait aussi partie du Collectif NOUS qui a été mis sur pied lors de la pandémie de COVID-19. Cette initiative vise à sensibiliser la population sur l’enjeu de la santé mentale chez les jeunes. Le collectif souhaite « remettre au centre des préoccupations et du discours public les enjeux de santé mentale des jeunes durant la pandémie », affirme la jeune femme, qui occupe le rôle de porte-parole au sein du collectif.

En 2022, elle a également participé à la création d’un projet de vulgarisation juridique pour le Tribunal administratif du logement. Sur la page Instagram TAL.Québec, l’organisme publie des infographies sur des notions de droit du logement. Selon Alexandrine, il est nécessaire d’apporter des informations pertinentes et claires aux locataires, qui manquent souvent de ressources par rapport aux propriétaires.

S’opposer à l’« apathie »

Selon Alexandrine, il ne faut pas se laisser entraîner par des propos démoralisants ou alarmistes. « Je n’ai jamais été une grande fan du discours dominant qui dit qu’il faut être apathique face à la situation actuelle. Notre génération est confrontée à des défis immenses, [qu’ils soient] environnementaux ou sociaux », souligne-t-elle.

« Il ne faut pas s’asseoir sur nos lauriers ou accepter notre défaitisme. En fait, je pense que la mobilisation sociale a le pouvoir de changer énormément de choses », complète-t-elle. 

En tant qu’étudiante au BRIDI, Alexandrine Beauvais Lamoureux admet qu’une des principales difficultés liées à la conciliation études-implication sociale est la gestion du temps. « C’est un peu devenu un running gag avec mes amis. Je vais avoir un appel et il va falloir que je laisse faire ma soirée pour me concentrer un petit peu sur mes implications. Ça peut être difficile de déconnecter », témoigne-t-elle. 

Silvi Ndrecka, présentement étudiante à la Polytechnique Montréal en génie civil, connaît Alexandrine depuis l’école secondaire. « Elle a toujours eu un horaire chargé », raconte-t-elle affectueusement. Cette dernière souligne aussi les qualités de l’étudiante, comme « sa grande disponibilité » et son « empathie ». « C’est drôle à dire, mais elle arrive à trouver le temps de se libérer malgré tout. C’est ce qui fait qu’elle a un grand impact chez les gens autour d’elle », ajoute Silvi.

« Quand mon échange termine, je m’en vais au Liban. Par la suite, je me dirige vers l’Asie pour voyager », détaille Alexandrine. 

Dans le futur, elle souhaite continuer de travailler dans des domaines multidisciplinaires : « Ce que je faisais au Tribunal du logement, c’était un entrecroisement entre le droit, la communication et les relations publiques. Je pense que c’est un peu la niche que j’aimerais essayer de développer un jour ».

Mention photo : Alice Leblanc

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *