Les universités américaines, entre réalité et fiction

En collaboration avec le magazine à vocation internationale L’Apostrophe, le Montréal Campus vous présente un dossier spécial sur les études postsecondaires au Canada et aux États-Unis. Pour voir tout le contenu de ce dossier, consultez le site Internet du Montréal Campus et celui de L’Apostrophe.

Fraternités et sororités, grandes fêtes arrosées, matchs sportifs à grand déploiement… Plusieurs films et séries ont contribué à propager des stéréotypes entourant les universités américaines. Au-delà des clichés, la réalité des campus aux États-Unis peut s’avérer moins reluisante.

Pour Ariane Archambault, bachelière de l’Université du Québec à Montréal en relations publiques, ce sont la plage et la vie de campus qui l’ont incitée à faire un échange d’une session à la California State University, à San Bernardino. Elle n’y a cependant pas trouvé l’expérience qu’elle recherchait. « Si c’était à refaire, je ne pense pas que j’y retournerais », avoue-t-elle. Son campus, situé loin de la ville, était beaucoup plus calme que ce qu’elle anticipait.

Dès la fin du secondaire, entre 17 et 18 ans, les jeunes Américains et Américaines débutent l’université. « Ça paraissait qu’ils étaient plus jeunes. Ils ne sont pas considérés comme étant majeurs à cet âge, donc c’était plus calme », se souvient Ariane. 

Le stéréotype des étudiants fêtards et des étudiantes fêtardes n’est pas fidèle à la réalité, rapporte l’étudiante. Les universités sont très compétitives et beaucoup de jeunes adultes mettent de côté les soirées. 

Certaines œuvres de fiction dépeignent de jeunes adultes qui se rebellent à leur arrivée à l’université. Selon Marie-Odile Demay-Degoustine, professeure au département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal, ce cliché tire son origine de la culture des banlieues américaines, où les enfants sont souvent hyper protégé(e)s.

Dans les films et les séries, on peut voir cette « rencontre des règles bien établies, un peu puritaines des États-Unis et de ses étudiants qui arrivent en quête de liberté, d’expression personnelle et de créativité », explique-t-elle. 

La crème de la crème

Selon Mme Demay-Degoustine, les stéréotypes véhiculés dans les films et les séries sont surtout associés à la Ivy League. Il s’agit d’un groupe composé de huit grandes écoles, incluant les prestigieuses universités Harvard et Yale. 

La Ivy League est reconnue à travers le globe et continue de représenter l’excellence des institutions académiques des États-Unis. 

Parmi les clichés rattachés aux grandes écoles américaines, leur prix exorbitant et l’impossibilité d’y entrer arrivent en haut de la liste. « C’est très difficile d’accès, ce sont seulement les gens très riches ou ceux qui ont des bourses ou des profils exceptionnels qui peuvent aller dans ces grandes universités », explique Mme Demay-Degoustine. Par exemple, dans la série télévisée Gilmore Girls, la jeune Rory Gilmore peut étudier à l’Université Harvard grâce à ses riches grands-parents, qui payent ses frais de scolarité.

La plupart des universités américaines sont difficilement accessibles. L’Université Harvard affichait en 2021 un taux d’acceptation de 3,19 %, tandis que l’Université Cornell était la plus accessible de la Ivy League avec un taux d’admission avoisinant les 8 %. 

Force est d’admettre qu’étudier dans ces écoles américaines est très cher. Les frais de scolarité moyens frôlent les 60 000 dollars américains (environ 83 000 dollars canadiens) par année. De l’autre côté de la frontière, les Canadiens et les Canadiennes paient en moyenne un peu moins de 7000 dollars canadiens par année. 

En raison des inégalités sociales et économiques, ce ne sont pas tous les Américains et les Américaines qui ont accès aux études supérieures. Pourtant, le mythe du rêve américain persiste, note Mme Demay-Degoustine. Cette idée, répandue dans la culture populaire, promet que quiconque faisant preuve d’assez de détermination peut obtenir ce qu’il ou elle désire. 

Des mascottes et des cheerleaders

Avant d’arriver à l’Université Laval, Ellena Huguet, étudiante en littérature, avait projeté certains clichés des campus américains sur les universités canadiennes. « J’avais l’impression que les campus seraient très grands, avec beaucoup d’étudiants et que ça grouillerait tout le temps de monde », relate l’étudiante française en échange pour quatre mois. Pour elle, la majorité de ces stéréotypes se sont avérés exacts, surtout ceux liés aux événements sportifs.

Aux États-Unis, le sport universitaire occupe une grande place et rapporte beaucoup d’argent aux universités. Les équipes sportives créent un sentiment d’appartenance au sein de la communauté étudiante et montrent une bonne image des établissements. On n’a qu’à penser au Navarro College, une école du Texas de 7000 étudiants et étudiantes qui s’est fait connaître grâce à son équipe de cheerleading dans la série Cheer diffusée sur Netflix.

Cette culture américaine du sport universitaire est présente à plus petite échelle au Canada. « Le premier match de basket que j’ai vu [à l’Université Laval] m’a impressionnée. Il y avait un animateur de foule et des mascottes. [Les joueurs] ont un très bon niveau. Je me suis dit : “wow !” », raconte Ellena. 

L’étudiante a aussi pu vivre l’expérience des résidences de l’Université Laval. Ce type de logement est beaucoup plus répandu aux États-Unis qu’au Canada. En 2018, près du quart des universitaires américains et américaines vivaient sur les campus.

Certains stéréotypes associés aux universités américaines déteignent sur le Canada. L’Université McGill, en raison de sa renommée internationale et de son architecture similaire aux campus américains, est souvent considérée comme la neuvième école de la Ivy league.

Mention photo : Camille Dehaene | Montréal Campus

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