Apaiser son anxiété autrement

Tandis que le quart de la population canadienne vit avec une forme d’anxiété, les solutions de rechange aux médicaments et aux soins de santé mentale pour en calmer les symptômes sont peu documentées au pays. Pourtant, plusieurs membres de la communauté étudiante optent pour ces stratégies, qu’elles soient complémentaires à d’autres traitements ou utilisées seules. 

Samantha Bourgouin a été diagnostiquée d’un trouble d’anxiété généralisée (TAG) à 13 ans. La finissante au baccalauréat en sciences comptables à l’Université du Québec à Montréal a pris la décision de ne pas utiliser de médicaments pour calmer son anxiété. Deux raisons expliquent son choix : « J’ai été diagnostiquée d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité [TDAH] peu de temps après mon TAG, et je prends déjà des médicaments pour mon TDAH. Donc, ils viennent contrôler un peu les symptômes de mon anxiété », explique l’étudiante.

Puis, au fil du temps, la jeune femme a également appris à gérer les symptômes de son anxiété par elle-même, en restant active physiquement. « Je fais du yoga, je m’entraîne et je marche », énumère Samantha, qui ajoute la lecture à sa routine quotidienne pour apaiser ses pensées.  

Quand l’étudiante s’adonne à ses loisirs, elle se sent plus légère, autant dans son corps que dans sa tête. « Mes passe-temps me permettent vraiment de concentrer mon énergie ailleurs que sur mon anxiété. Quand je fais de l’anxiété, c’est comme un poids sur ma poitrine, puis quand je m’occupe, je sens le poids diminuer. Je me sens plus en contrôle », décrit-elle. 

Selon Isabelle Doré, professeure adjointe à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal (UdeM), les bienfaits de l’activité physique sont nombreux. « Sur le plan de la santé mentale, l’activité physique est associée à un bien-être plus élevé, à moins de stress, à moins de détresse psychologique et à moins de symptômes anxieux et dépressifs », détaille l’experte. Elle ajoute que ce n’est pas le type d’activité qui importe, mais plutôt le contexte dans lequel l’activité se déroule. Si celle-ci est associée au plaisir, elle sera assurément bénéfique, soutient la professeure.  

À l’adolescence, Samantha bénéficiait du soutien d’une travailleuse sociale pour son TDAH et pour son TAG. Aujourd’hui, elle ne trouve plus nécessaire d’avoir recours à des soins en santé mentale. Toutefois, cette dernière reconnaît que le manque d’accessibilité aux services en psychologie joue un rôle dans sa décision. Au public, les délais d’attente en psychologie peuvent osciller entre six et vingt-quatre mois dans la province.

S’écouter pour se calmer 

Âgée de 25 ans, Victoria Richard a vécu ses premières crises d’anxiété lorsqu’elle était au cégep. « J’étais anxieuse dans plusieurs sphères de ma vie. Mon anxiété était souvent reliée à la performance, puisque j’étais dans une équipe sportive et que je me mettais beaucoup de pression pour avoir de bonnes notes », témoigne l’étudiante à la maîtrise en ergothérapie à l’UdeM. 

L’outil qu’elle a trouvé pour combattre son anxiété est l’auto-observation. « Quand je faisais une crise d’anxiété, il a fallu que je comprenne que les sensations que je vivais étaient associées à mon anxiété. Dès que j’ai compris, c’était plus facile de faire la part des choses et de me calmer. Avec le temps, c’est devenu moins intense. Aujourd’hui, je fais rarement des crises », détaille la jeune femme. 

Pour Valérie Lamarre, étudiante de 38 ans au baccalauréat en psychologie à l’UdeM, ce sont surtout la pratique de la pleine conscience et le yoga qui l’ont aidée à s’ancrer dans le moment présent. « Grâce à ces outils-là, quand l’anxiété s’empare de moi, ça n’escalade pas. Je suis plus capable de me centrer sur le moment présent. Quand on est anxieux, on est souvent dans le futur », souligne celle qui est également professeure de yoga. 

Depuis un an, Victoria et Valérie aident d’autres jeunes aux prises avec un trouble anxieux en animant un groupe d’entraide destiné aux 14 à 25 ans, tous les mercredis, par la plateforme de visioconférence Zoom. Ces rencontres sont organisées par Phobies-Zéro, un organisme à but non lucratif offrant des ateliers et des outils pour les personnes anxieuses.

Aux yeux de Victoria, les groupes d’entraide peuvent être autant bénéfiques que les médicaments dans la gestion de l’anxiété. Elle ajoute tout de même qu’une méthode n’est pas meilleure qu’une autre : tout dépend de la personne. « Un groupe d’entraide peut t’amener des choses qu’aucun médicament ne va jamais pouvoir te donner. Ça peut t’amener un sentiment d’appartenance dans un safe space [espace sécurisé] », pense-t-elle. 

Samantha Bourgouin croit aussi que les solutions de rechange aux médicaments dans le traitement de l’anxiété devraient être plus encouragées. « Je ne veux pas dire que les médicaments sont mauvais. Ils nous aident, mais ils peuvent avoir des effets secondaires. Puis, ça peut prendre du temps pour trouver le bon médicament, ce qui peut être lourd. Donc, je trouve ça bénéfique de trouver des alternatives », estime l’étudiante.

Mention photo : Lucie Parmentier|Montréal Campus

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