« Désobéir : le choix de Chantale Daigle », un moment historique au petit écran

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier, le premier épisode de la série Désobéir : le choix de Chantale Daigle a été diffusé sur la plateforme Crave. Cette série québécoise relate un jalon important de la lutte pour le droit à l’avortement au Canada.

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Cette citation marquante de Simone de Beauvoir, qui apparaît à l’écran dès les premières secondes de l’épisode, donne le ton sur ce que réserve cette série de fiction inspirée d’une histoire vraie.

Chantale Daigle, une serveuse montréalaise de 21 ans qui souhaite se faire avorter, est emportée dans un torrent médiatique et judiciaire. Tout commence lorsque la jeune femme rencontre Jean-Guy Tremblay en novembre 1988 à Montréal, et c’est le coup de foudre. Le couple de tourtereaux file le parfait bonheur. À peine deux mois plus tard, Jean-Guy demande la main de Chantale.

Le jeune homme commence toutefois à dévoiler ses vraies couleurs : des signes de comportements possessifs et des crises de jalousie naissent au sein de la relation. Le couple sera ensemble pendant seulement sept mois.

Saut dans le temps. On retrouve les personnages principaux à l’été 1989. Chantale Daigle est enceinte de 17 semaines, mais ne désire pas mettre au monde le fœtus. Le couple s’est séparé, mais les causes de la rupture ne sont pas encore dévoilées. La jeune femme qui se trouve à Chibougamau doit obligatoirement changer de région administrative pour procéder à l’intervention médicale, faute de personnel et d’outils disponibles en région. La seule solution qui lui est offerte : se déplacer à Sherbrooke pour subir son avortement.

Enragé, Jean-Guy est à la recherche d’une solution pour que Chantale conserve l’enfant qui grandit dans son ventre. Il et elle se rendront à la Cour suprême du pays pour régler ce conflit.

La série transporte le public à l’époque où le droit à l’avortement venait d’être octroyé aux femmes. En janvier 1988, la Cour suprême du Canada rend un jugement historique : elle décriminalise l’avortement au Canada en s’appuyant sur la Charte canadienne des droits et libertés. 

Une histoire d’ici par des acteurs et actrices d’ici

Réalisée par Alexis Durand-Brault, la série amène un vent de fraîcheur à nos écrans : ce ne sont pas les têtes d’affiche habituelles qui tiennent les rôles principaux. Éléonore Loiselle, qui se met dans la peau de Chantale Daigle, livre une performance touchante en portant à l’écran un amalgame d’émotions. Tristesse, joie, colère et amour sont parfaitement dépeints dans le premier épisode d’une quarantaine de minutes. La performance de Mme Loiselle permet de voir le réel amour qu’avait Chantale Daigle pour Jean-Guy Tremblay, puis sa haine et son dégoût de celui-ci.

Antoine Pilon joue le rôle du conjoint manipulateur et menteur de Chantale Daigle. Il incarne avec précision M. Tremblay : on ne peut s’empêcher de l’aimer lors de sa première apparition, puis de le détester au cours de l’épisode. On voit un Jean-Guy attentionné, galant et amoureux de sa conjointe : au fil des semaines, son masque finira inévitablement par tomber.

La crédibilité des textes est poignante. Le scénario permet aux plus jeunes de connaître l’histoire de Chantale Daigle, réelle figure de proue de la lutte pour lesdroits à l’avortement au Canada. La série fait également comprendre que, malgré des lois qui encadrent les droits des femmes, rien n’est acquis dans la lutte féministe. 

Les cinq autres épisodes de Désobéir : le choix de Chantale Daigle seront diffusés sur Crave chaque mercredi, jusqu’au 12 avril prochain.

Mention photo  : Yan Turcotte

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