Course au rectorat : retour à la case départ

La course au rectorat à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui a débuté le 27 octobre dernier, se solde sans vainqueur. Alors que le mandat de la rectrice, Magda Fusaro, se termine le 7 janvier 2023, le candidat et la candidate qui se proposaient pour prendre la relève n’ont pas obtenu le consensus nécessaire.

Le 14 novembre, journée de désignation du prochain recteur ou de la prochaine rectrice, le comité de sélection a annoncé qu’il ne recommandera ni Jean-Christian Pleau ni Catherine Mounier. Un nouvel appel de candidatures sera lancé. 

Jean-Christian Pleau est le vice-recteur à la vie académique et professeur de littérature à l’UQAM depuis 2004. Catherine Mounier est professeure au Département de biologie depuis 2003 et a déjà occupé le poste de vice-rectrice à la recherche, à la création et à la diffusion.

Le résultat du scrutin qui s’est tenu du 4 au 10 novembre sur Omnivox a été serré : un seul vote a séparé M. Pleau et Mme Mounier. Cette consultation permet aux professeur(e)s, à certaines et certains chargé(e)s de cours, aux cadres, aux syndicats et aux associations étudiantes reconnues de voter pour la personne candidate de leur choix. 

Un grand nombre de votes blancs, soit 29 % des voix, a été observé. Sur les 1419 personnes qui étaient admissibles au vote, seules 58,91 % d’entre elles ont exercé leur droit. Ce faible taux de participation ainsi que les votes nuls expliquent la décision du comité de sélection de ne recommander ni M. Pleau ni Mme Mounier.

Une désignation en plusieurs étapes

Au début du processus de désignation du recteur ou de la rectrice, les personnes proposées par le personnel de l’UQAM passent une entrevue ainsi qu’une évaluation psychométrique. Selon les résultats, le comité de sélection choisit les personnes retenues. Une fois cette première sélection terminée, les personnes candidates ont quelques jours pour se présenter et informer la communauté universitaire de leur vision pour l’UQAM. Elles peuvent continuer leur campagne jusqu’à la fin de la consultation en ligne.

Le résultat du vote via Omnivox n’est pas décisif, mais il peut influencer le choix du comité de sélection. Lors de la dernière désignation, en 2017, plusieurs tours de vote avaient aussi été nécessaires après des consultations peu concluantes, rappelle Geneviève Hervieux, présidente du Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ).

Ce n’est pas tout le monde qui a un poids dans ce vote. Le comité de soutien aux parents étudiants (CSPE) ne possède « aucun pouvoir », déplore Annie Noël de Tilly, coordinatrice du comité. Celui-ci n’est pas sur la liste des groupes consultés, même s’il représente une portion de la communauté étudiante aux besoins distincts et qu’il collabore de près avec le rectorat. 

Une fois la consultation terminée, le comité sélectionne une personne candidate. Celle-ci est recommandée au Conseil d’administration de l’UQAM, qui la recommande au gouvernement du Québec, la nommant officiellement rectrice ou recteur de l’Université.

Mécontentement chez le personnel enseignant

Le 14 novembre, un communiqué diffusé par le Syndicat des professeures et des professeurs enseignants de l’UQAM a dénoncé « le processus archaïque et discriminatoire de consultation au rectorat ». Ce message évoque le peu de pouvoir donné aux chargé(e)s de cours. Ceux-ci et celles-ci ne détiennent qu’une seule voix par département et faculté de l’Université. 

Seul(e)s 51 chargé(e)s de cours peuvent voter, en comparaison avec les 1165 professeur(e)s qui peuvent le faire. Leur poids dans le vote équivaut à moins de 4 %, alors que les chargé(e)s de cours représentent 39 % de l’ensemble des employé(e)s de l’UQAM. Les résultats de la consultation montrent que 60 % de leurs votes sont nuls.

Le 7 novembre, le SPUQ a publié sur son site web un numéro spécial de son bulletin d’information portant sur la course au rectorat. Il y relève le manque de personnes candidates retenues par le comité de sélection, lequel pouvant choisir jusqu’à cinq individus. Dans cette publication, le SPUQ exprime sa crainte de tomber dans un système de gestion non démocratique.

Après la décision du comité de sélection du 14 novembre, le SPUQ a toutefois souligné l’effort du comité qui a « respecté les valeurs démocratiques, l’originalité et la richesse du fonctionnement de notre université ». Le syndicat demande cependant à l’UQAM d’accorder une plus longue période aux personnes candidates pour se présenter et de repousser le vote à la fin de leur campagne.

Mention illustration : Camille Dehaene | Montréal Campus

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